Lasers, microélectronique, aimants supraconducteurs pour la fusion thermonucléaire... Peu importe finalement que les phénomènes quantiques restent un défi à la logique, puisqu'ils trouvent chaque jour de nouvelles applications.

Nicolas Witkowski

Espace

Dix vols de la navette américaine ont ponctué l'année, portant à 24 le nombre de missions accomplies à l'aide de ce système de transport spatial. Parmi les faits marquants figurent le premier vol purement militaire (24-27 janvier), avec mise sur orbite du satellite d'écoute électronique « Sigint » ; le premier vol de l'astronaute français Patrick Baudry (lors de la 18e mission, du 17 au 24 juin), marqué par la réalisation d'une série d'expériences médicales ; le premier vol avec responsabilité étrangère, la mission allemande Spacelab D1 (30 octobre-6 novembre) ; le premier vol de l'orbiteur Atlantis (3-7 octobre) ; enfin, le premier vol (26 novembre-3 décembre) comportant l'assemblage expérimental de structures métalliques dans l'espace.

Les vols humains soviétiques reprennent le 6 juin, avec le lancement de Soyouz T 13, qui s'amarre le 8 à la station orbitale Saliout 7, inoccupée depuis le 2 octobre 1984. L'équipage, composé de deux vétérans, V. Djanibekov (dont c'est le 5e vol dans l'espace) et V. Savinykh, remet en état la station, à laquelle 2 tonnes de fret (ergols, vivres et matériel scientifique) sont apportées le 23 juin ; un autre ravitaillement est effectué le 21 juillet, à l'aide d'un nouveau type de vaisseau cargo automatique, expérimenté sous le nom de Cosmos 1669. Le 17 septembre, Soyouz T 14 transporte vers la station trois cosmonautes : V. Vassioutine, G. Gretchko et A. Volkov. Le 21 novembre, l'équipage resté à bord de Saliout 7 doit rentrer d'urgence, à la suite d'un grave problème de santé du commandant de bord, V. Vassioutine.

Sur le plan européen, 4 nouveaux tirs de la fusée Ariane sont effectués. Les trois premiers sont des succès, mais le quatrième (15e vol du lanceur, 12 septembre) se solde par un échec, en raison d'une défaillance d'allumage du moteur du 3e étage. Les 30 et 31 janvier, l'Agence spatiale européenne a fixé, pour la prochaine décennie, les orientations de son programme qui sera dominé par la réalisation du lanceur lourd Ariane 5 et de la station orbitale Columbus.

Philippe de la Cotardière

Technologie

Tsukuba, IDS et Eurêka

L'événement technologique de l'année a été l'exposition universelle de Tsukuba, « technopole » située à 60 km de Tokyo. Ceux qui ont vu « Wasubot », l'organiste-robot, jouer en soliste avec l'orchestre national japonais le jour de l'inauguration, ne sont pas près de l'oublier. Doté des derniers perfectionnements en matière d'intelligence artificielle, Wasubot sait lire les notes d'une partition et plaquer – des pieds et des mains – des accords sur un orgue électronique. À Tsukuba, les robots savent entendre, parler, marcher, ou dessiner votre portrait (ressemblant) en trois minutes. Dans cet univers de science-fiction, les écrans de télévision à cristaux liquides – de 2 mètres sur 2, et de 20 cm d'épaisseur – sont presque passés inaperçus.

Devant un tel déferlement de technologie, le titre de l'exposition paraît plutôt anodin : La maison et son environnement. » Mais il est vrai qu'en 1985, et pas seulement au Japon, la robotique « intelligente » a véritablement fait irruption dans notre vie quotidienne. La RATP vient de mettre en service un robot destiné à nettoyer les couloirs du métro. Les hôpitaux, ou les firmes pétrolières utilisent couramment des « systèmes experts » : qu'il s'agisse de prescrire un traitement à un malade ou de débloquer un outil de forage pétrolier, ces programmes informatiques où sont stockées les connaissances des spécialistes savent raisonner, dialoguer avec l'utilisateur et donner au problème la solution la plus adaptée.

Alors que les Japonais s'efforcent de mettre en évidence les retombées bénéfiques de la technologie, le président Reagan fait adopter son projet IDS (Initiative de défense stratégique), vite transformé par les médias en « guerre des étoiles ». L'objectif : développer les moyens technologiques nécessaires pour détruire un missile intercontinental avant qu'il ne touche le sol américain. Essentiellement militaire à l'origine, IDS est une aubaine pour les laboratoires de recherche américains, auxquels reviennent 5 % des 26 milliards de dollars votés par le Congrès... De quoi creuser un peu plus le fossé technologique qui sépare l'Europe des États-Unis et du Japon.