Au Sénégal, devant la forte présomption d'un lien entre l'hépatite B et le cancer du foie, on a entrepris un programme de vaccination contre cette forme d'hépatite ; c'est le premier essai au monde de prévention contre une atteinte infectieuse potentiellement cancérigène.

Marqueurs

Pour améliorer la détection précoce de cancers difficiles à déceler par voie directe, on a de plus en plus recours aux marqueurs biologiques, substances spécifiques fabriquées par les cellules cancéreuses elles-mêmes. L'alpha-fœto-protéine, présente dans 70 à 90 % des cancers primitifs du foie et dans plus de 80 % des tératomes testiculaires, permet de diagnostiquer ces tumeurs et de suivre leur évolution. La gonadotrophine, hormone placentaire abondante dans l'urine des femmes enceintes, est un moyen précis de détection des tumeurs placentaires et testiculaires ; l'antigène carcino-embryonnaire est utilisé pour les cancers du côlon et du sein. Pour les formes plus rares, on dispose d'autres marqueurs : la sérotonine et la dopamine, qui sont des neuromédiateurs ; la calcitonine, pour certains cancers de la thyroïde ; la gastrine, pour certains cancers du pancréas.

Un nouveau procédé mis au point au Canada permettrait de déceler précocement le cancer du poumon, en mesurant par un test coloré, en tube à essai, l'activité d'une enzyme ordinairement présente dans le sang : sur sang de cancéreux, la coloration est beaucoup plus pâle.

Thérapies

Les rétinoïdes naturels ou synthétiques, substances voisines de la vitamine A, paraissent empêcher le développement de certains cancers ou prévenir les rechutes après chimiothérapie. Les essais cliniques ont débuté aux USA sur des malades ayant eu des carcinomes de la vessie. Cette propriété des rétinoïdes ouvre la voie à une chimioprévention des cancers, par exemple dans le cas de pollutions chimiques industrielles ou accidentelles.

En radiothérapie, on utilise un nouveau rayonnement de cobalt avec source de neutrons rapides. Pour les fortes doses d'irradiation, l'association d'une enzyme, la superoxydase-dismutase, réduit les effets secondaires en diminuant l'inflammation. L'hyperthermie, mise au point aux USA, est administrée par différents moyens : microondes, costumes chauffants ; en France, on utilise surtout des radiofréquences de 13,56 MHz.

En chimiothérapie, l'emploi du méthotrexate, substance analogue à l'acide folique qui tue sélectivement les cellules à multiplication rapide, a conduit à une observation importante. Les cellules cancéreuses peuvent devenir résistantes au méthotrexate. On explique ce fait par la présence, dans ces cellules résistantes, de nombreux minichromosomes, semblables aux plasmides des bactéries, codant pour l'enzyme qui accroît la vitesse de division cellulaire.

Les tumeurs sont différentes d'un malade à l'autre. Une méthode de culture des cellules de tumeurs humaines sur milieu semi-solide a été mise au point pour déterminer la meilleure chimiothérapie pour chaque patient. Les nouveaux médicaments sont très divers : spirogermanium et dérivés du platine, pour les cancers des organes génitaux ; vindésine (extraite de la pervenche de Madagascar) ; certains dérivés nitrés de l'urée ; certaines substances de la famille des anthracyclines, non toxiques pour le cœur.

Immunothérapie

C'est dans ce domaine de l'immunothérapie que les progrès sont les plus importants. Pour les essais de vaccination anticancéreuse, on emploie des cellules tumorales, produites en culture, dont la surface a été nettoyée au préalable par la neuraminidase. Cette enzyme, sécrétée par le microbe du choléra, détruit à la surface des cellules cancéreuses la substance qui masque les antigènes.

On a isolé une nouvelle catégorie de lymphocytes, appelés NK (natural killers), qui contrôlent le développement des tumeurs et, in vitro, tuent spontanément les cellules des lymphomes. Des chercheurs suédois ont montré que les antigènes reconnus spécifiquement par ces lymphocytes sur les cellules cancéreuses sont des glyco-protéines dont on connaît le poids moléculaire mais pas encore la structure. D'autres lymphocytes, nommés cellules autocytotoxiques, découverts par des chercheurs français, peuvent détruire les cellules cancéreuses sans antigènes ; leur action est amplifiée par des adjuvants. Outre le BCG et le Corynebacterium comme adjuvants à l'immunothérapie (Journal de l'année 1976-77), on utilise diverses substances dont l'effet peut être de stimuler les lymphocytes T, de renforcer l'action des lymphocytes B, ou d'agir sur les monocytes. De plus, ces adjuvants diminuent l'activité des cellules suppressives qui bloquent la réponse immunitaire du cancéreux.