Classement
1. Enke (DDR), 167,655 pts ; 2. Petruseva (SU), 167,875 pts ; 3. Rothenburger (DDR), 169,580 pts.

Alain Billouin

Rugby

Béziers retrouve son titre

Le tournoi des Cinq-Nations 1983 est marqué par la renaissance de l'équipe de France et le maintien de l'Irlande. Les Français, avec un pack renforcé par la promotion de Condom et d'Orso, le retour d'Imbernon et de nouveaux ailiers (Estève, Sella), produisent un rugby très complet. Le match perdu de peu à Dublin les prive du grand chelem. Au championnat de France, Béziers obtient un dixième titre pour la neuvième fois en douze ans, en battant (14-6) Nice, nouvelle force du rugby français. La finale est gâchée, car des centaines de supporters biterrois envahissent le terrain du Parc des Princes dix minutes avant la fin du match.

La tournée du XV de France en Afrique du Sud, prévue pour juin 1983, provoque, le 7 avril, une déclaration officielle du gouvernement interdisant toute relation entre les équipes amateurs françaises et les sportifs sud-africains. Cette prise de position est mal acceptée par la Fédération française de rugby. L'opinion publique ne comprend pas que l'on interdise aux amateurs de rugby ce que l'on autorise aux professionnels de sports individuels.

Au cours d'une conférence de presse donnée à Paris en décembre 1982, par Juan Antonio Samaranch, président du CIO, Nelson Paillou, président du CNOSF, déclarait que la tournée de l'équipe de France en Afrique du Sud pouvait compromettre la candidature de Paris à l'organisation des jeux Olympiques de 1992. La FFR décidait néanmoins de ne rien changer à son programme.

Edwige Avice, ministre du Temps libre, de la Jeunesse et des Sports, présente le 7 avril 1983 à la presse son projet de loi sur le sport et annonce la rupture quasi totale des relations sportives avec l'Afrique du Sud. Cette mesure gouvernementale concerne tous les sportifs français à l'exception des professionnels, notamment pilotes automobile et moto, joueurs de golf et de tennis, qui pourront continuer à se rendre en Afrique du Sud à titre individuel pour respecter la liberté du travail.

Albert Ferrasse, président de la FFR, fait la sourde oreille et attend un ordre précis. Le 18 avril, l'Équipe publie un sondage effectué parmi ses lecteurs : 85 % de ceux-ci sont opposés à l'interdiction gouvernementale. Le même jour, Edwige Avice reçoit une délégation de la FFR dirigée par son président Albert Ferrasse et confirme l'interdiction. Le lendemain, à la suite d'une réunion exceptionnelle, le Comité directeur de la FFR demande l'arbitrage du président de la République qui, vingt-quatre heures plus tard, confirme par lettre la position officielle. « La décision de demander l'annulation de la tournée de l'équipe de France en Afrique du Sud prévue par la FFR a été prise par le chef du gouvernement dans l'exercice de ses fonctions et ne saurait être remise en cause. »

Albert Ferrasse obtient le 28 avril une entrevue avec le président de la République, mais celui-ci ne revient pas sur la décision prise.

Henri Garcia

Roger Couderc : allez les petits !

Le rugby, c'est lui. Enfin presque. Alors, ce 19 mars 1983 marque une date historique. Roger Couderc commente, ce jour-là, son dernier match international de rugby à la télévision, France-Galles, qui clôture le tournoi des Cinq-Nations. La retraite s'ouvre désormais devant cet homme jovial et chaleureux de 65 ans, qui, sous sa casquette, restera pour tous les téléspectateurs de l'Hexagone, « le seizième homme du quinze de France ».

Roger Couderc, phénomène de popularité, reporter passionné et même supporter, fait vibrer les foules depuis 25 ans pour un sport qui n'avait jamais débordé les frontières traditionnelles de son fief du Sud-Ouest. Fébrile, angoissé quand le quinze de France se voit menacé par l'équipe adverse sur les pelouses de Colombes, du Parc des Princes, de Twickenham, de Murrayfield, de Dublin ou de Cardiff, il exulte quand les lignes arrière tricolores amorcent une attaque de haute volée. Il ne commente pas. Il vit le match au milieu des gaillards de Narbonne, de Toulouse, de Béziers, d'Agen, lâchant, au détour d'une mêlée particulièrement ardente, un « Allez les petits ! » qui a crevé le petit écran du bord de tous les terrains de rugby du monde. Dans l'élan spontané de Couderc, des millions de téléspectateurs français ont mordu au rugby.