Le danger de contamination a poussé les pays où se poursuivent ces recherches à adopter des mesures de précaution spéciales : commissions de sécurité, réglementations précises (Journal de l'année 1974-75). En France, vers la fin de 1977, la commission de classement des expériences, qui dépend directement de la DGRST et qui utilisait jusqu'alors le rapport Williams, mis au point en Grande-Bretagne en 1976, et les instructions de l'Institut national de la santé aux USA, publiées également en 1976, a élaboré ses propres réglementations. Il semble que chaque pays intéressé (Allemagne fédérale, Suisse, Hollande, Danemark, URSS) s'oriente vers la définition de ses propres consignes de sécurité.

Les laboratoires sont cependant classés selon un code commun : de P1 à P4 suivant le risque croissant, et de EK1 à EK3 suivant les substrats biologiques utilisés (EK3 pour Escherichia coli). Des laboratoires P3 existent en France à l'Institut Pasteur, à l'université de Strasbourg et à Jussieu-Paris VII.

Aux États-Unis, où un projet de loi envisage l'extension aux laboratoires privés des règles imposées par l'Institut national de la santé aux laboratoires publics, un laboratoire pharmaceutique P3 va être créé par Upjohn. En Allemagne fédérale, Hoechst projette un laboratoire P3 ; l'université de Heidelberg construit un laboratoire P4, où les chercheurs européens pourront travailler au niveau de risque le plus élevé. La Belgique a construit un laboratoire P3-P4, destiné à des expériences sur la fabrication d'un vaccin contre le paludisme, en particulier sur des souches mutantes de protozoaires, qui sont résistantes aux antipaludéens les plus puissants. Le laboratoire P4 du Maryland servira à vérifier le risque réel des manipulations génétiques impliquant des cellules eucaryotes, grâce à des expériences sur un virus cancérogène pour la souris : des souris recevront la bactérie hybride, les unes par injection, les autres par addition à leur nourriture, et on étudiera l'incidence du cancer chez les animaux soumis à l'expérience.

L'intelligence est-elle héréditaire ?

L'intelligence, mesurée par le QI (quotient intellectuel), est-elle essentiellement sous la dépendance de facteurs génétiques ? S'il en est ainsi, on est conduit à supposer l'existence, à l'intérieur d'une population donnée, de lignées à QI plus élevé, aptes à occuper héréditairement une position sociale dominante. De même, entre groupes raciaux, une différence du QI moyen traduirait une inégalité fondamentale entre ces groupes.

Soutenues par quelques auteurs anglo-saxons, ces thèses ont soulevé aux États-Unis et en Grande-Bretagne un débat orageux, qui avait rencontré assez peu d'échos en France jusqu'à la publication, en 1977, par les éditions Copernic, de deux ouvrages intitulés respectivement L'inégalité de l'homme et Race et intelligence.

Supercheries

Le premier est la version française d'un livre de Hans J. Eysenck, paru en 1973. L'auteur utilise à maintes reprises les statistiques du spécialiste britannique sir Cyril Burt, dont on sait maintenant qu'elles étaient en grande partie des supercheries (Journal de l'année 1976-77). Le scandale provoqué par la révélation de ces fraudes est mentionné en annexe, mais l'auteur tient à les excuser en invoquant le grand âge de Burt à l'époque où il les a commises et les considère comme des « erreurs mineures ». L'autre ouvrage est signé Jean-Pierre Hébert. Ce pseudonyme recouvre les noms de « quatre chercheurs connus pour leurs travaux scientifiques » qui déclarent avoir choisi l'anonymat « pour que la discussion porte exclusivement sur le fond du problème et pour éviter toute polémique sur les personnes ». Après un historique des controverses sur la part de l'inné et de l'acquis dans l'activité intellectuelle de l'homme et la validité du QI comme mesure de l'intelligence, l'auteur reprend les études développées, notamment outre-Atlantique, sur les fondements biologiques de l'antériorité de la race blanche et sa plus grande capacité crânienne. Mais, contrairement aux idées eugénistes en vogue aux États-Unis au début du siècle et qui eurent des prolongements si dramatiques dans l'Europe des années 30 et 40, il n'est plus question des Juifs, ni même du péril jaune. Les Indiens et les Mexicains eux-mêmes, qui, par leur petit nombre aux États-Unis et leur faible fécondité, ne constituent pas une menace, se voient valorisés par des QI toujours supérieurs à ceux des Noirs.