Des chercheurs de l'université d'Édimbourg annoncent, dans la revue Nature (12 avril 1979), la mise au point d'un procédé de fabrication du vaccin de l'hépatite B, forme la plus répandue et la plus contagieuse d'hépatite virale. Après avoir découpé, avec l'enzyme de restriction, la longue molécule du virus de l'hépatite B, ils ont inséré les fragments d'ADN dans la bactérie Escherichia coli. En ajoutant dans les cultures ainsi obtenues les anticorps de l'hépatite B, ils ont sélectionné les souches qui produisent l'antigène. C'est cette substance qui sera utilisée comme protéine vaccinante.

À l'Institut Pasteur et à l'hôpital Saint-Louis à Paris, on a appliqué une technique différente. Connaissant les vingt premiers acides aminés de la molécule d'antigène, on a pu repérer sur l'ADN viral la séquence à laquelle appartient le gène codant pour la protéine vaccinante et insérer ce fragment d'ADN dans la bactérie.

Pour favoriser et accroître la réponse immunologique des individus qui seront vaccinés avec l'antigène ainsi produit, les chercheurs envisagent donc de coupler la protéine vaccinante avec un adjuvant de l'immunité, le MDP. C'est une petite molécule qui est composée d'un sucre et de deux acides aminés agissant comme amplificateur vaccinal.

Hybridome

Deux chercheurs de Cambridge (Grande-Bretagne) ont réalisé la production d'anticorps in vitro par des hybridomes, amas de cellules hybrides obtenus par fusion cellulaire. Des lymphocytes préalablement sensibilisés à un antigène donné et prêts à sécréter l'anticorps spécifique sont mélangés à des cellules cancéreuses dans un milieu de culture contenant un agent capable d'altérer les membranes cellulaires : soit le virus de Sendaï, utilisé pour la première fois en 1960 à l'Institut du cancer de Villejuif par G. Barski, qui a inventé la technique de fusion cellulaire, soit un agent chimique, le polyéthylène-glycol. L'hybridome — ou immunome — hérite à la fois des caractéristiques des deux cellules mères et peut produire à perpétuité et en très grande quantité des molécules d'anticorps très pur.

Cette méthode permettra de résoudre certains des problèmes de greffes d'organes et ouvrira des possibilités diagnostiques (détermination de groupes sanguins, caractérisation d'antigènes bactériens ou viraux). Il sera possible de conserver les hybridomes souches par congélation.

Médecine

Les premiers bébés-éprouvette

Presque un demi-siècle après la publication du Meilleur des mondes où Aldous Huxley décrivait une usine à bébés-éprouvette, ce qui semblait être de la science-fiction est devenu réalité : le 25 juillet 1978, est née à l'hôpital de Oldham, près de Manchester en Grande-Bretagne, une petite fille, Louise Brown, qui avait été conçue hors du corps maternel et avait passé les premiers jours de sa vie embryonnaire dans un tube de verre.

Quelques mois plus tard, dans un hôpital de Glasgow, on annonçait la naissance d'un deuxième bébé-éprouvette : Alistair Montgomery. Malgré leurs deux succès, les auteurs de ces prouesses, les docteurs P. Steptoe et R. Edwards, précisent que la fécondation in vitro est pour longtemps encore une technique d'exception : actuellement, le pourcentage de réussite est d'environ 2,5.

Acharnement

Ces naissances hors du commun sont l'aboutissement d'une recherche de plus de dix ans. Avant Louise et Alistair, il y a eu trois demi-succès : une grossesse extra-utérine, interrompue à la neuvième semaine, un avortement spontané, et la naissance prématurée d'un bébé constitué pesant 200 g.

C'est en 1968 que le docteur Edwards réussit la première fécondation d'un ovule humain en éprouvette. Mais il fallut de nombreux essais avant de franchir les étapes suivantes : cultiver en laboratoire l'œuf fécondé, puis le réimplanter dans l'utérus. La future mère reçoit au préalable un traitement hormonal de gonadotrophine, qui stimule la croissance simultanée de plusieurs follicules dans l'ovaire, et d'hormone chorionique, qui provoque l'ovulation et la transformation du follicule en corps jaune. Le treizième jour du cycle œstrien, l'ovule est prélevé par cœlioscopie : trente et une heures après l'ovulation, un long tube souple, muni d'un système optique, permet d'accéder à l'ovaire et d'aspirer délicatement l'ovule, qui est immédiatement déposé dans un liquide nutritif en présence de 0,1 ml de sperme. Après cinq jours de développement en éprouvette, l'œuf fécondé a atteint le stade où il nidifie normalement dans la muqueuse utérine. On le replace alors dans l'utérus maternel, qui a été préparé par l'injection de diverses hormones, dont la progestérone.

Problèmes éthiques

Dans le cas de Louise Brown et d'Alistair Montgomery, l'ovule venait de la mère, le spermatozoïde du père. Génétiquement, l'enfant est bien celui du couple. Ces deux naissances ne posent pas de problèmes juridiques ou moraux. Ces pratiques vont redonner espoir aux femmes qu'une obstruction des trompes a rendues définitivement stériles. Mais le bouleversement des processus naturels de la procréation risque de poser des problèmes éthiques dans un avenir proche.