Journal de l'année Édition 1979 1979Éd. 1979

Les parents semblent relativement favorables à la réduction des vacances d'été (80 % sont pour, d'après un sondage fait pour la Fédération Lagarde des parents d'élèves). Mais les professionnels du tourisme et surtout les syndicats d'enseignants sont très hostiles : le SNI, par exemple, annonce son intention de « s'y opposer de toutes ses forces ».

Finalement la montagne accouche d'une souris : le calendrier scolaire pour l'année 1979-80 ne comporte pratiquement aucun changement par rapport aux années précédentes. En fait, le gouvernement est divisé. Le ministre de l'Éducation souhaite laisser aux recteurs la liberté de fixer les dates des congés et envisage de séparer les vacances des enseignants de celles des élèves (en faisant commencer certaines matières plus tard dans l'année) et d'expérimenter les formules nouvelles dans une académie. Mais le ministre de l'Intérieur, responsable de la circulation, y est hostile, comme le ministre de la Jeunesse et des loisirs, responsable du tourisme.

Secondaire

L'application de la réforme Haby s'enlise

L'application de la réforme Haby (le collège unique) continue en principe dans le secondaire, bien que son auteur ait quitté le gouvernement (Journal de l'année 1977-78). Les horaires et les programmes de quatrième et de troisième sont publiés à la rentrée 1978-1979 : ils doivent être appliqués respectivement en septembre 1979 et en septembre 1980.

Une nouvelle guerre des langues vivantes

Y aura-t-il une guerre des langues vivantes comme en 1970 (Journal de l'année 1969-70) ? Le 17 avril, au cours d'un colloque à Strasbourg, Jacques Pelletier, secrétaire d'État à l'Éducation nationale, fait une vive critique de l'enseignement des langues étrangères dans les lycées et collèges français. Pour que « chaque élève parle correctement une langue à la sortie du système scolaire », il annonce une série de dispositions : la première langue vivante ne sera plus enseignée à raison de trois heures par semaine, mais par doses quotidiennes ; ce n'est qu'à partir de la seconde et non plus de la quatrième que l'on pourra étudier une deuxième langue vivante ; un nombre plus élevé d'élèves inscrits (quinze au lieu de huit) sera exigé pour ouvrir une section d'une langue vivante autre que l'anglais et l'allemand, et l'éventail de choix offert aux collégiens sera réduit. En revanche, les coefficients donnés aux épreuves de langues vivantes au baccalauréat seront relevés.

Ces propositions, annoncées par surprise, déclenchent un tollé de protestations. D'abord, chez les universitaires, les étudiants de langues vivantes et les professeurs, qui craignent de voir leur emploi compromis. Mais l'ensemble des organisations syndicales d'enseignants, sauf celui des instituteurs et la Fédération Cornec des parents d'élèves, se joignent aux protestations. Le secrétaire d'État fait marche arrière : il ne s'agit que de « directions de recherche ». On fera des expériences en 1979-1980, dans un collège par académie. En revanche, il faudrait commencer l'étude d'une langue vivante à l'école primaire. Une formule qui, selon Christian Beullac, ministre de l'Éducation, « risque de se traduire par l'absence totale de maîtrise des la langue, y compris de la langue maternelle ».

Programmes

Peu de changements dans les horaires : deux heures de sciences physiques par semaine remplacent les deux heures de technologie prévues dans l'ancien système. Les élèves pourront choisir comme matière à option, en quatrième, non seulement le latin ou une langue vivante, mais aussi des enseignements techniques (trois options : bâtiment, matériaux, services) ; ces enseignements, toutefois, ne seront pas dispensés dans tous les collèges, faute d'équipements et d'enseignants.

Les programmes posent plus de problèmes. Ceux de mathématiques, remaniés à la demande de l'Association des professeurs de mathématiques (APMEP), pour assurer une continuité avec ceux de cinquième, sont acceptés malgré leur lourdeur et leur aspect trop classique. En revanche, les programmes de français, très vivement critiqués par l'Association des enseignants de français (AFEF) pour le choix des auteurs et les notions de linguistique incluses, sont repoussés par le Conseil de l'enseignement général.