C'est ainsi qu'en avril le colonel Seyni Kountche affirme qu'un commando d'une quinzaine de Touareg (Journal de l'année 1980-81), en provenance du Mali, mais opérant en coopération étroite avec Abdoulaye Diori, fils de l'ancien président écarté du pouvoir en avril 1974, a été arrêté. Or, pour les Nigériens, c'est essentiellement à partir de Tripoli et de Kano au Nigeria qu'Abdoulaye Diori encourage les tentatives de déstabilisation de la junte nigérienne.

Turbulence

De leur côté, les étudiants, lycéens et élèves de la capitale, ainsi que ceux de Zinder et de Maradi témoignent d'un regain de turbulence. À l'occasion du 23e anniversaire de l'indépendance, S. Kountché dénonce en décembre 1981 « les manœuvres connues d'agitateurs sournois ». Et, en mai 1982, quelques jours avant la visite officielle de Mitterrand, le président nigérien réussit, en alliant sévérité et conciliation, à dissuader les étudiants de Niamey de descendre dans la rue lors du séjour du président français.

La production nigérienne d'uranium augmente, tandis que les cours mondiaux restent bas. Le Niger est en voie de devenir le premier producteur d'uranium d'Afrique noire et le quatrième du monde. Une troisième société — la société minière de Tassa N'Tagalghe — est en voie de constitution avec l'aide du Koweït ; les exportations de minerai à destination de l'Iraq et de la Libye se développent.

Cependant, les fluctuations des cours de l'uranium compromettent la réalisation des projets de développement d'un État dont tout le monde souligne pourtant la saine gestion financière. La réapparition de la sécheresse, notamment dans l'est du pays, aggrave une situation économique déjà difficile.

Le 29 janvier 1982, meurt Boubou Hama — ancien président de l'Assemblée nationale, ancien chef de file du parti progressiste, dissous en avril 1974 — écrivain fécond, considéré comme l'un des grands dépositaires de la tradition orale dans l'Ouest africain.

Nigeria

Lagos. 80 000 000. 69. 3,2 %.
Économie. PIB (77) : 717. Productions (75) : A 26 + I 44 + S 30. Énerg. (80) : 144. CE (77) : 24 %. P (75) : 186.
Transports. (74) : 785 M pass./km, 972 Mt/km. (*78) : 115 400 + 65 400. (*80) : 498 000 tjb. (78) : 681 pass./km.
Information. (76) : 19 quotidiens ; tirage global : *527 000. (76) : *5 100 000. (76) : 105 000. (77) : 128 000.
Santé. (76) : 4 876.
Éducation. (73). Prim. : 4 889 857. Sec. et techn. : 568 303. Sup. (75) : 32 971.
Armée.  : 156 000.
Institutions. État fédéral indépendant le 1er octobre 1960. République proclamée le 1er octobre 1963. Nouvelle Constitution. Chef de l'État et du gouvernement : Alhaji Shehu Shagari, élu le 16 août 1979 ; succède au général Olusegun Obasanjo, qui lui remet le pouvoir le 1er octobre 1979, mettant fin à treize ans de régime militaire.

La crise économique risque de mettre la démocratie à l'épreuve

Shehu Shagari prend les pleins pouvoirs en avril 1982 pour faire face à une situation économique très difficile. La baisse continue des prix du pétrole a eu des conséquences désastreuses sur l'économie nationale, qui repose presque exclusivement sur cette ressource. Le déficit commercial mensuel de la fédération atteint, dès cette époque, l'équivalent de 1 milliard de dollars.

Or, pour ses dépenses extérieures, l'État nigérian dépense mensuellement le double ; il doit donc réduire brutalement son train de vie de moitié. Les importations sont étroitement contingentées, tandis qu'une lutte sévère est engagée contre la contrebande, particulièrement active avec le Cameroun et le Niger. La mise en route des projets d'exploitation du gaz naturel et de liquéfaction de ce produit est différée.

Graciés

Le FMI précise, en juin 1982, que le gouvernement de Lagos a retiré 471 millions de dollars de ses réserves et 256 millions de dollars en droits de tirage spéciaux ; le Nigeria, qui n'a jamais emprunté d'argent au FMI, envisage sérieusement de recourir à son concours.

Heureusement, la démocratie parlementaire, rétablie le 1er octobre 1979 (Journal de l'année 1979-80), résiste à l'épreuve, bien que, après la rupture de la coalition avec le parti populaire (NPP), le parti national (NPN) — parti du chef de l'État — cherche surtout à pousser ses avantages. Mais, en réalité, chacun réserve ses forces pour les élections générales de 1983. Un complot est découvert en février 1982, dans lequel sont impliqués des officiers et un homme d'affaires, décidés à renverser le régime civil.