L'accord réaffirme que la retraite à 60 ans est un droit et non une obligation. Il crée par ailleurs une structure financière provisoire, qui devra avoir une durée suffisante d'au moins sept ans. Elle sera financée par un transfert des sommes que l'UNEDIC consacrait précédemment à la garantie de ressources, soit 30 milliards de F.

L'accord du 4 février a été complété le 17 mars par de nouveaux accords sur le taux de rendement des retraites complémentaires, l'extension du nouveau droit aux salariés ayant des carrières incomplètes et un engagement patronal d'harmoniser les régimes de l'ARRCO. Une convention financière a été conclue entre l'État et la structure provisoire.

Jeunes
La formation des 16-25 ans

Selon les objectifs du gouvernement, le plan, arrêté le 2 mars 1983, devrait déboucher sur des actions d'insertion et de formation pour « plus de 670 000 jeunes » de 16 à 25 ans, des crédits étant dégagés pour ajouter 150 000 places aux 520 000 pour lesquelles le financement avait été prévu par le budget de 1983. Ces 150 000 places supplémentaires se décomposeront en 40 000 formations techniques dans des établissements de l'Éducation nationale, 100 000 nouveaux contrats emploi-formation et 10 000 stages supplémentaires de formation professionnelle.

À l'issue d'une table ronde avec les partenaires sociaux, Jack Ralite, ministre de l'Emploi, a relevé la barre des contrats emploi-formation en indiquant que de nouvelles formules proposées devaient bénéficier à 200 000 jeunes. Sur la base d'une aide à l'entreprise de 46 F par heure de formation, trois formules sont proposées :
– le contrat emploi-adaptation (à la pratique professionnelle et au milieu du travail) ;
– le contrat emploi-formation (favoriser l'insertion professionnelle dans l'emploi occupé et permettre l'acquisition d'une qualification professionnelle) ;
– le contrat emploi-orientation (participer pendant le temps de travail à des séances d'évaluation et d'orientation organisées par l'ANPE et l'Association pour la formation professionnelle des adultes).

Jeunes sans travail
Plus de 40 % des chômeurs

Le chômage ne touche que 8 % environ de la population active globale de la zone OCDE, mais les moins de 25 ans « actifs » connaissent actuellement un taux de chômage de 18 %. Parmi les grands pays industrialisés, l'Italie (34 % de moins de 25 ans à la recherche d'une situation ou bien souvent d'un premier « job ») et l'Espagne (43,5 %) sont les plus touchées par cette crise de l'emploi.

La France, malgré la signature de nombreux contrats emploi-formation et autres pactes pour l'emploi, n'est pas épargnée par ce véritable fléau qui empoisonne la vie scolaire et universitaire de millions de garçons et de filles. En 1983, 24 % des jeunes de moins de 25 ans étaient touchés par ce que certains appellent le « surchômage ».

Le fait que les jeunes connaissent des périodes de chômage plus courtes en moyenne (8,5 mois pour les garçons et 11,9 mois pour les jeunes filles, contre 11,6 mois pour les adultes hommes et 14 mois pour les femmes de plus de 25 ans) que le reste de la population active n'est qu'une mince consolation. Les jeunes Français supportent de plus en plus mal de constituer le gros bataillon (40 % environ) des demandeurs d'emploi, alors qu'ils ne représentent que 27 % de la population dite « active ».

Michel Noblecourt

Protection sociale

La recherche d'une réforme

Rarement une institution n'aura fait appel pour parler d'elle à autant d'images. La Sécurité sociale ? C'est le tonneau des Danaïdes, disent les uns ; c'est la grenouille de la fable de La Fontaine qui voulait se faire aussi grosse que le bœuf, répliquent les autres... Inévitablement les efforts de tous les gouvernements qui se sont succédé ces dernières années pour juguler la croissance infernale des dépenses de Sécurité sociale font penser à ceux de Sisyphe, qui, lorsqu'il avait roulé sa pierre jusqu'au sommet de la montagne, redescendait aussitôt entraîné par elle...

Incurable, la Sécurité sociale ?

Au début de 1983, à en croire le rapport de la commission des comptes de la Sécurité sociale, le régime général avait connu en 1981 un déficit de 6,6 milliards, dû au déséquilibre financier de chacune de ses branches. En 1982, le déficit du régime général n'était plus que de 2,5 milliards, la maladie se trouvant en excédent. En 1983, on annonçait, à la fin de l'année 1982, un quasi-équilibre, le déficit n'étant plus que de 168 millions. Mais, dès le mois de mars, le gouvernement et en particulier Pierre Bérégovoy, ministre des Affaires sociales et de la Solidarité nationale, durent revoir de telles prévisions. On constata alors que 1982 s'était achevé avec un déficit du régime général de 5,6 milliards (3 de plus que prévu) et que les prévisions pour 1983 auguraient un déficit de 4 à 9 milliards, soit un besoin de financement 1981-1982-1983 de l'ordre de 17,2 milliards.