– Michelin : du 17 au 29 décembre, les 28 000 salariés de chez Michelin (Clermont-Ferrand) font grève pour protester contre l'organisation du travail en semi-continu. Ce système prive une partie du personnel soit du samedi matin, soit du dimanche soir. Le mouvement, bien que très largement suivi, est un échec.

Secteur public

Maintien du pouvoir d'achat, classifications professionnelles et défense du statut sont les principales revendications. En raison du caractère global du statut des salariés, partout les mots d'ordre revêtent un caractère très général, de façon à rallier le maximum des mécontents aux consignes d'action.

– Air Inter et Air France : à plusieurs reprises et notamment les 15-16 et 27-28 novembre, l'ensemble des salariés cessent le travail pour obtenir une amélioration de leur rémunération. Des négociations partielles s'engagent.

– Caisse d'allocations familiales : à partir du 31 janvier et pendant plusieurs semaines le personnel parisien de la CAF cesse le travail pour obtenir une amélioration de son système de classification professionnelle.

– Crédit Lyonnais : en juillet 1977, les informaticiens de deux centres du Crédit Lyonnais font grève pendant six semaines pour obtenir une amélioration de leur salaire. Le conflit se termine par un compromis.

– EDF-GDF : à la suite de la journée nationale interprofessionnelle du 1er décembre 1977, les électriciens lancent une série de grèves tournantes (du 2 au 8 décembre, puis le 16 décembre) pour défendre la progression de leur pouvoir d'achat et réclamer une modification des grilles de classification. Les employeurs protestent vivement contre les coupures de courant ; des procès sont engagés mais perdus par les chefs d'entreprise. Les électriciens CGT-CFDT ont fait grève le 1er juin 1978 et manifesté à Paris le 8. Ils protestent contre le projet de loi Giraud qui, à leur avis, remet en cause le statut de la nationalisation. Ce point de vue est partagé par le directeur général d'EDF, Marcel Boiteux.

– Égoutiers : en silence, pendant plusieurs semaines, à partir d'octobre 1977, les égoutiers parisiens cessent le travail pour obtenir un treizième mois et une amélioration de leurs conditions de travail. Aucune satisfaction immédiate ne leur est accordée ni sur un chapitre ni sur l'autre.

– PTT : à trois reprises, des conflits éclatent aux PTT. L'ensemble des postiers du Service général cesse le travail le 16 novembre et le 18 janvier. À la suite de cette dernière journée, les vacataires du centre de Créteil occupent leur centre de tri. La police fait évacuer le centre, mais des négociations s'engagent et aboutissent à une amélioration du statut des vacataires, désormais alignés sur les auxiliaires.

– Arsenaux : la suspension provisoire par Yvon Bourges, ministre de la Défense, des décrets de 1951 alignant les salaires des arsenaux sur ceux de la métallurgie parisienne et assurant aux ouvriers les garanties de la fonction publique a entraîné, le 12 juin, la grève des 8 000 ouvriers de l'arsenal de Brest Les syndicats ont appelé les 85 000 salariés des arsenaux à poursuivre le mouvement. Fin juin, la grève se poursuit, un règlement négocié se dessine cependant.

– Renault : pour soutenir leur revendication d'accès à la classification P1, les OS de Cléon et de Flins ont déclenché fin mai une grève accompagnée de l'occupation des ateliers. La direction a décidé le lock-out. L'intervention de la police à Cléon a entraîné la protestation des ouvriers. Le travail a néanmoins repris le 12 juin. À Flins, la grève se termine le 29 juin, 68 ouvriers sont licenciés et plusieurs grévistes sanctionnés. La Régie a décidé par ailleurs l'augmentation de tous les salariés de 1,5 % au 1er juin et le versement d'une prime de 236 F entre août et septembre. Un expert, S. Thouvenot, désigné par le tribunal de Versailles, devrait déposer ses conclusions, mais son rôle est d'ores et déjà controversé.

La politique de l'emploi

La France est-elle durablement installée dans le sous-emploi ? Toutes les données convergent vers un même constat : le pourcentage des demandeurs d'emploi par rapport au total de la population active se maintient en permanence à 5 %. Et, en 1977, tandis que la durée moyenne des inscriptions à l'ANPE croît de 199 à 221 jours, le nombre des chômeurs assistés croît de 20,2 % par rapport à 1976.