Alors que certains membres du gouvernement, de la magistrature et des députés voudraient ouvrir un dialogue (mais avec qui ? le Sentier lumineux refusant tout contact), le président Belaúnde renforce progressivement les pouvoirs de l'armée, comme en 1968, quand il dut l'appeler pour combattre la guérilla du MIR : après avoir éliminé les révolutionnaires, l'armée s'était emparée du pouvoir.

La situation est d'autant plus grave pour le régime démocratique péruvien que les tensions sociales renforcent les clivages politiques. Aux effets des catastrophes naturelles (inondations, en début d'année, dans le Nord ; sécheresse persistante dans le Centre et le Sud) s'ajoutent, dans ce pays déjà pauvre et déséquilibré, ceux du plan d'austérité négocié avec le FMI pour rééchelonner l'importante dette extérieure. Le gouvernement doit donc faire face à l'hostilité croissante des syndicats et de la gauche, dont il a pourtant besoin, aujourd'hui, face à la guérilla, peut-être demain face à une partie de l'armée.

Jean-Louis Buchet