Soviétiques et Cubains, de plus en plus directement engagés en Ogaden aux côtés des Éthiopiens, redressent la situation militaire en faveur d'Addis-Abeba. Fort adroitement, les Éthiopiens se limitent à la reconquête des territoires occupés par les Somaliens, mettant ainsi le bon droit de leur côté et rassurant l'opinion internationale.

Le gouvernement somalien ne cesse de contester que son armée soit directement engagée en Ogaden. La thèse officielle soutenue à Mogadiscio est que seuls les guérilleros du Front de libération de la Somalie occidentale (FLSO) combattent en territoire éthiopien. Ce n'est qu'en février 1978, en annonçant la mobilisation générale, que les Somaliens admettent qu'ils envoient des troupes en Ogaden.

Sur le plan international, le gouvernement du général Ziyad Barre est relativement isolé. D'abord placés dans rembarras, les Soviétiques, après la visite infructueuse du chef de l'État somalien à Moscou, le 31 août 1977, rompent avec lui et décident de soutenir la junte d'Addis-Abeba qui défend l'intégrité de son territoire national.

De leur côté, Américains, Britanniques et Français ajournent leurs livraisons d'armes à la Somalie. Seule la Chine prend position en faveur des Somaliens. Ziyad Barre se rend à Pékin et dénonce « l'insolente intervention » de Moscou dans le conflit somalo-éthiopien.

Soutien

L'Arabie Saoudite (où le général Ziyad Barre se rend en septembre) et l'Égypte prêtent un appui diplomatique — et sans doute militaire — discret. Après le séjour d'une mission parlementaire américaine à Mogadiscio, Washington décide en octobre d'accorder une aide économique aux Somaliens, mais refuse catégoriquement tout concours militaire. Le 2 décembre, l'un des trois vice-présidents somaliens, le général Hussein Kulmie Afrah, est reçu par le président Giscard ; il repart sans la moindre promesse formelle d'aide.

Une tournée de deux semaines en Afrique, au Proche-Orient et en Asie, entreprise en janvier 1978 par le chef de l'État lui-même, aboutit à s'assurer le concours de plusieurs pays dont l'Iran (ce qui entraînera une protestation du Kenya auprès de Téhéran, les dirigeants de Nairobi s'estimant également menacés par la Somalie qui réclame le retour à la « mère-patrie » somalienne de la province kenyane du Nord-Est).

Lassés par ce qu'ils appellent « l'indifférence de l'Occident », les Somaliens envisagent, dès mars 1978, de renouer avec Moscou, et, dès cette époque, les slogans antisoviétiques disparaissent des murs de Mogadiscio.

Il est intéressant de noter que nul ne veut prendre l'initiative de ruptures trop rapides et trop brutales. Comme Mogadiscio et Moscou ont tardé à se séparer, situation encore plus curieuse, l'Éthiopie attend le 7 septembre 1977 (trois mois environ après le début de l'infiltration somalienne en Ogaden) pour rompre ses relations diplomatiques avec la Somalie.

Et ce n'est que le 13 décembre que la Somalie dénonce le traité d'amitié et de coopération signé trois ans plus tôt avec l'URSS et décide l'expulsion de la totalité des experts soviétiques installés dans le pays. (Ironie du sort, le 17, un dernier accord de coopération somalo-soviétique avait même été conclu...)

Expulsion

Après la décision d'expulsion, ce sont, en fait, les Cubains qui sont partis les premiers de Somalie, suivis, progressivement, par les Soviétiques.

Cependant, après la livraison, en septembre, de 48 Mig-21 à l'Éthiopie, les réactions antisoviétiques se multiplient à Mogadiscio, où l'on attend vainement que l'Occident exerce des pressions diplomatiques sur Moscou.

Début mars 1978, les Éthiopiens, grâce au concours discret de leurs alliés cubains et soviétiques, sont parvenus à gagner la guerre de l'Ogaden. Mais immédiatement la guérilla reprend le relais et les maquisards du FLSO passent de nouveau à l'action. Le général Ziyad Barre se refuse à renoncer à l'« ambition nationale » sur l'Ogaden, province considérée comme « l'Alsace-Lorraine de la Somalie ». Le 9 mars, le gouvernement de Mogadiscio annonce officiellement le retrait de ses forces de l'Ogaden et prétend qu'il a dû « envoyer quelques troupes pour soutenir les mouvements de libération de l'ouest de la Somalie ». En revanche, La Havane admet, presque simultanément, sa participation dans la guerre, tout en invitant, sans succès, Mogadiscio à renoncer à ses revendications territoriales.