B. Craxi instaure un nouvel organe : le Conseil du cabinet ; il s'agit d'un groupe restreint de 9 ministres où sont représentés tous les partis gouvernementaux. En outre, B. Craxi s'entoure de personnalités importantes. Trois anciens chefs du gouvernement font partie de son gouvernement : G. Spadolini à la Défense, A. Forlani à la vice-présidence du Conseil et, surtout, G. Andreotti aux Affaires étrangères.

Les socialistes ont pris les rênes du pouvoir à un moment particulièrement difficile, notamment sur le plan économique. L'Italie se trouve, comme tous les autres pays occidentaux, dans une phase de forte récession. Mais, contrairement à ses voisins, elle ne parvient pas à juguler une inflation qui, en été 1983, s'élève toujours à 15 %, tandis que le chômage approche les 10 %. Le déficit du secteur public atteint, lui, des chiffres de plus en plus vertigineux : 100 000 milliards de lires (septembre 1983), soit le double du déficit prévu.

Amorcé en octobre 1982, le renouvellement des conventions collectives pour 14 millions de travailleurs s'achève, enfin, le 1er septembre 1983, avec la signature du contrat de la métallurgie ; comme pour l'accord national du 22 janvier 1983, la médiation du gouvernement est nécessaire, ce qui témoigne de l'affaiblissement du pouvoir syndical.

Régression du terrorisme

Si l'économie est toujours dans une situation critique, l'autre grand problème de ces dernières années, le terrorisme, n'est plus aussi virulent, bien que des attentats d'extrême gauche et d'extrême droite ternissent régulièrement l'actualité. 1983 est avant tout l'année des procès. Procès Prima Linea, procès Tobagi, procès du 7 avril surtout, procès Moro, qui s'achève fin janvier, avec la condamnation à la détention perpétuelle de 32 brigadistes rouges. Il faut noter, néanmoins, que l'affaire Moro demeure encore mystérieuse sous de nombreux aspects. On ignore, par exemple, où se trouvait la prison du leader démocrate chrétien assassiné par les BR. Et on ne connaît que les exécutants de ce grave épisode du terrorisme italien.

Fin février s'est ouvert le procès du 7 avril, où sont jugés des membres de l'autonomie ouvrière, arrêtés le 7 avril 1979. Parmi ceux-ci, le professeur Toni Negri, théoricien de l'autonomie, accusé, entre autres, d'« insurrection armée contre les pouvoirs de l'État », d'un enlèvement et d'une série de hold-up destinés à financer les groupes terroristes. Pour sensibiliser l'opinion publique au problème des détentions préventives (en raison des lois spéciales sur le terrorisme, celles-ci peuvent se prolonger jusqu'à 11 ans), le parti radical a inscrit Toni Negri sur ses listes de candidats à la Chambre aux élections de juin. Élu, le professeur Negri s'est retrouvé libre après quatre ans de détention préventive. Mais le Parlement lève le 21 septembre son immunité et un mandat d'arrêt est aussitôt lancé contre lui.

De nombreuses inconnues persistent, donc, pour le terrorisme d'extrême gauche. Mais la situation est encore plus confuse du côté de l'extrême droite : tous les inculpés pour l'attentat contre le train Italicus (août 1974) ont été acquittés à la fin du procès, le 20 juillet 1983, pour insuffisance de preuves. Plus de 2 000 terroristes demeurent en prison. Certains ont été jugés, d'autres attendent encore leur procès... Le repentir est contagieux et les langues se défont. Mais les points d'interrogations restent innombrables.

L'évasion de Licio Gelli

Plus sanglant et plus impuni encore que le terrorisme politique, celui qu'exerce la « nouvelle » mafia, dont la principale activité est le trafic international de la drogue. Parmi les victimes, en 1983, deux juges particulièrement engagés dans la lutte contre la mafia : le 25 janvier, un juge de Trapani, Giangiacomo Ciaccio Monsalto, le 29 juillet, un juge de Palerme, Rocco Chinnici. Même si les arrestations, là aussi, se multiplient, la mafia apparaît encore toute-puissante et loin d'être vaincue par la justice. La situation est moins florissante pour la mafia napolitaine, la camorra, qui a fait l'objet, en juin 83, d'un spectaculaire coup de filet de la police : plus de 600 arrestations. Parmi les inculpés, des personnes au-dessus de tout soupçon, comme le très populaire journaliste et animateur de télévision Enzo Tortora, accusé d'être mêlé aux trafics de drogue. Une arrestation qui a profondément choqué les Italiens.