Enfin, une étude analytique des configurations montre que :
– dans les accidents voiture-piéton, lorsque le piéton était présumé responsable, il présentait un taux d'alcoolémie excessif dans 68 % des cas ;
– dans les accidents entre voitures, 23 % des automobilistes considérés comme responsables avaient eux aussi trop bu. Et ce pourcentage s'élève à 36 % dans les cas d'accidents entre une voiture et un poids lourd, et à 51 % dans les cas où une seule voiture était en cause.

Face à ce sombre bilan, les spécialistes de l'hôpital de Garches, où chaque week-end les ambulances transportent les accidentés et les morts de la route, réclament un renforcement des mesures d'information et de formation, ainsi que l'application systématique des mesures légales prévues, mais pas toujours appliquées, pour enrayer « le meurtrier phénomène alcool au volant » multiplication par les services de sécurité des contrôles sur les routes et agrément de nouvelles méthodes de détermination de l'alcoolémie.

Moins de tués dans les villes

L'augmentation du nombre des victimes de la circulation enregistrée en 1976 se situe uniquement sur les routes de rase campagne (650 tués de plus par rapport à 1975, soit 7 %). En revanche, le nombre des tués diminue très légèrement dans les agglomérations (– 0,8 %). La plus grande part de l'augmentation du nombre des tués revient aux automobilistes (+ 9,1 % pour les véhicules à quatre roues, avec 537 tués en plus). Alors que pour les engins à deux roues, la proportion est moins forte (+ 5,7 % de victimes en plus). Ce qui est vraisemblablement lié à l'obligation du port du casque en rase campagne depuis le 1er octobre 1976.

Le péage urbain : une polémique nationale

Strasbourg à quatre heures de Paris, Metz à deux heures et demie de la capitale, des liaisons rapides entre les deux départements alsaciens, mais aussi avec le sud de l'Allemagne fédérale, l'Autriche et la Suisse : en inaugurant, le 26 novembre 1976, l'autoroute Metz-Strasbourg, Valéry Giscard d'Estaing manifestait l'importance dévolue à la nouvelle voie autoroutière de l'est de la France.

Après la première grande transversale Nord-Sud — Lille-Paris-Lyon-Marseille —, c'est donc toute la partie orientale du pays qui se trouve ainsi raccordée et munie de cet équipement indispensable — même en ces temps de crise de l'énergie.

Pourtant, étouffant ce grand événement d'importance nationale, une polémique d'une rare violence s'engageait sur un terrain apparemment de moindre importance : celui du péage urbain. Fallait-il ou non l'installer aux portes mêmes de Paris, au démarrage de l'autoroute A4 Paris-Metz ? Les faux pas des pouvoirs publics donnaient, il est vrai, de l'ampleur à l'affaire.

Révolte

Après avoir affirmé (par la bouche d'Albin Chalandon, ministre de l'Équipement en 1972) qu'il n'était pas question de taxer les modestes banlieusards de l'Est parisien (alors que les riches riverains de l'autoroute de l'Ouest, comme ceux du Sud, circulent sans bourse déliée), les pouvoirs publics changent de doctrine. Ils se souviennent brusquement que le kilomètre d'autoroute coûte dix fois plus cher en zone dense qu'en rase campagne, et qu'il est plus juste de faire supporter la charge d'un équipement par ceux qui l'utilisent plutôt que par tous les contribuables.

« Pourquoi les Corréziens devraient-ils payer pour les Parisiens », s'interroge Robert Galley, ministre de l'Équipement et maire de Troyes. Mais ce revirement ne fait pas l'affaire des élus de l'Est parisien, qui, les yeux fixés sur la ligne bleue des municipales, manifestent à grand bruit. De Georges Marchais, élu du Val-de-Marne, à Alain Griotteray, fidèle de Giscard, en passant par Michel Giraud, président (RPR) du conseil régional d'Île-de-France, c'est la révolte. Avec, en renfort, les responsables de la ville nouvelle de Marne-la-Vallée, qui a bien du mal à démarrer ; ils redoutent l'effet dissuasif de la nouvelle dîme sur les industriels enclins à se décentraliser.

Solutions

Finalement, comme toujours, le président est pris comme arbitre. Il décide d'arrêter les travaux d'installation du poste de péage, afin de rechercher une autre solution. Quelle peut-elle être ? Création d'une vignette autoroutière d'agglomération ? Augmentation du prix de l'essence à l'intérieur des limites régionales ? Chacun s'interroge. Le débat devient national À l'autre bout de l'autoroute de l'Est, près de Strasbourg, comme à la sortie de Grenoble, des élus provinciaux manifestent, eux aussi, contre le péage.