Mais les résultats sont toujours aussi minces. Il semble même que, dans la plupart de ces pays, la lutte antireligieuse se renforce, comme en témoigne en URSS l'arrestation des prêtres orthodoxes Dimitri Doudko et Gleb Yakounine. Pour les catholiques, c'est surtout en Tchécoslovaquie que se multiplient les persécutions. Le 10 septembre 1979, la police secrète a perquisitionné au domicile d'une quarantaine de chrétiens, prêtres et laïcs. Plusieurs sont inculpés, notamment pour avoir diffusé illégalement des ouvrages religieux ou imprimé des textes du Concile et du synode des évêques de 1977. La curie généralice des jésuites à Rome indique en février, dans un communiqué, que la Tchécoslovaquie « continue à employer tous les moyens possibles pour entraver, réprimer et réduire toujours davantage les libertés fondamentales des catholiques ». La curie des jésuites se déclare préoccupée pour la vie du père Oskar Formanek, arrêté pour avoir célébré la messe dans une maison devant quelques fidèles et qui, après une série d'interrogatoires, a dû être hospitalisé dans « un grave état de choc ».

En décembre est publié un appel lancé par des Roumains appartenant à l'Église gréco-catholique, supprimée en 1948. Il précise : « Les évêques et bon nombre de prêtres sont incessamment molestés, objet d'enquêtes, terrorisés, menacés, poursuivis et surveillés. Il leur est défendu de contacter des croyants, de catéchiser, d'avoir une activité, de correspondre avec le Vatican. »

Seul pays à connaître une relative détente : la Pologne (où, signe des temps, le nombre des vocations sacerdotales ne cesse de croître : 5 058 séminaristes en 1977, 5 325 en 1978, 5 845 en 1979). Un vif conflit avait éclaté au sujet d'un projet gouvernemental de construction d'un carrefour autoroutier au pied du monastère de Jasna Gora, sanctuaire de la Vierge noire de Czestochowa, projet qui aurait eu pour effet d'empêcher les grands rassemblements de pèlerins. L'épiscopat avait organisé, en signe de protestation, une journée de prières. De façon significative, le gouvernement a cédé, le 8 février, à la veille du congrès du parti.

Protestants

L'unité interne du protestantisme ne progresse pas au cours de cette année. Tout au plus une sensibilité commune aux diverses confessions s'affirme-t-elle face à certains faits et actes de l'Église romaine.

À plusieurs reprises, tant dans les milieux protestants du Conseil œcuménique des Églises que parmi les dirigeants de la Fédération protestante de France, on souligne des inquiétudes ou des craintes devant le renouveau du dogme mariai dans le catholicisme, la réaffirmation du magistère épiscopal et papal face à des théologiens en recherche comme Jacques Pohier et Hans Kung, un certain culte de la personnalité du souverain pontife également.

Luthériens

Retour aux sources pour les Églises luthériennes : à l'occasion du 450e anniversaire de sa publication par Melanchthon, la Confession d'Augsbourg, un des documents majeurs de la Réforme, est rééditée, étudiée dans les diverses communautés et Églises, ce qui donne lieu à des manifestations religieuses et historiques.

La déclaration commune signée par la Commission internationale pour le dialogue entre l'Église catholique et le luthéranisme (approuvée le 23 février 1980 à Augsbourg) donne le ton des nombreuses réactions qui se font jour : si certains éléments de la Confession sont dépassés parce qu'ils ne se posent plus dans le même contexte historique (par exemple, la condamnation des abus de l'Église romaine et celle du monachisme), le texte exprime fondamentalement l'ensemble des vérités acceptées par tous les chrétiens ; mais les Églises ont vécu séparément depuis 1530, et la Confession d'Augsbourg n'est pas la seule à exprimer la foi luthérienne ; enfin, des développements dogmatiques ont surgi dans les confessions — pour l'Église romaine : les dogmes de l'Immaculée Conception, de l'Assomption, de l'infaillibilité du pape — et. à partir de là, la Confession d'Augsbourg ne peut être reconnue comme une Confession de foi valable exhaustive pour toutes les Églises.

France

L'Église réformée de France tient son synode national à Dijon du 2 au 4 mai 1980. Représentant ses 500 000 fidèles et ses 500 pasteurs, les délégués étudient les relations extérieures de l'Église et la recherche du sens de l'Église universelle. Ils décident de réactiver certains liens avec l'Alliance réformée mondiale et le Conseil œcuménique des Églises.