Définitivement votée par le Parlement, le 25 octobre 1977, la loi Guermeur accorde aux maîtres des établissements privés sous contrat avec l'État — ce qui est le cas de la majorité des établissements catholiques — les avantages sociaux de l'enseignement public, et fait prendre en charge leur formation initiale et permanente par l'État. Elle prévoit des crédits supplémentaires et l'augmentation du forfait d'externat dans les écoles sous contrat d'association, et rend aux chefs d'établissement le choix des enseignants.

Dissensions

Ce vote ouvre une nouvelle période de polémiques avec les partis de gauche. Après les inquiétudes suscitées par le « projet éducatif » du parti socialiste, un modus vivendi avait semblé se dessiner. Cette fois, les ponts sont rompus. S'il évite les attaques contre l'enseignement catholique, le PS, dans la nouvelle version de son programme d'éducation, condamne le financement par l'État de « deux réseaux scolaires concurrents » : la loi Guermeur, après la loi Debré, crée un « dualisme scolaire » néfaste pour l'unité nationale parce qu'il tend à juxtaposer un enseignement « de droite » à l'enseignement public « dit de gauche pour le discréditer ». Le PS (qui espère gagner les élections législatives de mars) se propose de supprimer les contrats simples (l'État rémunère les enseignants : c'est le régime généralement choisi par les écoles primaires) et de resserrer le contrôle de l'État sur les établissements sous contrat d'association (l'État est l'employeur des enseignants et verse une subvention de fonctionnement : c'est le régime de la plupart des établissements secondaires), la nationalisation devant faire l'objet d'une étape ultérieure.

Plusieurs municipalités dirigées par des socialistes (Cherbourg, Chambéry, Alençon, notamment) suppriment les subventions accordées par leurs prédécesseurs aux écoles privées, essayant parfois de les contraindre à passer sous contrat d'association. Les communistes, qui jugent la mesure maladroite, s'abstiennent généralement et parfois condamnent l'attitude « irresponsable » des élus socialistes. La version actualisée du programme commun publiée par le PC prévoit seulement de « négocier la mise en place du service public, sans esprit de revanche, ni spoliation, ni monopole » au cours de la première législature qui suivrait l'arrivée de la gauche au pouvoir, sans plus.

Bataille politique

Ces projets et ces dissensions sont exploités par la majorité et les défenseurs de l'enseignement libre, malgré les cas de certaines municipalités de gauche, comme celles de Saint-Chamond (Loire), Rennes ou Nantes, qui renouvellent les subventions aux écoles privées. Le PR et le CDS proposent de faire inscrire dans la Constitution le principe de la liberté d'enseignement. Le RPR juge le problème « résolu » par les lois Guermeur et Debré.

Le gouvernement se hâte de publier les décrets d'application de la loi Guermeur avant les élections, malgré l'opposition des syndicats d'enseignants, et notamment ceux de la FEN, qui, après avoir refusé de siéger, démissionnent du Conseil supérieur de l'éducation nationale. Le gouvernement reprend à son compte les mesures prévues par une deuxième loi Guermeur en faveur de l'enseignement agricole privé, votée en même temps que la première, mais annulée par le Conseil constitutionnel.

Après les élections, l'enseignement catholique doit tirer un trait sur les polémiques passées. L'UNAPEL, réunie à Caussade sous la présidence d'H. Lefebvre, invite ses adhérents à réfléchir sur une réforme du système éducatif, public et privé.

Supérieur : la bataille des inscriptions

Courses, bousculades, coups de poing et vêtements déchirés, c'est ainsi que l'année universitaire 1977-1978 a commencé pour beaucoup d'étudiants parisiens, bien avant la rentrée. En 1976, Alice Saunier-Seïté avait désectorisé les études de droit à l'université de Nanterre (Paris-X) (Journal de l'année 1976-77) ; le Conseil d'État, saisi par des syndicalistes enseignants, ayant annulé l'arrêté, elle décide, en 1977, de généraliser la mesure : tous les bacheliers des trois académies de Paris, Créteil et Versailles peuvent, en principe, s'inscrire librement dans l'université de leur choix. Mais, pour éviter de trop grandes disparités, le secrétaire d'État a précisé que les établissements qui accueilleraient plus d'étudiants que l'année passée ne recevraient pas de subvention de fonctionnement supplémentaire. Ce qui était inciter les responsables à limiter les effectifs d'une façon ou d'une autre.

Anarchie

Le désordre des inscriptions de 1976 se reproduit, cette fois pour toutes les disciplines. À Dauphine, où les inscriptions sont toujours limitées, des bousculades se produisent dès les premiers jours de juillet, deux semaines après l'ouverture. Au centre Assas (Paris-II), les inscriptions sont suspendues dès le 7 juillet ; au centre Tolbiac (Paris-I), elles le sont une semaine plus tard à peine.