Décrite pour la première fois en 1944, la maladie a fait l'objet d'une enquête épidémiologique en 1979 dans la région parisienne. Outre les 32 cas identifiés en avril-mai à Baudelocque, les 3 nouveaux cas diagnostiqués dans la même maternité en septembre chez des enfants nés à terme et les 9 cas de Port-Royal entre septembre et décembre, 43 cas ont été reconnus en 1978 et 1979 dans d'autres maternités publiques ou privées de la région parisienne. Extrêmement rare il y a dix ans, l'entérocolite ulcéro-nécrosante apparaît avec une fréquence grandissante. Des cas sont signalés à Londres, à New York et dans la plupart des pays développés.

La maladie se présente sous forme d'une altération grave de la muqueuse intestinale, pouvant aller jusqu'à la nécrose et aux perforations intestinales. La destruction de certaines parties de la muqueuse nécessite parfois l'ablation d'un segment d'intestin et, dans certains cas, l'abouchement provisoire du côlon à la peau par un anus artificiel.

Selon le professeur Sureau, médecin chef de la maternité Baudelocque, le germe responsable est le corona virus, qui a été retrouvé dans les selles et les tissus malades des enfants atteints, ainsi que chez leurs mères, chez les membres du personnel hospitalier de Baudelocque et de Port-Royal et dans d'autres collectivités de nouveau-nés et d'adultes atteints du même mal à la même période. La rapidité de la nécrose intestinale peut s'expliquer par la pullulation simultanée de bactéries anaérobies redoutables du type clostridium. La plupart des enfants le plus sérieusement atteints sont des prématurés nés de grossesses à haut risque, pesant moins de 2 kg, chez qui la susceptibilité aux germes infectieux est très élevée. Pour le nouveau-né à terme, la barrière immunitaire se constitue dans les premiers jours de la vie ; pour les prématurés, ce processus prend plusieurs semaines.

La France manque de scanners

L'attribution du prix Nobel de médecine aux inventeurs du scanner (encore appelé scanno-graphe ou tomodensitomètre), survenant après les deux grandes manifestations professionnelles où l'importance de cette nouvelle technique radiologique avait été mise en lumière (congrès européen de neuro-radiologie, à Strasbourg, en septembre 1979 ; congrès de la Société radiologique d'Amérique du Nord, à Atlanta, en novembre), réactive l'exigence pressante du corps médical français de disposer d'un meilleur équipement dans ce domaine.

En France, la norme pour les scanners est fixée à 1 appareil pour 1 million d'habitants, mais il n'y en a pas plus de 40 sur le territoire national ; sauf dans la région parisienne, on est encore loin du taux officiel. Aux États-Unis, on compte 1 appareil pour 250 000 habitants, aux Pays-Bas 1 pour 300 000 habitants, en Grande-Bretagne 1 pour 500 000 habitants. Les examens au scanner fournissent un diagnostic global très précis rendant inutiles d'autres examens, ce qui permet de diminuer le nombre de journées d'hospitalisation en endocrinologie, en ophtalmologie et surtout en neurologie. Malgré l'attirance des malades pour cette méthode rapide et indolore mais encore onéreuse, les économies réalisées vont de 10 % à 40 % selon les pays. Par ailleurs, le parc français a vieilli : on n'y trouve encore que des scanners-crâne alors que les pays voisins utilisent le scanner-corps entier qui permet l'examen simultané du cerveau, du système nerveux et de toutes les parties du corps. Aux États-Unis viennent d'apparaître les dispositifs de quatrième génération, où le point image correspond à une surface cérébrale de 0,6 mm de côté.

Flash... Flash... Flash

On trouvera, ci-dessous, une série de nouvelles brèves qui pourraient, dans un avenir prochain, connaître des répercussions notables dans le domaine médical.

Sang artificiel.

Un homme de soixante-sept ans, témoin de Jéhovah, a subi, dans un hôpital de Minneapolis (USA), une transfusion d'environ 2 litres de sang artificiel. Quelques mois plus tôt, au Japon, 9 malades appartenant à des groupes sanguins rares avaient déjà bénéficié d'un traitement analogue. Le substitut utilisé, préparé par une firme japonaise, présente sur les plasmas synthétiques précédemment employés l'avantage de transporter l'oxygène. Commercialisé sous le nom de fluoso 1 D-A, il contient un mélange de substances très riches en fluor, qui remplacent l'hémoglobine. Mais on ne peut le substituer au sang au-delà d'un quart du volume sanguin total. Les recherches se poursuivent au Japon, aux États-Unis, en Allemagne, en Autriche, pour sélectionner des composés fluorés qui permettraient un taux de substitution plus élevé eu cours des transfusions et pour trouver d'autres applications, par exemple la préservation d'organes isolés ou le traitement de certaines anémies.

