En avril 1979, CII-Honeywell-Bull a marqué un point en faisant adopter par le département américain de la Défense un nouveau langage de programmation pour les applications militaires, baptisé ADA, élaboré par les chercheurs français de Louveciennes.

Retard

Le rapport de la dépense informatique globale à la production intérieure brute a été en 1977 de 2,3 en France et 3,3 aux États-Unis. Donc, la France prend du retard, comme d'ailleurs tous les autres pays d'Europe occidentale. Elle s'informatise moins que les États-Unis, ce qui ne va pas sans conséquence pour sa santé administrative ou industrielle. En 1977, les États-Unis ont assuré 54,9 % des dépenses informatiques mondiales ; la France 5,8 % ; la RFA 7,6 % ; le Japon 8,1 %.

Le gouvernement français a adopté diverses mesures tendant à réduire ce retard dans l'informatisation de la société ; mise en œuvre d'un programme d'initiation et de formation dans les lycées, avec installation de 10 000 ordinateurs en cinq ans ; création d'une agence pour la diffusion des applications de l'informatique, telles que la conception assistée par ordinateur, la bureautique, l'accès aux bases et banques de données, les applications de santé. Ces initiatives sont largement inspirées par les conclusions du rapport Nora-Minc (Journal de l'année 1977-78), lequel, sitôt publié, a soulevé de vives objections, notamment à propos du rôle de l'administration dans le processus d'informatisation de la société (J. Bounine et B. Lassato, Télématique... ou Privatique ? Éd. d'Informatique ; D. Carré, Pour un contre-rapport Nora, Informatique hedbo, F. de Valence, L'informatique ; la Revue de l'entreprise, nos 20 et 22).

Transpac

Avec quelques mois de retard, le réseau public français de transmission de données Transpac a été mis en route le 21 décembre 1978. Totalement transparent aux échanges d'informations, il permet de raccorder entre eux à distance plusieurs ordinateurs ou terminaux. Le 27 mars dernier, lors de son inauguration officielle, Transpac comptait déjà plus de 300 demandes fermes de raccordement. Environ la moitié sont d'ores et déjà réalisées, soit directement (une dizaine de points d'accès pour le moment, une centaine à terme), soit par l'intermédiaire du téléphone ou du télex.

La capacité, limitée dans un premier temps, à 1 500 abonnés, sera progressivement portée à 2 500 au moins d'ici à 1985. La particularité de ce réseau, élaboré en étroite collaboration avec les utilisateurs, est d'offrir : différentes possibilités de raccordement avec des vitesses de transmission adaptées aux contraintes de chaque application de 50 bits, seconde jusqu'à 48 000 bits, seconde ; une tarification indépendante de la distance. Cet avantage sera particulièrement sensible lorsque entrera en service, fin 1979, le réseau européen de transmission de données Euromet, qui, bâti sur le modèle de Transpac, constituera la somme des réseaux nationaux.

Bricoleurs

À l'instar des Américains et des Japonais, pionniers en la matière, les Français sont saisis d'un engouement fébrile pour l'informatique individuelle. En quelques mois, on a vu s'ouvrir à Paris puis en province les premiers computer shops, où l'amateur averti trouve de quoi réaliser et mettre en œuvre un ordinateur domestique pour environ 10 000 F, et parfois moins. Ici encore, le prix ne permet pas d'apprécier à sa juste valeur les réelles difficultés de mise en œuvre de ces matériels.

Pour la première fois, au SICOB, la micro-informatique disposait d'un emplacement bien distinct. À cette occasion ont été lancées deux revues spécialisées en micro-informatique et destinées à un vaste public : Microsystèmes et l'Ordinateur individuel.

Des clubs d'amateurs dans toute la France rassemblent plusieurs milliers de membres. Leur but est avant tout de tuer le concept magique d'ordinateur, d'échanger leur expérience, d'élaborer de nouveaux programmes ou matériels. Ainsi, l'association Microtel développe une vingtaine de projets : un kit d'initiation à moins de 1 000 F ; un lecteur automatique de caractères manuscrits ; un système de commande par téléphone d'appareils domestiques ; un outil pédagogique d'apprentissage du solfège ; une base de données répartie entre plusieurs ordinateurs fédérés par le réseau téléphonique, etc.