C'est ainsi qu'une tentative de médiation sénégalaise, faite en septembre 1977, est rejetée le mois suivant par le Polisario. En décembre, Senghor accusera d'ailleurs les guérilleros sahraouis d'avoir massacré des ressortissants sénégalais au cours de leurs opérations en Mauritanie. C'est ainsi que les offres libyennes de bons offices tournent court.

Le président Ould Daddah s'est pourtant rendu personnellement à Tripoli en avril 1978, puis le colonel Kadhafi est venu à Alger en juin. De même, tous les projets de convocation d'une session extraordinaire de l'Organisation de l'unité africaine pour traiter de l'affaire du Sahara occidental restent sans lendemain — y compris l'appel, lancé le 18 novembre, par le président Bongo du Gabon, président en exercice de l'OUA, qui suggère une rencontre des chefs d'État à Addis-Abeba.

Intervention

Dès le 25 novembre 1977, une escadrille française de six avions à réaction Jaguar est envoyée à Dakar, À partir de la capitale sénégalaise, ces appareils commencent immédiatement des vols de reconnaissance et d'intimidation sur le territoire mauritanien. En France, où l'ambassadeur de Mauritanie, Ahmed Ould Ghanallah, a été blessé le 7 juillet, dans des circonstances qui ne seront jamais éclaircies de façon satisfaisante, se dessine un mouvement de résistance à l'intervention militaire aux côtés des forces marocaines et mauritaniennes.

Des comités de soldats se créent à Toulouse, tandis que l'opposition dénonce la présence de soldats français en Mauritanie. Le 13 décembre, Georges Marchais, conduisant une délégation de son parti, se rendra à Alger pour y rencontrer le président Boumediene et annoncera, le lendemain, la libération prochaine des otages.

Le 10 décembre, le Polisario annonce qu'un Jaguar a été touché, huit jours plus tôt, alors qu'il participait au mitraillage d'une colonne sahraouie. Cette nouvelle est aussitôt démentie par le ministère français de la Défense. Au cours de ce seul mois de décembre, l'aviation française intervient au moins à deux reprises contre les guérilleros du Polisario.

Le 18 décembre, les dirigeants du Front annoncent que, le 15, deux escadrilles de Jaguar ont causé de lourdes pertes à la colonne qui, après avoir attaqué le train minéralier reliant Zouérate à Nouadhibou, tentait de se replier. Tandis que le gouvernement de Nouakchott affirme que seule l'aviation mauritanienne est entrée en action, Paris ne dément ni ne confirme les informations données par les Sahraouis. Au début du mois de mai, l'aviation française intervient de nouveau à deux reprises, infligeant de lourdes pertes aux guérilleros du Front. Le 20 mai, le gouvernement sahraoui annonce que tout pilote français capturé passera en jugement. En juin, cette menace s'étend à l'ensemble des coopérants.

Répondant à l'appel du gouvernement mauritanien, qui, par l'entremise de Ould Mouknass, son ministre des Affaires étrangères, a demandé, le 12 décembre, que les amis de son pays s'engagent « plus fermement » à ses côtés, Marocains et Français accroissent leur effort militaire.

En juillet 1977, de nouveaux renforts de troupes marocaines sont acheminés en Mauritanie ainsi qu'en janvier et en février 1978, époque à laquelle on estime à environ 8 000 le nombre des soldats chérifiens installés en territoire mauritanien. De son côté, la France a envoyé, dès décembre, une soixantaine de conseillers militaires supplémentaires auprès du gouvernement mauritanien.

Rapprochement

Cette évolution incite Ould Daddah à se rapprocher diplomatiquement de l'ancienne puissance coloniale, avec laquelle il s'était pourtant attaché, pendant de longues années, à tenir ses distances. En février 1978, le président mauritanien se rend à Paris et y rencontre Valéry Giscard d'Estaing.

En mai, il revient dans la capitale française et participe personnellement à la cinquième conférence franco-africaine, alors que la Mauritanie avait boycotté les quatre rencontres précédentes. Quelques semaines plus tôt, le 1er avril, Nouakchott avait décidé d'ouvrir la Société nationale et industrielle de Mauritanie (SNIM) aux capitaux étrangers.