Automatisation de la biologie médicale

À partir d'un seul prélèvement de sang, un analyseur automatique effectue le dosage de 20 constantes sanguines (glucose, cholestérol, lipides, transaminases, acide urique, etc.). L'appareil peut traiter 150 échantillons de sang en une heure. Dans les modèles les plus récents, l'analyseur est piloté par un ordinateur qui le contrôle, met en mémoire tous les résultats et fournit aux médecins et aux biologistes toutes les informations concernant le malade qui peuvent remonter jusqu'à la dixième semaine avant l'examen. Ces prouesses techniques, présentées au 9e congrès international Technicon, en novembre 1979, à Paris, ont facilité le développement de centres de bilan de santé. Elles permettent aussi de traiter des thèmes de recherche impossibles à envisager avec les méthodes de diagnostic classiques, par exemple des enquêtes épidémiologiques, ou encore d'étudier le système d'histo-compatibilité pour lequel on connaît actuellement 200 millions de combinaisons différentes. Grâce à l'analyseur automatique, il est possible de dépister des anomalies du sang au stade infraclinique et de traiter ainsi, aux stades précoces, les leucémies et certains cancers.

Acupuncture.

Depuis le début des années 70, environ deux millions d'interventions chirurgicales ont été pratiquées en Chine sous analgésie par acupuncture. En France, pour la première fois, un malade a été opéré de cette façon, à Valence, le 17 janvier 1980. Ce mode d'analgésie serait spécialement indiqué dans les cas suivants : césariennes, gastrectomies subtotales, prostatectomie, chirurgie cranio-cérébrale et, en général, les interventions sur la tête, le cou et le thorax. Un symposium international sur l'acupuncture a réuni, à Pékin, environ 450 participants de 30 nationalités différentes. Les recherches sur l'endorphine (substance analogue à la morphine, sécrétée par les cellules du cerveau), qui se poursuivent dans divers laboratoires en Chine, au Japon, aux États-Unis, pourraient dans un avenir proche expliquer les mécanismes de l'acupuncture.

Animaux de laboratoire.

Faisant écho à des campagnes de presse qui ont sensibilisé le public aux problèmes moraux de l'expérimentation sur l'animal, la Ligue française contre la vivisection porte plainte contre le directeur d'un laboratoire, qui est relaxé. Une commission parlementaire enquête dans les laboratoires qui utilisent des animaux (chats, chiens, singes, etc.) pour mettre au point des médicaments ou pour effectuer des recherches fondamentales (certains cancers, physiologie du cerveau, notamment). Les conclusions, déposées en mai 1980, précisent qu'on n'a jamais observé de vivisection, mais qu'il convient d'éviter la multiplication des expériences. La commission propose d'instituer un organisme officiel chargé de la protection des animaux. Depuis 1968, en France, une loi réglemente déjà l'expérimentation sur les animaux supérieurs ; les interventions chirurgicales doivent être pratiquées sous anesthésie.

Carte de santé.

En dehors des cartes spécifiques dont sont porteurs les diabétiques ou certains malades cardiaques, il n'existait jusqu'ici en France aucun moyen de connaître l'ensemble des antécédents médicaux d'un malade ou d'un accidenté. Mise au point par l'Institut de prévention appliquée, la carte de santé, du format du permis de conduire, permettra à tout médecin de lire immédiatement le profil clinique de chaque malade : groupe sanguin, principales maladies, allergies majeures, prothèses amovibles, traitements en cours (diabète, hémophilie, tranquillisants, etc.). Pour préserver le secret médical, certaines informations sont codées et ne peuvent être lues que par un praticien muni d'une plaque lecteur multilingue. En janvier 1980, 85 000 plaques, chacune accompagnée de 100 cartes de santé, ont été envoyées à des médecins français ; depuis avril, des médecins de certains pays de la CEE en ont reçu à leur tour ; enfin, on envisage d'associer à cette entreprise en 1981 les États-Unis et les pays du Maghreb.

