Marianne Guille

Banque

Le début de l'année est marqué par l'accord sur la carte à mémoire. Les banques, la Poste et les caisses d'épargne décident, le 28 février, d'équiper cinq régions (Bretagne, Basse-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Rhônes-Alpes et Provence-Alpes-Côte-d'Azur) de certificateurs. L'installation de ces appareils qui enregistrent les opérations effectuées avec la nouvelle carte sera achevée d'ici à la fin 1986. Cette carte, qui possède un circuit intégré inviolable, remplacera sur tout le territoire les cartes bancaires actuelles, voire même les chèques. Une dizaine de millions de Français posséderont ce nouveau moyen de paiement en 1989.

À plusieurs reprises, Pierre Bérégovoy demande aux banques d'admettre une véritable concurrence. Celles-ci se disent prêtes à respecter les lois du marché, mais n'acceptent pas le dirigisme de fait des autorités de tutelle ; leur compte d'exploitation ne peut faire les frais d'une déréglementation à sens unique qui plafonne les commissions et oublie que la plupart des services bancaires sont rendus à prix nul.

Le 2 septembre, le gouvernement annonce l'introduction du papier commercial (appelé aussi « billet de trésorerie »), grâce auquel les grandes entreprises auront accès au marché monétaire sans passer par les banques. Cette substitution partielle des financements directs aux financements bancaires risque de mettre en cause l'activité des banques et leurs relations avec la clientèle et de créer des distorsions avec les PME qui se financent selon les procédures traditionnelles plus coûteuses.

Le 1er novembre, commence l'unification des systèmes de paiement par carte. Actuellement, 5,6 millions de Français détiennent la carte bleue Visa ou la carte verte. Progressivement, ils la changeront contre une carte unique. C'est la première expérience d'interbancarité au monde.

Les États-Unis ont enregistré plus de cent faillites. Cette épuration du système bancaire américain résulte principalement de la politique de dérégulation entreprise par l'administration Reagan.

Jean-Marc Rouvière

Les marchés financiers

Dans le cadre de la rénovation des marchés financiers, les certificats de dépôts sont créés en mars. Ce nouvel outil de gestion des liquidités d'entreprise renforce la place de Paris. Le mois suivant, le marché des bons du Trésor en compte courant s'ouvre aux fonds communs de placement, qui rejoignent sur ce marché les SICAV court terme. La réforme de l'intermédiation est entreprise à partir d'avril. Elle vise, d'une part, à doter la France de techniques comparables à celles des grandes places internationales et, d'autre part, à accroître le recours des émetteurs aux marchés primaire et secondaire. Trois créations majeures sont envisagées : un marché d'options négociables sur action (prévu pour 1986), un marché à terme d'instruments financiers (le MATIF créé en novembre) et une séance du matin à la Bourse de Paris (pour début 1986). La loi du 11 juillet améliore le financement du logement par la création, en septembre, de la Caisse de refinancement hypothécaire. Depuis le 13 août, les opérateurs sont autorisés à utiliser les options sur devises et sur valeurs mobilières pour couvrir les créances en devises sur l'étranger.

Le ministre de l'Économie et des Finances poursuit sa politique de réforme entreprise en octobre 1984. Ce passage de l'ancien au nouveau système financier est loin d'être achevé.

À la Bourse de Paris, les cours des actions et des obligations continuent de croître. Cette hausse est due en grande partie à la baisse d'activité du marché immobilier. Par ailleurs, la désinflation a augmenté les niveaux des taux d'intérêts réels qui ont fortement attiré les investisseurs étrangers.

À l'étranger, la City de Londres est profondément déréglementée. En 1986, l'accès au Stock Exchange sera ouvert aux banques et aux compagnies financières de toutes nationalités, 1985 a été l'année de la première société d'investissement et de la première émission obligataire.

Jean-Marc Rouvière

L'investissement

L'investissement productif français stagne depuis dix ans et ne semble pas être reparti cette année. Les dépenses productives des entreprises ont reculé de 2,9 % en 1984. Leur comportement n'a été compensé ni par les ménages, dont les investissements ont décliné de 3,9 %, ni par l'administration (– 1,76 %). La situation actuelle est critique : la pyramide des âges des équipements révèle un vieillissement des machines exceptionnel.