La commission technique de pharmacovigilance du ministère de la Santé et de la Famille en France n'a pris aucune mesure autoritaire, mais elle recommande la prudence. Le clofibrate ne devrait être prescrit que pour les malades présentant des taux de lipides sanguins élevés : plus de 3 g/l pour le cholestérol, plus de 2 g/l pour les triglycérides. Dans la majorité des cas, un régime alimentaire approprié, à base de graisses non saturées, devrait suffire à minimiser le risque d'accident coronarien. Le ministère de la Santé italien s'oriente vers une position analogue.

Aspirine

L'aspirine — ou acide acétylsalicylique —, pure ou mélangée à d'autres substances telles la vitamine C ou la phénacétine, est l'exemple type du remède sans danger.

On l'administre à tout âge et en toutes circonstances pour alléger les petits ennuis de l'existence : maux de tête, douleurs et malaises divers, courbatures, états fébriles, rhumes et grippes. L'aspirine agit à la fois comme anti-inflammatoire, calmant, fébrifuge. Employée depuis plus d'un siècle, c'est sans doute le médicament le plus polyvalent de toute la pharmacopée courante en Occident.

Polyvalence

Son mode d'action est resté inconnu jusqu'à la découverte des prostaglandines, qui sont responsables de toutes les formes d'inflammation : rougeurs de la peau, œdèmes, douleurs articulaires. L'aspirine inhibe spécifiquement une enzyme qui catalyse la synthèse de ces substances. Ainsi s'explique son rôle bénéfique sur les rhumatismes et les arthrites. Une autre indication médicale plus inattendue a été mise en avant au 8e congrès international de cardiologie à Tokyo, en septembre 1978. Pour prévenir les rechutes d'infarctus du myocarde, l'aspirine en dose bihebdomadaire est un anticoagulant très efficace. En inhibant la synthèse d'un précurseur des prostaglandines, elle empêche l'agrégation des plaquettes sanguines et la formation d'un caillot.

Le recours à ce médicament simple, peu coûteux et facile à administrer est justifié pour les maladies coronariennes et les rhumatismes. Mais la polyvalence même de l'aspirine a un double tranchant. Employée sans discernement dans les états fébriles, elle affaiblit les défenses de l'organisme et favorise la prolifération des agents infectieux (virus ou bactéries). Prise à forte dose contre des douleurs ou des migraines, elle provoque des hémorragies des voies digestives. Il serait donc souhaitable d'en limiter l'usage.

Vives polémiques autour de médicaments non autorisés

Le mensuel 50 millions de consommateurs rend compte, dans son numéro 100 (avril 1979), d'une enquête qu'il a menée sur le Sérocytol. Ce médicament miracle, outre quelques maladies contagieuses et diverses formes de cancers, est censé guérir toutes les maladies dues à un dérèglement des fonctions organiques : de l'acné à l'impuissance, du diabète à la stérilité, en passant par les hémorroïdes, l'emphysème, les troubles de la dent de sagesse et la constipation. Il est constitué de sérum tissulaire spécifique, obtenu par inoculation à des animaux sélectionnés d'extraits embryonnaires de tissus homologues à l'organe à traiter. Il en existe 80 variétés présentées principalement sous forme de suppositoires.

Ventes clandestines

Le Sérocytol est fabriqué par un laboratoire suisse, Repurol SA, devenu Laboratoire de sérocytologie, qui n'a jamais sollicité l'autorisation de mise sur le marché en France. En 1963, lors de l'apparition du produit, des visiteurs médicaux proposèrent le Sérocytol à des médecins, mais surtout à des guérisseurs, des magnétiseurs, des radiesthésistes et des masseurs. Son inventeur, le docteur J. Thomas, diplômé de la faculté de Carthagène en Colombie, a été condamné en 1968 et 1970 pour exercice illégal de la médecine en France. Il est aujourd'hui décédé. En 1973, le Sérocytol était ouvertement proposé à la clientèle de quelques instituts de beauté parisiens, et, en 1974, un stock important était saisi en douane.

Actuellement, malgré l'interdiction de vente, le Sérocytol est prescrit par quelques médecins français, qui invoquent pour ce faire la « liberté thérapeutique », en vertu de laquelle un médecin est libre, sous sa responsabilité, de recommander à son malade le médicament de son choix. Après avoir subi l'hémotest du docteur Mattéi, qui n'est autre qu'un banal examen de sang, le malade envoie son ordonnance en Suisse et reçoit contre remboursement la variété de Sérocytol appropriée à son cas. Les paquets sont passés en fraude à la frontière suisse et mis à la poste en France. La direction nationale des enquêtes douanières évalue le trafic à plusieurs millions de F par an. Ni l'hémotest ni le médicament ne sont remboursés par la Sécurité sociale.

Inefficacité

Dans un ouvrage publié en France en 1977, le docteur Mattéi fait état de recherches sur la sérocytothérapie, s'appuyant sur 40 000 dossiers médicaux, dont 15 000 cas de cancéreux, et comptabilisant les rémissions de cancers traités au Sérocytol. Mais les expériences hospitalières de ce médecin n'ont fait l'objet d'aucune publication depuis 1945. Selon des cancérologues confirmés, comme le professeur Amiel, de l'Institut Gustave-Roussy, et le professeur Escande, de l'hôpital Tarnier, le Sérocytol n'a aucun fondement scientifique. Il serait au mieux un placebo, produit inoffensif à effet psychologique positif sur les malades. Pour le ministère de la Santé et de la Famille, « son efficacité thérapeutique n'est pas démontrée ». Selon l'article 25 du code de déontologie, la divulgation d'un procédé ou d'un traitement insuffisamment éprouvés constitue une faute.

Concurrence

À ces graves accusations, le laboratoire suisse réplique que, s'il n'a pas sollicité le visa de vente en France, c'est en vertu d'un accord de non-concurrence conclu avec un laboratoire français, qui fabrique un produit similaire selon la méthode Thomas ; chacun de ces laboratoires s'engageait à ne pas demander de visa dans le pays de l'autre.