L'incitation à la mobilité des chercheurs est ressentie comme aggravant leur insécurité à un moment où l'industrie privée offre peu de débouchés. La DGRST avait institué, en octobre 1976, un système préparant une thèse de troisième cycle. La première promotion d'allocataires — ils sont 1 500 — est arrivée en 1978 sur le marché du travail, alors que les organismes publics eux-mêmes recrutent de moins en moins.

À ces doléances, qui traduisent l'inquiétude des travailleurs scientifiques, le secrétaire d'État réplique en faisant valoir que la mobilité et la disponibilité sont pour eux des obligations et qu'il ne saurait y avoir de « droit automatique à rester toute sa vie dans le même laboratoire ». À la crainte, fréquemment formulée par des scientifiques de haut niveau, de voir la science fondamentale sacrifiée aux objectifs industriels immédiats, le Conseil des ministres répond, le 17 janvier 1979, qu'au contraire il conçoit le développement de la recherche appliquée comme « ne devant durablement porter ses fruits qu'en s'appuyant sur une recherche fondamentale indépendante et active ».

Crédits

En arrière-plan des controverses de principe sur le statut des chercheurs et la finalité de la recherche scientifique se profilent les difficultés budgétaires. En 1979, les autorisations de programmes, qui englobent les dépenses nécessaires à l'acquisition des nouveaux matériels, à l'entretien des matériels existants, à la fourniture des produits utilisés, aux constructions nouvelles, favorisent le CEA (+ 23,3 %), principalement pour le développement des surrégénérateurs ; l'INSERM (+ 18 %), dont l'activité est particulièrement populaire comme tout ce qui touche à la médecine ; le Commissariat à l'énergie solaire (+ 5 %), de création toute récente. Les universités (+ 9,4 %), le CNRS (+ 10,6 %), le CNEXO (+ 10,2 %) voient surtout compensés les effets de l'inflation. Compte tenu de ces effets, on enregistre une régression pour l'INRA (– 5,6 %), en dépit des efforts de cet organisme pour affranchir la France des importations de protéines étrangères. Les amputations de crédits pour le Plan calcul (– 31 %) et l'IRIA (– 1,4 %) reflètent le recul des ambitions françaises d'autonomie dans le domaine des ordinateurs.

La recherche dans l'Antarctique

Des difficultés budgétaires ont obligé à réduire les programmes scientifiques des quatre bases antarctiques et subantarctiques françaises. Parallèlement, les effectifs d'hivernage ont été diminués ; 149 hommes en 1978, 117 en 1979. Aux Kerguelen, les programmes de biologie marine et de géologie ont été annulés ; de même, aux Crozet, une partie des programmes de biologie et de géophysique. En Terre-Adélie n'ont été maintenues que des activités de routine ; seule, la météorologie a été un peu développée grâce à la première expérience mondiale du Global Atmospheric Research Programme (GARP).

Terre et espace

Astronautique

Six sondes à l'assaut de Vénus

De 1970 à 1975, quatre sondes Venera déposées à la surface de Vénus nous ont appris que la température y est de quelque 480 °C et que la pression atmosphérique est comparable à celle qui existe sous la mer à plus de 900 m de profondeur.

Vénus se distingue par d'autres singularités : la durée de sa rotation (243 jours, au lieu d'un seul pour la Terre et Mars) et le sens de ce mouvement, qui est rétrograde (le Soleil se lève par l'ouest et se couche à l'est) ; la surprenante rotation de l'atmosphère, qui fait le tour de la planète en 4 jours ; la nature des nuages, corrosifs et si épais qu'ils nous cachent la totalité de l'astre.

Instruments

Tous ces mystères constituaient autant de défis à la science. Américains et Soviétiques les ont relevés en lançant à l'assaut de la planète une formation de sondes jamais vue jusqu'alors.

Les Américains, à qui ces opérations ont coûté l'équivalent d'un milliard de F, avaient ouvert le feu avec leurs deux engins Pioneer-Venus. Le premier s'est satellisé autour de Vénus le 4 décembre 1978. Sa tâche était double ; comme sonde, il était muni de 12 instruments destinés à étudier l'atmosphère, l'ionosphère et l'environnement de la planète, ainsi qu'à photographier les masses nuageuses (pour visualiser la circulation générale de l'atmosphère). Un détecteur de rayons gamma constituait la contribution française à cet engin ; il en sera question plus loin. Enfin, cette sonde possédait un radar dont le faisceau, après avoir traversé l'épaisse enveloppe nuageuse de la planète, était inégalement réfléchi par les accidents du sol. L'intensité des ondes réfléchies est traduite par une gamme de nuances, du blanc au noir. Comme le pinceau du radar balaie la surface vénusienne ligne par ligne, on obtient une sorte de carte assez détaillée : la définition est de l'ordre de 100 m.