Plus surprenante peut apparaître la place de Metz au premier rang des ports fluviaux céréaliers français. Grâce à des installations portuaires modernes, le port draine aujourd'hui les récoltes de toutes les régions voisines. Preuve que la voie d'eau a encore une utilité économique, ce qui donne tout son sens à la campagne menée par la CCI de Moselle sur le thème : « La Moselle, voie économique européenne ».

Midi-Pyrénées

Plus étendue que la Belgique, la Région Midi-Pyrénées est la plus vaste de France. L'agglomération de Toulouse rassemble 40 % de sa population.

Premier centre européen de l'aéronautique et de l'espace, Toulouse (la seule ville au monde où sont réunies ces deux branches) compte 4 000 personnes employées aux lanceurs Ariane, à la fabrication de satellites et du lanceur Hermès, et plus de 14 000 par les grands avionneurs que sont l'Aérospatiale, Airbus-Industrie, Avions Marcel Dassault-Breguet, etc., sans compter les 500 entreprises de sous-traitance, qui sont souvent des PME disséminées autour de la capitale régionale. Les 9 000 emplois toulousains de l'électronique placent la ville au second rang national de l'industrie de la robotique et de la productique, comme de l'informatique.

Dans le reste de la Région, les problèmes demeurent. La mégisserie du Tarn (75 % de la production nationale) est concurrencée par les productions des pays neufs, le textile de Castres et Mazamet connaît une grave hémorragie d'emplois... et les entreprises de substitution n'arrivent pas. Les emplois créés le sont à Toulouse, qui draine également et de plus en plus les chômeurs de toute la Région ; la ville ne parvient pas à faire face à la demande, et son taux de chômage atteint maintenant 10,7 %, contre 9,8 % pour le reste de la Région Midi-Pyrénées.

Nord-Pas-de-Calais

La Région Nord-Pas-de-Calais possède toujours le plus fort taux de chômage de France (14,25 % de la population active). L'INSEE note que les entreprises industrielles de plus de 50 salariés ont perdu 20 500 emplois en 1987, chiffre qui ne tient pas compte des suppressions d'emplois du BTP, ni des 2 000 emplois perdus dans les charbonnages. Géographiquement, les zones littorales du Dunkerquois (– 17 %) et de Berck-Montreuil (– 16 %) sont les plus touchées. Le plus alarmant est l'accélération de cette hémorragie depuis 1985 ; en quatre ans, 71 900 emplois ont été supprimés, soit près de un sur quatre. Alsthom annonce la fermeture de son usine de Raismes (Nord) pour février 1989 et la suppression de 1 100 emplois. 840 licenciements sont prévus dans les unités de Crespin et de Marly des Ateliers du Nord de la France (ANF).

Dunkerque, qui a perdu 4 000 emplois dans la construction navale et 5 000 dans la sidérurgie, vit à l'heure de la reconversion industrielle. Sur les 300 hectares de la zone d'entreprise, dix sociétés bénéficiant des avantages fiscaux concédés par l'État sont déjà en activité ; vingt-quatre autres ont promis de s'y installer. La firme américaine Cyanamid a renoncé à son projet d'implantation dans la région lyonnaise pour construire son usine de produits phytosanitaires destinés au marché européen. Coca-Cola, voulant profiter des exonérations fiscales, construit l'usine de remplissage de boîtes la plus moderne du monde : à la fin de 1989, 250 personnes rempliront 45 000 boîtes à la minute, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La firme d'Atlanta a amené avec elle un des fabricants de ses célèbres boîtes rouges et blanches, Continental Can, qui prendra possession de ses locaux sur le site de Bergue en 1990.

Plus spectaculaire encore est l'annonce, le 21 novembre, de l'installation du groupe Pechiney à Dunkerque. À partir de 1991, le numéro trois mondial de l'aluminium exploitera une usine d'électrolyse d'une capacité de 200 000 t et d'un coût de 5 milliards de francs. 1 000 emplois seront créés. EDF prend 49 % de la société qui exploitera l'usine (51 % pour Pechiney) et mettra à profit ses excédents de courant pour permettre à Pechiney de bénéficier d'une énergie à bon marché jusqu'en 1997. Tout se passe comme si l'annonce de cette création inaugurait une stratégie de « relocalisation » de l'industrie dans l'Hexagone, alors que, pendant des années, le souci de rentabilité et de compétitivité poussait à la délocalisation.