Le dynamisme de sa Région est réel : c'est la Région la plus industrialisée de France puisque 43 p. 100 de sa main-d'œuvre et de son produit sont d'origine industrielle contre 30 p. 100 dans la moyenne française. Le taux de couverture des importations par les exportations de... 247 p. 100.

Mais les zones d'ombre s'étendent : taux de croissance de la production industrielle inférieur à la moyenne, perte de 4 000 à 5 000 emplois par an depuis cinq ans, fort pourcentage de salariés sans qualification.

Pour réagir contre cette « hémorragie lente », le conseil régional lance un vaste programme de formation. Un plan de modernisation des lycées s'étendant sur quinze ans, avec chaque année 50 millions de crédits régionaux (soit davantage que le volume des crédits d'État transférés), a été adopté.

La Région demande aussi que l'État accepte une décentralisation plus marquée de l'appareil de recherche.

Île-de-France

Mickey va-t-il élire domicile à Marne-la-Vallée, cette ville nouvelle située à 40 km à l'est de Notre-Dame ? Telle était la grande question encore sur toutes les lèvres à la fin de 1986. Une question fondamentale, puisque à la clé de ce gigantesque parc de loisirs miroitent quelque 40 milliards de francs d'investissements, des dizaines de millions de visiteurs français et étrangers chaque année, un coup de fouet extraordinaire pour le commerce, les hôtels, les organisations de congrès, les travaux publics – bref, pour l'emploi. Et, même si le taux de chômage en Île-de-France est très sensiblement inférieur à la moyenne nationale (la région parisienne ne souffre ni de la crise de la sidérurgie ni de celle des chantiers navals ; elle concentre, en revanche, les deux tiers des grands laboratoires, les trois quarts des sièges sociaux des grandes entreprises et d'une façon générale des emplois tertiaires de haut niveau), un tel projet ne peut qu'être favorable à l'activité économique, dussent les agriculteurs de l'Est parisien en souffrir.

Mais les négociations traînent en longueur. Aux questions financières (quels allégements fiscaux seront proposés aux investisseurs américains ?) s'ajoutent des discussions juridiques sans fin : faut-il créer à Marne-la-Vallée un établissement public ad hoc ?) et des craintes d'ordre culturel (la « bonne culture » française va-t-elle résister au rouleau compresseur de l'impérialisme américain ? Le génie français saura-t-il résister aux séductions du « roi dollar » ? Pourtant le président du conseil régional tient à cette affaire comme à la prunelle de ses yeux et il engage toute la région dans la bataille.

Michel Giraud, à la tête de la Région-capitale, défenseur déterminé de la Région devant la montée en puissance des « départementalistes », n'hésite pas à sortir de l'Hexagone. En 1985, il a créé l'association Metropolis, qui regroupe plus de vingt grandes métropoles mondiales. L'Île-de-France a conclu des accords de coopération concrète avec la capitale égyptienne pour l'organisation des transports, avec Shanghaï pour l'urbanisme. En mai 1987, à Mexico, lors du congrès de Metropolis qui sera consacré au logement et à l'urbanisme, d'autres accords seront paraphés.

Urbanisme, transports, cadre de vie, environnement : tels ont les axes forts de la politique de l'Île-de-France. Les Franciliens attendent avec impatience que le gouvernement donne son feu vert à l'autoroute A 14 La Défense-Orgeval, qui pourrait être la première grande opération d'autoroute urbaine à péage financée par des capitaux privés.

Languedoc-Roussillon

C'est l'homme fort du département de France le moins peuplé qui dirige la Région depuis mars 1986. Mais le maire de la plus grande ville, Montpellier – le socialiste Georges Frêche, connu pour son caractère difficile, mais aussi son dynamisme inépuisable et ses succès –, est son adversaire politique et son rival. Les passes d'armes Frêche-Blanc ponctuent régulièrement l'actualité du Languedoc-Roussillon. D'autant que Perpignan et la Catalogne aiment bien que leur « autonomie » soit reconnue, que la Lozère, perchée sur ses montagnes ou blottie dans les gorges du Tarn, ne trouve pas très évidents ses liens avec les cités touristiques de Gruissan ou du Cap-d'Agde.