Cependant, deux nouvelles font naître l'euphorie : la médaille d'or remportée aux championnats du monde d'Helsinki par E. Coghlan (5 000 m) et la découverte au cours de l'été de ce qui semble bien être un très important gisement d'hydrocarbures offshore, à seulement 260 pieds de profondeur dans une baie abritée à quelque 20 miles au large de Waterford. Outre une spéculation effrénée sur les actions des compagnies intéressées, cette dernière nouvelle redonne aux Irlandais une confiance en l'avenir qu'ils étaient sur le point de perdre.

Pierre Joannon

Italie

Les socialistes au pouvoir

L'année 1983 restera dans les annales de la politique italienne celle de l'arrivée au pouvoir de Bettino Craxi, le premier socialiste à la tête d'un gouvernement.

Le 3 août 1983, un peu plus d'un mois après les élections législatives anticipées, le secrétaire général du PSI Bettino Craxi forme le premier gouvernement de la législature. Les socialistes ont atteint enfin le but qu'ils poursuivaient depuis trois ans, encouragés par les excellents résultats obtenus aux élections administratives de 1980 et 1981.

Depuis, le PSI a le vent en poupe. Cependant, les scandales politico-financiers (les plus récents éclaboussent des autorités locales PSI à Turin et sur la côte ligure) ne peuvent, à la longue, qu'affaiblir ce parti relativement petit (10 % des voix en 1979, 14 % en 1980, 11,4 en 1983). Un parti qui se considère au même niveau que les deux grands, Démocratie chrétienne et parti communiste. Dès lors, toutes les occasions sont bonnes pour tenter de faire chuter les gouvernements successivement présidés par le républicain Spadolini et le démocrate-chrétien Fanfani, mais comprenant notamment des ministres socialistes.

Défaite de la DC

B. Craxi déclare en avril 1983 qu'il ne soutiendra plus le gouvernement Fanfani, de plus en plus fragile, qui ne survit plus qu'à coups de votes de confiance. A. Fanfani doit se rendre à l'évidence et ne peut que présenter sa démission. La majorité n'existe plus. Bien qu'à contrecœur, le président de la République, Sandro Pertini, est obligé de dissoudre les Chambres. Les élections anticipées sont décidées. Elles doivent se tenir en même temps que des administratives partielles, prévues pour le 26 juin. Les socialistes ne font pas un score très brillant (11,4 %). Mais, pour eux, la défaite de la Démocratie chrétienne — qui recule de 38 % à moins de 33 % — est déjà une victoire.

Cette chute de la DC n'avait été prévue par aucun sondage électoral. Pour le nouveau secrétaire de la DC, Ciriaco de Mita, qui avait misé sur le renouveau d'une Démocratie chrétienne fortement compromise par mille scandales, c'est, pratiquement, une défaite personnelle. Le parti communiste, également contre toute attente, se maintient aux environs de 30 %, un résultat considéré comme une victoire par un parti qui s'attendait au pire. Enfin, les petits partis gagnent pratiquement tous des voix, y compris le néofasciste MSI, qui semble avoir recueilli en partie les votes des mécontents.

Les mécontents sont en effet nombreux : 17 % de l'électorat ne se sont pas présentés aux urnes ou ont remis un bulletin blanc. Pour l'Italie, où la participation aux élections est toujours très forte, c'est un taux d'abstention inquiétant. À chaque consultation électorale, les Italiens semblent plus sceptiques face au monde politique.

Inflation, chômage et déficit

Étourdie par sa défaite, la DC, bien qu'elle demeure le parti numéro un de la politique italienne, doit s'incliner devant les exigences socialistes et accepter de céder la présidence du gouvernement à Bettino Craxi, qui, de son côté, admet de retrouver ses partenaires de la législature précédente. Il forme un gouvernement à cinq avec les démocrates-chrétiens, les républicains, les sociaux-démocrates et les libéraux. Les communistes, quant à eux, se replient dans une opposition rigide, après avoir, en vain, tendu la main aux socialistes — notamment au cours du congrès du PCI de mars 1983 — en leur proposant une alternative de gauche, numériquement possible mais inacceptable pour les socialistes trop faibles par rapport au PCI.