Ces souhaits d'émulation spirituelle se retrouvent aussi dans le message de vœux que le cardinal Pignedoli, président du Secrétariat pour les non-chrétiens à Rome, a adressé aux musulmans à l'occasion de la fin du Ramadan (3 septembre). C'est encore de liens d'amitié et de prière au Dieu unique qu'il est question dans le message que les Églises chrétiennes de France ont adressé aux musulmans résidant en ce pays à l'occasion de la fête de l'Aid al-Kébir, au mois de novembre.

Israélites

Comme toutes les communautés juives dans le monde, celle de France vit au rythme d'événements qui participent directement du devenir juif ou qui évoquent des souvenirs récents et spécifiques. Surtout quand ils ont valeur d'avertissement.

Le devenir juif, ce sont d'abord les événements d'Israël. Même si l'on considère que la Diaspora est une entité qui, de toute manière, n'est pas amenée à disparaître, il n'en reste pas moins que l'histoire à venir du peuple juif se joue, surtout depuis 1948, dans l'État d'Israël. Celui-ci a fêté, le mercredi 2 mai 1979, le 31e anniversaire de son indépendance. Mais c'est un anniversaire pas comme les autres. Pour la première fois, l'avenir est à la paix.

L'ensemble des communautés juives, plus particulièrement celle d'Amérique qui a une influence incontestable, encore qu'on exagère souvent son efficacité sur la politique étrangère des États-Unis, suit avec passion le processus qui a commencé avec la visite historique de A. Sadate à Jérusalem le 19 novembre 1977 (Journal de l'année 1977-78). Depuis lors, un tracé en dents de scie a finalement conduit à la signature le 27 mars, à Washington, du premier traité de paix entre Israël et l'un de ses voisins arabes, l'Égypte.

De manière générale, les communautés extérieures à Israël estiment qu'elles n'ont pas à donner de conseils à l'État d'Israël dès lors qu'est en jeu la sécurité de ses habitants. Mais un certain nombre de personnalités ou de journaux juifs, pour la première fois depuis la création d'Israël, jugent qu'ils ne sont pas autorisés non plus à se taire dès lors qu'une occasion unique, peut-être pour longtemps, est enfin offerte pour que s'enclenche au Proche-Orient la dynamique de la paix.

Précarité

Parmi les autres événements mondiaux qui au cours de cette année interpellent la communauté juive de France, il faut mentionner la révolution d'Iran. L'antisémitisme de l'ayatollah Khomeiny et d'autres chefs religieux chiites, ses déclarations incendiaires contre l'État d'Israël, l'instabilité du nouveau régime montrent une nouvelle fois l'état de précarité des communautés juives en dehors d'Israël. On peut craindre que les Juifs d'Iran soient, plus tôt qu'on ne le pense, pris dans un piège semblable à celui qui enferme leurs frères de Syrie ; ainsi Habib Elghanian, président d'honneur de la communauté juive d'Iran, est-il exécuté.

La situation des Juifs de Syrie ne s'améliore pas au cours de cette année. Ils continuent à être soumis à un régime spécial de discrimination et il leur est toujours interdit de quitter le pays, même en qualité de touristes.

Nouvelles inquiétantes, aussi, de la communauté juive d'Argentine (400 000 à 500 000 âmes). Ici, cependant, les frontières sont ouvertes, mais la communauté juive d'Amérique latine ne désire pas, de manière générale, émigrer. Des dirigeants juifs argentins expriment la crainte, pour la première fois depuis le coup d'État militaire de 1976 (Journal de l'année 1975-76), que les portes de la mort se soient définitivement fermées sur un millier de Juifs incarcérés ou kidnappés depuis lors. Ces mêmes responsables considèrent que, s'il n'y a pas à proprement parler, en Argentine, un antisémitisme d'État, le fait d'être Juif conduit néanmoins, dès l'incarcération, à l'aggravation des mesures de détention, qui conduisent souvent à la torture et à la mort.

Antisémitisme d'État

C'est en Union soviétique que la situation des communautés juives continue à être la plus alarmante. Cependant, on constate une augmentation sensible du nombre de visas de sortie accordés à plusieurs centaines de milliers de Juifs qui en ont fait la demande, et surtout, dès mai 1979, les portes du Goulag s'ouvrent devant sept prisonniers de Sion. Mais, d'un autre côté, on constate au cours de l'année une poussée de l'antisémitisme, notamment au niveau des publications soviétiques. Comme tous les imprimés sont soumis en Union soviétique à une censure sévère, il faut convenir que l'imprimatur donné par le Kremlin aux écrits anti-juifs font de l'Union soviétique, en 1979, le seul pays qui pratique un antisémitisme d'État. Des articles antisémites paraissent ainsi, avec des tirages très importants, dans Ogoniok, le grand magazine illustré, alors que l'Académie des sciences de l'URSS publie les divagations antisémites de Mark Mitine sur L'idéologie et la pratique du sionisme international et qu'un nouveau roman, violemment antisémite, d'Ivan Chovtsov, le Tocsin, est tiré à 75 000 exemplaires.

Solidarité

500 étudiants parisiens manifestent pour trois de leurs camarades étudiants exclus des universités soviétiques et passibles de prison (ou du service militaire) pour avoir déposé une demande de visa. Bien d'autres manifestations ont lieu, notamment en France, en signe de solidarité avec les Juifs d'URSS persécutés. Lors de la fête des Lumières (Hanouka), des candélabres sont allumés dans plusieurs facultés parisiennes en signe de communion avec les Juifs d'URSS. Le lundi 29 janvier est proclamé Journée mondiale Kouznetsov, alors que, de manière générale, de nombreuses réunions de solidarité avec les Juifs d'URSS ont lieu dans les communautés, à Paris comme en province.