Un appel de Mgr Léon-Arthur Elchinger, évêque de Strasbourg, une intervention de Mgr Duchène, président de la commission épiscopale de la famille, devant la commission compétente de l'Assemblée nationale, et la diffusion d'un livre blanc intitulé Faire vivre marquent, par ailleurs, la détermination de l'épiscopat français. Mais la volonté d'éviter un conflit ouvert avec l'autorité civile est également évidente.

Pays-Bas

Innovation : le 14 janvier 1980, le pape Jean-Paul II réunit en synode particulier, à Rome, les évêques des Pays-Bas. La tenue de telles réunions n'était pas prévue par le motu proprio, Apostolica sollicitudo de Paul VI, du 15 décembre 1965, qui avait rendu leur place aux synodes d'évêques : selon ce texte, ou bien ceux-ci devaient réunir tous les représentants de l'épiscopat mondial ou bien, au moins, ceux d'un « groupe de pays ou de nations ». Jean-Paul II va plus loin, montrant qu'il ne veut pas se laisser enfermer dans des formules juridiques, et parce qu'il estime qu'il y a urgence.

Le thème de ce synode est : L'action pastorale de l'Église en Hollande dans la situation actuelle et la lettre de convocation spécifie de manière significative : « afin que se manifeste clairement la communion ecclésiale ». Deux questions sont visées : la communion entre l'Église de Hollande (dont on connaît la volonté de changement à la suite du Concile) et Rome : mais aussi la communion entre les évêques hollandais eux-mêmes Les rapports sont, en effet, très mauvais entre la majorité de l'épiscopat et les deux derniers évêques nommés par Paul VI, beaucoup plus conservateurs : Mgr Simonis (Rotterdam) et Mgr Gijsen (Roermond).

Les travaux de ce synode se prolongent jusqu'au 31 janvier. Ils aboutissent à un document final adopté unanimement, qui constitue un succès pour Jean-Paul II. D'une part, les évêques expriment leur volonté « d'approfondir entre eux des rapports cordiaux et fraternels ». D'autre part, dans ce long document, ils réaffirment sur un certain nombre de points discutés (rôle des prêtres et des laïcs, célibat, etc.) la doctrine de Vatican II qui avait été, en d'assez nombreux cas, débordée dans la pratique. À n'en pas douter, c'est une reprise en main de l'Église de Hollande qui s'opère, sans trop de remous.

Chine

« Je ne vois rien de certain, mais, en m'appuyant sur des paroles et des signes, j'ose dire qu'un espoir est né. L'Église redevient très lentement visible et identifiable » Telles sont les conclusions du cardinal Etchegaray, président de la Conférence épiscopale française, après un voyage de 17 jours en Chine, voyage commencé le 26 février 1980 et qui retient l'attention : c'est en effet la première visite d'un responsable catholique dans ce pays depuis près de 30 ans.

Le cardinal répondait à l'invitation de l'Association du peuple chinois pour l'amitié avec l'étranger. Il a lui-même, dans une interview au journal la Croix (19 mars 1980), défini les limites et la portée exacte de ce voyage : « En m'invitant, la Chine savait bien ce qu'elle faisait (...) et j'ai été reçu avec le double titre d'évêque français et de cardinal romain. Bien sûr, je n'aurais pu rien entreprendre sans l'accord du pape ; mais je n'avais aucune mission officielle. »

Les relations entre la Chine et l'Église catholique romaine ne peuvent, concluent les observateurs, s'améliorer que très lentement. Certes, les 2 500 000 catholiques qui vivent encore en Chine (évaluation publiée en novembre 1979 par la congrégation pour l'Évangélisation des peuples) subissent moins de persécutions : plusieurs prêtres, religieuses ou laïcs, incarcérés ou condamnés aux camps de travail, ont été libérés récemment. Mais 2 évêques au moins sont en prison depuis 25 ans, et bien des prêtres sont dans le même cas. En dépit d une certaine libéralisation, les principes fondamentaux de la politique religieuse du régime n'ont pas changé. La division subsiste entre l'Église souterraine, fidèle à Rome, et l'Église nationale patriotique, lancée par l'État mais toujours tenue en laisse par lui. Et, si Jean-Paul II, le 19 août 1979, a lancé un appel au dialogue — « Nous ne cessons pas de nourrir l'espérance que nous pourrons reprendre ce contact direct qui, spirituellement, n'a jamais été interrompu avec la Chine » —, il n'a reçu aucune réponse publique. Le principal grief de Pékin reste le fait que le Saint-Siège entretienne des rapports diplomatiques, très réduits aujourd'hui, avec Formose.

Pays de l'Est

L'arrivée de Jean-Paul II n'a provoqué aucune évolution sensible dans l'attitude du Vatican à l'égard des pays de l'Est : le dialogue est toujours recherché, probablement parce qu'aucune autre politique n'est possible pour protéger le droit à l'existence des communautés catholiques dans ces pays.