Journal de l'année Édition 1979 1979Éd. 1979

Éducation

Primaire

Formation des maîtres : une réforme bien accueillie

La formation des instituteurs va être améliorée. Ch. Beullac annonce, fin avril 1979, une réforme, préparée par un an de discussions avec le SNI. Elle sera appliquée dès la rentrée 1979. C'est donc dans un climat de satisfaction que s'ouvre, le 28 juin, à Chambéry, le congrès du SNI.

La formation des instituteurs, qui dure deux années après le baccalauréat, est portée à trois ans, comme dans la plupart des pays d'Europe occidentale — et notamment, depuis longtemps, en Grande-Bretagne et en Allemagne fédérale. Bien que cette formation se fasse toujours dans des écoles normales, donc hors des universités, les instituteurs recevront à la sortie un diplôme universitaire, un DEUG (diplôme de premier cycle), qui leur permettra de continuer des études supérieures. Cette réforme doit entraîner une profonde réorganisation des écoles normales.

L'allongement de la formation permettra d'augmenter la partie pratique : les stages dans les classes seront plus nombreux (il y en a un par trimestre) et les élèves-maîtres commenceront leurs études par un stage d'observation. Le système par ailleurs sera plus souple. Il laissera plus d'initiative aux élèves-maîtres, ce qu'ils réclament actuellement : ils seront considérés comme des adultes et de futurs professionnels. Sur l'ensemble des trois années, ils doivent obtenir environ 28 unités de formation, portant sur des disciplines, des types d'enseignement (comme la lecture) ou des phases de scolarité, mais ils pourront choisir l'ordre dans lesquels ils les passeront (sauf en première année). Certaines, dites d'approfondissement, sont même choisies librement sur les sujets qui intéressent les normaliens. Ceux-ci devront, parallèlement, consacrer un certain temps à l'entraînement aux disciplines artistiques et à l'éducation physique ainsi qu'à des travaux en équipes.

À la fin de la première année, un bilan global est effectué, avant que les normaliens ne prennent l'engagement de travailler dix ans dans le public. À la fin de la troisième année, ils reçoivent le DEUG, et, après une inspection dans leur classe, leur CAP.

Les universités participeront davantage à la formation : en assurant des enseignements dans les écoles normales et en participant aux conseils d'administration créés dans chacun des établissements.

Objectifs

La réforme a plusieurs objectifs. D'abord mettre à jour la formation des instituteurs, à la fois pour améliorer l'enseignement primaire — quelque peu négligé depuis vingt ans, à la suite du développement du secondaire — et pour donner une meilleure base au collège unique. Cette refonte n'a pas été faite en 1969, lorsque la formation professionnelle des instituteurs a été portée de un à deux ans et qu'on a supprimé les classes secondaires des écoles normales (on y entrait auparavant après la classe de troisième et on y préparait le baccalauréat). La réforme est facilitée par le fait que l'on va réduire le nombre d'instituteurs recrutés (à 4 000 par an au lieu de 7 000), en raison de la baisse démographique, et interrompre le recrutement de suppléants. Au cours des dix ans passés, 60 % des instituteurs (et davantage encore dans la légion parisienne) ont été recrutés de cette façon, directement après le baccalauréat, sans passer par les écoles normales. Il ne subsistera plus en moyenne qu'une école normale au lieu de deux par département.

Mais la réforme répond aussi à un objectif politique : conclure un accord avec le SNI (qui exerce une influence déterminante dans la FEN), gage de paix sociale dans renseignement public.

À la surprise générale, la réforme recueille une approbation quasi unanime. Le SNI est satisfait, parce qu'il y voit, dans le rapprochement entre la formation des instituteurs et celle des professeurs de collège, l'esquisse de son projet d'école fondamentale allant jusqu'à la fin de la scolarité obligatoire. Mais aussi l'approbation va du SNES (syndicat des professeurs de lycée), affilié aussi à la FEN et proche des communistes, au syndicat d'enseignants CGC en passant par le SGEN-CFDT (toutefois, celui-ci regrette que le travail en équipe des instituteurs ne soit pas plus explicitement prévu). Du côté des partis, le PC, reconnaissant un « progrès indéniable », fait écho au Centre démocratique et social. Deux critiques cependant sont formulées par certains : le contenu de la formation des instituteurs reste encore imprécis (notamment l'apport des universités) ; surtout, les instituteurs déjà en fonction verront-ils leur traitement augmenter — comme les nouveaux ? Une nouvelle négociation va s'engager avec le SNI.

Recul de la participation chez les enseignants et les parents

La participation déçoit-elle ? Le nombre des votants diminue aux élections aux conseils des établissements scolaires, tant chez les enseignants que chez les parents. Dans les lycées et les collèges, cependant, il est encore élevé chez les enseignants : 77,3 % de votants au lieu de 80,8 % en 1977-78. Chez les parents d'élèves, il retombe après avoir augmenté pendant plusieurs années : 37,9 % de votants au lieu de 40,1 %. Est-ce l'effet de la réforme Haby qui a renforcé les pouvoirs de l'Administration et a réduit le rôle des parents dans les conseils de classe ? La baisse est encore plus sensible pour les comités de parents des écoles primaires : 42,4 % au lieu de 50,6 %. Le SNI a multiplié les obstacles à leur réunion et s'est efforcé au maximum de limiter leur rôle.

Les vacances, un problème dont on n'est pas sorti...

Le problème des rythmes scolaires est une nouvelle fois soulevé : nouveaux rapports, nouvelles consultations mais peu de changements. Les écoliers français ont des journées trop longues et pas assez nombreuses. C'est ce que réaffirme Pierre Mangin, professeur de médecine et ancien recteur, dans un rapport au Conseil économique et social. Celui-ci, consulté par le ministre de l'Éducation, suggère de ramener les vacances d'été de onze à neuf semaines, de créer deux ou trois zones avec des dates de départ et de rentrée différentes (comme c'est déjà le cas pour les vacances de février) et, à terme, de faire coïncider l'année scolaire avec l'année civile.