Les foyers financiers des grands pays industriels sont en train de s'unifier en un seul marché, à l'échelle du monde tout entier. Dans les principaux centres financiers internationaux (New York, Londres et Tokyo), les grands établissements bancaires multiplient les instruments financiers afin d'attirer la clientèle des investisseurs et des sociétés multinationales, tout en cherchant à satisfaire les emprunteurs. Cette mondialisation financière a été facilitée et accélérée par le jeu de la dérégulation (ou déréglementation) adoptée dans presque tous les grands pays industriels (éd. 1986). Sur le plan interne, sont peu à peu supprimées les dispositions qui cloisonnaient les opérations financières, soit géographiquement (aux États-Unis par exemple la plupart des banques devaient se limiter à travailler dans un seul État), soit sectoriellement (les banques de dépôts ne pouvaient jouer le rôle des banques d'affaires et inversement, ou intervenir directement en bourse, etc.). Sur le plan international, les pays qui interdisaient aux agents étrangers d'exercer leur activité sur leur territoire les ont autorisés à s'installer chez eux. À la suite de cette dérégulation à l'échelle mondiale, les frontières entre marchés internationaux de crédits et d'obligations s'effacent, les cloisonnements entre différents intermédiaires disparaissent. Un vaste marché mondial des capitaux est en train de naître où les opérateurs pourront solliciter directement ou simultanément les marchés nationaux les plus actifs, emprunteurs et investisseurs pourront effectuer sur ces marchés des opérations 24 h sur 24 (en continu) sur pratiquement n'importe quelle devise ou n'importe quel titre.

Aussi, dans les principaux centres financiers du monde interviennent des banques universelles agrégeant des filiales spécialisées, banques de dépôts, banques d'affaires et d'investissement, mais aussi maisons de titres, sociétés de courtage, banques de trésorerie, sociétés de placement. Les capitaux propres de ces megabanks sont abondants, la clientèle d'investisseurs et d'entreprises multinationales et les réseaux d'information sont implantés dans le monde entier.

Dans cette mondialisation, l'hégémonie du dollar, l'ampleur des marchés de capitaux américains et leur intégration croissante dans le marché international font de New York le véritable centre mondial de redistribution des capitaux tant pour les titres financiers à court terme (comme le commercial paper) que pour les titres financiers beaucoup plus longs.

Cependant, le rôle croissant de la place de New York sur le plan international n'a pas remis en cause le rôle directeur de la City de Londres pour les opérations internationales, surtout après son ouverture aux innovations financières et technologiques. Avec le Big Bang (ou grand chambardement), une réforme a été engagée à la Bourse de Londres le 27 octobre 1986. Avec cette réforme, les frontières entre les différentes activités boursières et bancaires ont été effacées. Le système de courtage fixe a été abandonné et la Bourse ouverte aux sociétés étrangères. La place de Londres traitera non seulement des actions et obligations britanniques, mais aussi des valeurs mobilières d'autres pays ainsi que celles ayant un caractère international. Il se crée ainsi un marché international où se négocient des valeurs mobilières de n'importe quel pays au coût de transaction le plus faible. En effet, le nouveau marché mondial est très compétitif : une pression permanente sur les marges limite les gains sur les opérations ; mais cette profitabilité réduite est compensée par une croissance en volume et par l'application de nouvelles techniques performantes de gestion internationale, fondées sur l'emploi de l'informatique.

Gilbert Rullière

Agriculture

L'année 1986 a confirmé les tendances qui se manifestent dans l'agriculture depuis le début de la décennie : excès de l'offre sur les marchés internationaux, stagnation de la demande solvable dans les pays en voie de développement, détérioration des revenus agricoles dans les pays industrialisés, permanence de l'insécurité alimentaire dans les pays pauvres.