Vie religieuse

Catholiques

La ligne d'action de Jean-Paul II : tout le Concile, mais pas plus loin que le Concile.

Quel succès ! Partout où passe Jean-Paul II les foules se pressent, l'entourent, l'acclament. À Rome, chaque semaine, ils sont des dizaines de milliers — touristes curieux ou pèlerins fervents — à tenter de l'approcher. Le pape est devenu une superstar. Et sa personnalité exceptionnelle a marqué profondément la vie de l'Église dans les douze derniers mois. Douze mois au cours desquels il a confirmé les orientations de son pontificat : un style nouveau et une pratique renouvelée de la collégialité ; un renforcement de la discipline intérieure ; et la lutte pour la paix et les droits de l'homme.

Nouveau style

Une image, peut-être, résume le nouveau style : celle de Jean-Paul II vêtu d'un anorak et coiffé d'une casquette de guide, au sommet de la Marmolada, dans les Dolomites, où il s'est rendu le 26 août 1979 à l'occasion du premier anniversaire de l'élection de son prédécesseur Jean-Paul Ier. C'est l'image d'un pape sportif, solide, qui n'hésite pas à rompre avec les usages guindés du protocole pour se rapprocher des foules — qui adorent cela. On le verra ainsi arborer les coiffures les plus diverses au cours de ses nombreux voyages, y compris, le 7 mai au Kenya, les plumes multicolores des guerriers masaïs.

Voilà pour les images, qui disent beaucoup. À présent, l'autre aspect du style : le style de gouvernement. Il faut reparler ici de la collégialité. Elle est en honneur depuis le Concile. Mais Jean-Paul II s'y applique avec une ardeur toute neuve. On sent bien que ce pape, à la différence de ses prédécesseurs, a grandi hors du Vatican, a été formé hors du sérail. Donc, il se considère d'abord comme un évêque, le premier des évêques certes, mais un évêque. Il prend grand soin de son diocèse de Rome et, presque chaque dimanche, visite une des paroisses de la capitale italienne et de sa banlieue, passant de longues heures avec le clergé, les groupements de laïcs, etc. Les termes qu'il emploie dans ses sermons et ses discours sont également révélateurs. Ainsi, lorsqu'il apprend l'assassinat de Mgr Oscar Romero, l'archevêque de San Salvador, assassinat qui provoque ses vives protestations, il s'écrie (26 mars) : « C'est un confrère qui a été exécuté. »

Il a d'autres gestes. Le 30 juin 1979, au cours d'un consistoire secret, le pape a nommé 15 nouveaux cardinaux (six Italiens, deux Polonais, un Canadien, un Mexicain, un Irlandais, un Japonais, un Vietnamien, un Français, Mgr Roger Etchegaray, et un cardinal in petto). À cette occasion, Jean-Paul II prononce un discours ; mais il ne s'agit pas du tout d'un texte de circonstance ; c'est un véritable bilan de son action, une sorte de rapport d'activité. Paul VI avait déjà ébauché cette tradition ; Jean-Paul II l'approfondit. Plus significatif encore : répondant, semble-t-il, à un vœu émis par divers cardinaux pendant les conclaves de 1978, le pape réunit, du 5 au 9 novembre 1979, tout le collège des cardinaux pour « un examen général des questions d'actualité qui intéressent la vie de l'Église ». Y participent 120 cardinaux (sur 130), qui présentent diverses suggestions sur l'organisation de la Curie romaine, les finances du Vatican (en mauvais état), et l'attention que l'Église doit porter au développement culturel. Enfin, dans chacun de ses voyages — en Irlande (du 27 septembre au 1er octobre 1979), aux États-Unis (du 1er au 7 octobre), en Afrique (du 2 au 12 mai 1980), en France (du 30 mai au 2 juin) —, le pape tient des réunions de travail avec les évêques du lieu.

Reprise en main

Cette mise en œuvre de la collégialité, qui doit plaire à l'aile avancée des catholiques (et séduit, en tout cas, les épiscopats), s'accompagne d'un renforcement de la discipline intérieure, qui satisfait d'autres fractions de l'Église. Le conclave qui l'a élu souhaitait une certaine reprise en main de l'appareil ecclésial ; Jean-Paul II s'y emploie. Ainsi réunit-il tous les évêques des Pays-Bas pour régler les problèmes du catholicisme hollandais, l'un des plus vivants mais aussi l'un des plus contestataires depuis le Concile.