Il s'agit, bien entendu, d'irradiation globale. Car, comme le rappelait la commission de Bruxelles, « pour une population résidant aux abords d'une centrale, la dose d'irradiation provenant de l'installation nucléaire serait théoriquement égale au centième de l'irradiation naturelle », soit 0,35 rem par an.

L'industrie nucléaire, comme toutes les industries, possède ses rejets et ses déchets ; les uns et les autres posent des problèmes différents.

– Rejets thermiques ; l'eau ressort d'une centrale beaucoup plus chaude qu'elle n'y est entrée. Son rejet dans les cours d'eau ou dans la mer menace la faune et la flore, dont elle perturbe le milieu naturel de vie. Pour les sites de rivières, les centrales seront construites avec des tours humides qui éliminent les thermies superflues, sans, pour autant, créer un microclimat artificiel à leur voisinage. Afin de ne pas perdre l'eau chaude produite, certains pays, la Suède notamment, préconisent l'installation de centrales nucléaires à proximité des villes et l'utilisation de cette eau chaude dans un système de chauffage urbain. Enfin, à proximité de certaines centrales (Marcoule par exemple), l'eau chaude produite est utilisée pour les cultures maraîchères, sans provoquer le moindre dégât, aussi bien à la terre qu'aux produits obtenus, dont les qualités nutritionnelles restent constantes.

– Déchets ; il peut paraître impropre d'appeler « déchet » ce qui sort d'une centrale, alors qu'il s'agit, plus précisément, d'un combustible irradié dans lequel tout l'uranium n'a pas été consommé. Il est donc retraité, afin que soit récupéré ce qui peut encore servir. Les vrais déchets (résidus de haute activité et de faible activité) sont des produits radioactifs inutiles. Qu'en faire ? Les enfouir ou les dissoudre. Les déchets très actifs posent de grandes difficultés : la plupart d'entre eux contiennent des produits de longue durée de vie. En Angleterre et en France, ces liquides très radioactifs et très chauds sont conservés dans des cuves en acier inoxydable à double paroi. La durée de vie de ces cuves est de cinquante ans.

Depuis quelques années, les liquides sont solidifiés et stockés sur place, leur refroidissement se faisant par l'air. Et les produits de longue durée de vie ? Deux solutions sont préconisées :
– le stockage géologique dans des couches stables (granite, argile, dômes de sel) ou dans des puits forés au fond de l'océan (dans des zones où le dépôt d'alluvions est rapide) ;
– la ré-irradiation de ces produits, une fois séparés dans un réacteur, de manière à les transformer en produits de courte durée de vie.

Radioprotection

Les perspectives d'ensemble ont été dégagées par les membres du IVe Congrès international de radioprotection. Quels enseignements peut-on en tirer ?

Pour P. Samuel, secrétaire des Amis de la Terre, s'il est vrai que « depuis 20 ans, on a connu dans le domaine du nucléaire un développement relativement lent qui, marqué par les précautions prises, n'a pas provoqué d'accidents nucléaires », il est à craindre désormais que « le rythme du développement et les quantités produites ne soient pas compatibles avec les conditions de sécurité normales actuelles ».

Cette thèse, nuancée, n'est pas celle de la plupart des scientifiques, qui estiment que « la radioprotection peut être considérée comme un exemple d'action contre les nuisances du monde moderne » (docteur H. P. Jammet). Si ces nuisances se multipliaient du fait de l'augmentation de l'énergie nucléaire produite, cette radioprotection serait adaptée a l'augmentation potentielle du risque qu'elle ferait courir.

Selon A. Gauvenet, directeur délégué à la protection et à la sûreté du CEA, « ce risque existe pour les travailleurs du nucléaire, mais pas pour les populations ».

Le docteur Jammet, président du Congrès international de radioprotection, en conclusion de ces assises, a précisé : « En fait, le passé permet d'éclairer la situation présente ; pour le dernier quart de siècle, on ne compte pas plus de 10 morts, dans le monde, et 1 dans la CEE, dues aux irradiations parmi les travailleurs du nucléaire, alors que, pendant le même laps de temps, on dénombrait un demi-million de morts par accident du travail dans la même CEE. Dans le nucléaire, pour 95 % des travailleurs, on se trouve à un seuil inférieur a celui qui est admis pour le public, et un double système de détection, individuel et collectif, doublé d'une surveillance radiotoxicologique, permet de maintenir les travailleurs du nucléaire dans les limites des irradiations admises. Quant aux accidents nucléaires avec contamination significative des populations, il ne s'en est pas produit... »