Un artisan mécanicien est arrêté en octobre. Il s'est trahi en négociant des bons du Trésor, sans penser qu'ils étaient numérotés. Son nom le prédisposait, il est vrai, à s'associer avec des perceurs de coffres : Raymond Brisacier. Des opérations de police ont lieu à Paris, Nice et Marseille. 22 égoutiers sont bientôt sous les verrous ; mais ce ne sont que des comparses.

Le cerveau

On arrête le 27 octobre Albert Spaggiari. C'est un photographe de 44 ans, qui mène apparemment une petite vie tranquille. Mais il est tout de même fiché à la police. Ancien d'Indochine, puis membre de l'OAS, il milite maintenant dans des mouvements d'extrême droite. Il prétend même avoir préparé, en novembre 1961, un attentat contre le général de Gaulle à Hyères ; mais, précise-t-il, Pierre Lagaillarde ne lui a pas donné le feu vert. Spaggiari reconnaît, le 30 octobre, être l'instigateur du casse de Nice. Mais qu'est devenu le butin ? Selon lui, une part a été répartie entre les truands ; l'autre, la sienne, il l'a versée à une organisation d'extrême droite, la Catena... On ne trouvera jamais trace de ce mouvement, soi-disant basé en Italie.

L'enquête continue. Peu à peu, d'autres membres du gang sont pris, dont Dominique Poggi, considéré comme le bras droit de Spaggiari, qui se constitue prisonnier. Une reconstitution a lieu, et Spaggiari s'y prête complaisamment. Il précise même au juge d'instruction : « Oui, c'est moi qui ai tout préparé. J'y ai pensé pendant plus d'un an, et puis je me suis décidé. »

Le jour de son arrestation, Albert Spaggiari avait dit : « Je m'évaderai. » Impressionnée, la police avait pris, croyait-on, des dispositions spéciales de sécurité. Et pourtant... Le 10 mars 1977, Spaggiari est dans le cabinet du juge Boualiz. C'est devenu un rite : les deux hommes se retrouvent tous les jeudis. Débarrassé de ses menottes (il n'est pas considéré comme dangereux), Spaggiari, debout près du bureau du juge, précise un détail de son plan. Subitement, il s'approche de la fenêtre, l'ouvre et saute. Il rebondit, sept mètres plus bas, sur le toit d'une voiture en stationnement, se rétablit et enfourche la moto d'un complice qui démarre. Au juge qui se penche, éberlué, le fugitif fait un signe goguenard. Une heure plus tard, mille policiers sont à sa recherche. En vain.

Le 14 mars, on arrête Gérard Rang, suspecté d'être l'homme à la moto. Il nie et les témoins ne le reconnaissent pas. Une lettre signée Spaggiari et adressée à un journal local affirmera qu'il est étranger à l'évasion. Rang sera pourtant condamné à 2 ans, dont 8 mois fermes, mais pour émission de faux chèques.

La femme d'Albert Spaggiari, qui rentre d'un voyage en Afrique, est arrêtée le 30 mars. On la suspecte d'avoir tenté d'écouler des bijoux volés. Faute de preuves, elle est relaxée. Plus de trois mois après son évasion, Spaggiari demeure introuvable. Des mauvaises langues prétendent qu'en haut lieu on n'a pas tellement envie de le rattraper. Sans doute a-t-il été pris en charge par l'une de ces mystérieuses organisations d'entraide aux fascistes exilés. S'il est vrai qu'il leur ait versé sa part de butin, il peut se considérer comme dégagé pour longtemps de tous frais de pension.

Le terrorisme moluquois frappe une seconde fois

Les extrémistes moluquois sont de nouveau passés à l'action dans la province de Drenthe, au nord des Pays-Bas. À 9 h du matin, le 23 mai, un commando se rend maître d'un train entre Assen et Groningue et retient 59 passagers en otages. Un second commando, simultanément, occupe l'école primaire de Bovensmilde, dans la même province. Il relâche 15 écoliers moluquois et garde en otages 105 enfants néerlandais. C'est le deuxième coup de main moluquois ; le premier remonte à décembre 1975 (Journal de l'année 1975-76). L'émotion est grande, d'autant que l'affaire se produit deux jours avant les élections générales du 25 mai.

Les extrémistes exigent la libération de 21 Moluquois emprisonnés en 1975 et un Boeing 747 pour quitter le pays. Le gouvernement refuse. Le train et l'école sont immédiatement isolés par un déploiement de forces impressionnant. Il est impossible à quiconque de s'en approcher à moins d'un kilomètre. Une attente angoissée commence.