Gilbert Rullière

Distribution

Jusqu'en 1985, les grands distributeurs (c'est-à-dire les grandes surfaces de vente, les hypermarchés, les chaînes de supermarchés) se livraient bataille pour contrôler et conserver la plus grande part possible des marchés de consommation. À cet effet, ils multipliaient non seulement les points de vente mais aussi les initiatives propres à attirer vers l'un d'eux les consommateurs (mise en vente de produits libres ou familiaux, promotions d'articles vendus à prix coûtant, etc.). Ils s'étaient efforcés d'offrir des services dans des domaines autres que la vente de produits standardisés (vente alimentaire) : ils ont cherché à améliorer le service rendu au consommateur en matière de paiement (création de cartes accréditives) ; ils ont proposé un service d'assurance à un coût moindre. Avec la baisse de la consommation, la bataille s'est déplacée sur d'autres terrains : rapports entre distributeurs et fournisseurs et application des formules de vente « discount » à d'autres produits.

Dans le domaine des rapports distributeurs-fabricants, les premiers cherchent à extorquer ristournes et avantages aux industriels afin de contenir les prix. Le rapport de force penche en faveur de la grande distribution, du fait qu'elle dispose d'une surface financière considérable liée à la rapidité d'encaissement des recettes-clients et du crédit que les fournisseurs doivent leur accorder malgré eux. En outre, l'apparition de supercentrales d'achat a renforcé la position dominante des grands distributeurs.

Par ailleurs, la grande distribution s'est intéressée, à travers des prises de participation, à l'extension des formules de vente nouvelles à des domaines qui leur avaient échappé jusqu'à présent. Elle a été amenée à intervenir dans le domaine de l'habillement, du bricolage, de la décoration, du sport, de l'horticulture, etc. Dans ce but ont été créés des circuits commerciaux nouveaux, des grandes surfaces de bricolage et de décoration, des chaînes volontaires d'achat et des franchises. Ces secteurs sont contrôlés par des groupes leaders : les grands de l'alimentation contrôlent déjà en France plus de 25 % des grandes surfaces de bricolage.

Gilbert Rullière

L'épargne

Les Français épargnent moins. Depuis l'année record de 1975, le rapport du taux d'épargne globale des ménages à leur revenu disponible brut, qui était de 18,6 %, a chuté progressivement pour s'établir à 13,7 % en 1984. Cette baisse continue en 1985, le ministère des Finances prévoyant un taux annuel de 13,1 %.

Les Français épargnent moins, mais surtout ils épargnent différemment : ils délaissent progressivement l'immobilier et les placements liquides disponibles à tout moment au profit des valeurs mobilières.

L'épargne liquide est de plus attirée vers les SICAV et fonds communs à court terme, dits de trésorerie, qui bénéficient d'un rendement élevé et d'un régime fiscal privilégié.

Aujourd'hui, plus de 10 % des Français possèdent un portefeuille composé d'actions et d'obligations. Ils étaient 7 % en 1978 au moment du lancement des « SICAV Monory ». La tendance a été profitable aux valeurs mobilières, dont la part a grimpé à plus de 25 %, alors qu'elle stagnait entre 5 et 6 % de 1970 à 1975.

Les Français préférant les obligations aux actions, plus risquées, une évolution vers le tout obligataire se produit, qui réduit certes la création monétaire mais n'augmente pas les fonds propres des entreprises. Les ressources drainées ne sont parfois pas plus longues, pas plus stables, mais leur coût est toujours plus important et l'emprunteur doit toujours offrir la même rémunération quels que soient ses résultats. C'est pourquoi l'on a créé les certificats d'investissements ou emprunts participatifs, dont la rémunération est en partie fixe, en partie variable, qui estompent la frontière entre endettement et capitaux propres.

La Caisse des dépôts et consignations, qui recueille les dépôts des caisses d'épargne et consacre l'essentiel de son activité au financement du logement et des collectivités locales, a vu ses ressources diminuer. Son rôle a alors été élargi : elle centralise depuis 1983 l'essentiel de l'épargne liquide collectée dans l'ensemble des réseaux (y compris bancaire pour 50 %) sur le LEP et le Codevi, mais cela ne compense pas la diminution de ses ressources qui s'accentue.