L'Inde a extrait en 1982 pour près de 100 milliards de francs de produits miniers de son sous-sol, devenant ainsi la 13e puissance minière mondiale, aux côtés de l'Afrique du Sud. L'économie indienne est une économie de pénurie, peu ouverte sur le monde, dont la progression est importante, mais qui demeure handicapée par la croissance de la population. Au cours des vingt dernières années, l'augmentation de la production alimentaire (2,3 %) est à peine supérieure à celle de la population (2,2 %).

Il faut à l'Inde tout le prestige d'I. Gandhi pour que le gouvernement conserve son autorité. Ce prestige sort renforcé de la conférence des pays non-alignés, que l'Inde accueille en 1983 et qu'I. Ghandhi préside.

Paul-Marie de La Gorce

Japon

Un pays prospère mais inquiet

Gêne par des mesures de rétorsion commerciales occidentales, menacé par une tension internationale de plus en plus aiguë, le Japon est amené à resserrer plus que jamais, en 1983, ses liens avec le grand allié américain, pour protéger sa croissance économique, exceptionnelle dans un monde secoué par la crise.

La bonne santé de l'économie japonaise résulte, selon le rapport de l'OCDE d'août 1983, de l'élimination des capacités excédentaires dans les industries en difficulté, de la promotion des industries à fort rendement et à technologie avancée, de la modernisation et de la rationalisation des PME, d'une moindre vulnérabilité aux fluctuations pétrolières, de la grande adaptabilité et de la discipline des partenaires sociaux.

Tout comme ses partenaires occidentaux, le Japon connaît des difficultés engendrées par la crise mondiale ; mais il semble mieux y résister. La balance commerciale enregistre un excédent record : 2,85 milliards de dollars contre 1,27 l'année précédente. Cet excédent est obtenu grâce à la hausse des exportations, qui s'élèvent à 12,61 milliards de dollars contre 9,76 milliards d'importations, soit 5,5 % de plus. Les principaux partenaires sont toujours les États-Unis (3,69 milliards de dollars), la CEE (1,64 milliard) et le Sud-Est asiatique (2,92 milliards).

Le Japon conclut un certain nombre d'accords avec les sociétés étrangères. Dans le secteur automobile, Toyota et General Motors décident une production commune ; Honda et British Leyland fabriquent une grosse cylindrée ; Mitsubishi et Hicom s'entendent en Malaisie pour construire 90 000 unités en 1986. Par ailleurs, Mitsubishi et IBM décident de coopérer pour la production d'ordinateurs, Hitachi monte en Allemagne une usine de production de 5 000 magnétoscopes par mois, 10 000 par mois prévus en 1986.

La percée japonaise sur le marché international s'accentue en 1983. Ses exportations globales de circuits intégrés enregistrent une hausse de 54 %, rapportant plus de 770 millions de dollars. Avec les États-Unis, les exportations japonaises augmentent de 66,5 % contre 17 % d'importations. L'électronique japonaise représente 45 % du marché français et 6 milliards de F. On comprend donc que Paris réagisse par le maintien des mesures protectionnistes vis-à-vis des montres à quartz et des magnétoscopes, jusqu'à ce qu'intervienne l'arbitrage du GATT sollicité par Américains et Européens.

Le gouvernement japonais tente alors de rassurer ses partenaires, sans renoncer pour autant à la recherche de nouveaux marchés extérieurs. Dès le 3 janvier, le ministre des Affaires étrangères, Shintaro Abe, rencontre les représentants de la CEE et affirme son intention de « convaincre les pays européens du sérieux des mesures prises par le Japon pour faciliter l'accès des produits étrangers et obtenir en contrepartie le maintien du libre-échange et le rejet du protectionnisme ». Mais les milieux européens restent sceptiques.

Le calendrier et l'itinéraire de S. Abe en Europe ne laissent cependant aucun doute sur l'importance de l'enjeu. Il se rend successivement à Bruxelles, à Londres, à Bonn, à Paris, où il est reçu par F. Mitterrand le 6 janvier, et enfin à Rome.

Il confirme la décision du gouvernement japonais de réduire ou supprimer les droits de douane sur 86 articles, d'augmenter les contingents d'importation pour certains produits agricoles et d'envisager un ensemble de mesures incluant entre autre l'allégement des processus de vérification à l'importation.