Nouveau médicament de l'asthme

Présentée au 10e congrès d'allergologie, en novembre 1979, à Jérusalem, par le chercheur anglais TSC Orr, une nouvelle molécule, de la famille des chromones, agit sélectivement sur certains globules blancs, les mastocystes, en bloquant la réaction allergique. Contrairement aux médicaments à base de théophylline utilisés jusqu'ici, dont le taux efficace est très souvent proche de la toxicité, celui-ci, administré en aérosols, n'est que faiblement toxique. L'indication majeure du nouveau remède sera l'asthme allergique des enfants, mais, du fait de son action bronchodilatatrice générale, il pourra être prescrit utilement dans l'asthme chronique des sujets plus âgés. Par ailleurs, on annonce, au début de l'année 1980, deux succès importants dans la recherche fondamentale sur les médiateurs chimiques de l'asthme : une équipe américano-suédoise aurait réussi la synthèse du leucotriène C, une équipe française de l'INSERM celle du PAF, facteur d'activation des plaquettes sanguines. Ces deux substances agissent dans l'organisme en déclenchant la constriction des bronches.

Fin de la variole

Des experts de l'OMS, réunis à Nairobi (Kenya), annoncent, le 26 octobre 1979, que la variole endémique a totalement disparu. C'est en octobre 1977, soit exactement deux ans auparavant, que le dernier cas a été détecté en Somalie, ultime foyer de la maladie. La variole est la première maladie contagieuse à être éliminée de la planète. La déclaration officielle en est faite à l'Assemblée mondiale de la santé, en mai 1980. Quarante-huit pays, dont la France, ont décidé d'abandonner la vaccination obligatoire ; trente-cinq pays la maintiennent encore. Selon l'OMS, la communauté internationale va économiser chaque année plus de 1 milliard de dollars, représentant le coût de préparation du vaccin, des campagnes de vaccination et de la mise en quarantaine des populations exposées. Cependant, par prudence, un stock de 200 millions de doses de vaccin a été constitué. Le nombre des centres de conservation du vaccin a été limité à 4, et des équipes spécialisées de l'OMS vérifieront régulièrement les conditions de stockage.

Sur le front de la rage

Un nouveau sérum antirabique est mis au point au cours de l'été 1979 au centre de transfusion sanguine de Nancy-Brabois, avec la collaboration de l'Institut Pasteur. Préparé à partir de gamma-globuline humaine, il offre un double avantage. D'une part, on évite les réactions d'intolérance, fréquentes avec les préparations classiques à base de sérum de cheval (allergie, anaphylaxie). D'autre part, pour une quantité de sérum deux fois moindre, la protection persiste au moins durant quatre semaines. En raison de son coût élevé, le nouveau sérum, fabriqué par concentration de plasma de donneurs volontaires hyperimmunisés, est actuellement réservé aux personnes gravement mordues à la face ou à la tête. Le virus de la rage chemine passivement depuis le lieu de la morsure, pendant des semaines ou des mois, remontant le long des nerfs jusqu'à la moelle épinière et aux cellules du cerveau, où il se multiplie activement. De là, il redescend vers la périphérie de l'organisme et en particulier vers les glandes salivaires où il se multiplie à nouveau. Par l'intermédiaire du nerf optique, l'œil est une voie d'accès privilégiée du virus de la rage et, chez les rabiques au dernier stade de la maladie, toutes les parties du globe oculaire contiennent le virus. Ce qui explique la contamination et le décès à Nancy, le 29 novembre 1979, d'un homme auquel on avait greffé la cornée d'une malade morte d'une encéphalite atypique, qui était en réalité l'une des trois formes de la rage. Un cas similaire a été décrit aux États-Unis, en mars 1979 ; ce sont les deux seuls exemples connus à ce jour.

L'homme

Archéologie

Progrès dans l'étude des outils

Un nouveau pas vient d'être fait dans la connaissance de la vie préhistorique. Trois méthodes d'analyse de l'outillage, en se combinant, permettent de mieux savoir à quoi pouvaient servir tous ces silex et même d'entrevoir comment s'organisait le travail dans les campements de chasseurs d'il y a six ou huit mille ans.