C'est pourquoi on ne saurait appréhender le réel impact de l'informatique au niveau de notre vie quotidienne sans prendre en compte le couple constructeur-utilisateur. Car, si l'informatique pose problème, c'est bien au niveau de son usage.

Utilisateurs

Le dernier rapport de la British Computer Society, qui représente une vaste gamme d'utilisateurs et dont l'audience est solidement établie, constate en substance : « La mystique qui entoure les ordinateurs et les méthodes informatiques crée chez les utilisateurs un sentiment général d'exaspération. L'informatique exerce une fascination inépuisable sur l'industrie et la profession, mais ses utilisateurs ordinaires aimeraient tenir quelque chose de sûr et pouvoir se consacrer à leur vrai travail. »

D'une façon générale, les utilisateurs s'inquiètent de leur dépendance croissante à l'égard de l'ordinateur ; de ne se voir offrir qu'une gamme restreinte de produits face à la diversité des applications ; de l'insuffisance de la normalisation entre les matériels et les logiciels des différents constructeurs ; de la trop courte durée de vie des systèmes (trois ans en moyenne, en comptant un an pour concevoir, commander et installer un système et un an de rodage). De plus, souvent mis en œuvre prématurément, les systèmes doivent faire l'objet de mises à jour trop fréquentes, ce qui nuit à leur stabilité et à leur sécurité de fonctionnement.

Bref, les utilisateurs sont fatigués et rêvent d'une autre informatique, qui les absorberait moins et qu'ils pourraient oublier.

Prix et performances

Si la baisse des coûts des matériels est bien réelle, le coût de l'informatique (logiciel + matériel + maintenance) reste pratiquement constant. En décidant de facturer séparément le matériel et le logiciel, les constructeurs ont concentré leurs efforts sur le matériel, privilégiant le spectaculaire au détriment du logiciel. Or, plus un ordinateur est bon marché, plus son logiciel de base (son vocabulaire) est rudimentaire et plus il est difficile (long et coûteux) d'élaborer un programme d'application.

Toujours en ce qui concerne les matériels, on constate que les distinctions habituelles, qui associaient la taille des ordinateurs et leur puissance, n'ont plus guère de sens. Ainsi Digital Equipment, le no 1 de la mini-informatique, vient de présenter le micro-ordinateur LSI-11/23, qui offre en fait la puissance d'un miniordinateur sur une simple carte. De son côté, IBM, no 1 mondial de la grande informatique (60 % du marché), abandonne la notion de gamme pour présenter, en ordre dispersé, de nombreux matériels, parfois concurrents entre eux.

Ici encore, les schémas traditionnels n'ont plus cours. Les nouveaux ordinateurs de la série IBM 4 300, présentés en février 1979 et destinés à remplacer les monstres de la série 370, bénéficient d'une approche miniordinateur. D'une taille réduite, ils s'adaptent à l'environnement du bureau et n'exigent plus de climatisation.

De même, avec un rapport prix-performances sans précédent, le récent IBM 8 100 surprend par ses caractéristiques à mi-chemin d'un miniordinateur et d'un terminal intelligent ; son aptitude à communiquer via un réseau d'ordinateurs est particulièrement soignée.

Parallèlement, en France, CII-Honeywell-Bull présente une nouvelle série d'ordinateurs complétant ses séries 64 et 66. Les modèles 64 DPS2, 4 et 6 renforcent le ou les centres d'un réseau interne à l'entreprise dont les satellites seraient des miniordinateurs de la gamme mini-6 du même constructeur. Le modèle 66 DPS 5 prolonge vers le bas la série 66, assurant la continuité de performances entre les deux gammes, qui comportent un certain nombre de logiciels communs, ouvrant la possibilité de construire des réseaux mixtes composites des modèles 66 et 64. Le sigle DPS signifie distributed processing system, en français système d'informatique répartie. Dans ce type de systèmes, de plus en plus demandé par l'informatique de gestion, plusieurs terminaux ou miniordinateurs sont connectés sur des ordinateurs centraux avec qui ils peuvent dialoguer.