Au surplus, les mesures de sécurité n'ont pas modifié sérieusement le comportement des jeunes au volant. Alors que la fréquence des accidents a diminué pour l'ensemble des conducteurs d'environ 20 % entre 1971 et 1975, elle a seulement baissé de 3 % pour les conducteurs âgés de 18 à 21 ans.

Les conducteurs qui utilisent leur voiture pour leurs déplacements professionnels et les salariés du secteur privé seraient apparemment plus dangereux au volant que les fonctionnaires et les agriculteurs, précise le CDIA. Ainsi, le taux d'accidents matériels ou corporels des représentants de commerce, qui utilisent constamment leur voiture pour leur travail, est de 247 pour 1 000 assurés et celui des salariés est de 157 accidents pour 1 000. Ce chiffre tombe à 142 pour les fonctionnaires et à 100 pour les agriculteurs.

Enfin, conformément à une opinion généralement répandue chez les automobilistes mâles et les chauffeurs de taxis, le nombre des accidents occasionnés par les femmes est légèrement supérieur à celui des accidents provoqués par les hommes : 103 contre 99. Mais, en revanche, les dégâts occasionnés par les conductrices sont, en général, moins coûteux. Les hommes (en particulier les célibataires) sont responsables des sinistres les plus graves.

Une simplification des assurances

Le contrat responsabilité civile du conducteur, en cas d'accident provoqué par sa faute, ne joue qu'en faveur des passagers qui ne sont pas membres de sa propre famille. Pour couvrir les risques de ces derniers, il convient de souscrire un autre contrat dit famille-passagers. Les compagnies étudient une nouvelle formule, qui, moyennant une majoration de 7 à 10 % sur le premier contrat, pourrait apporter une meilleure garantie.

L'alcool responsable de 40 % des accidents mortels

Dans la longue litanie des accidents de la route, pas de (bonne) surprise en 1976 :
– 13 780 tués contre 13 170 en 1975, soit 4,7 % de plus ;
– 357 540 blessés contre 353 740, soit 1,1 % de plus ;
– 261 275 accidents contre 258 201, soit 1,2 % de plus.

Ainsi la courbe, qui s'était sensiblement infléchie depuis trois ans, remonte légèrement. Pour Christian Gérondeau et les responsables de la sécurité routière, l'explication de ce recul est simple : les automobilistes ont tendance à appuyer plus lourdement sur le champignon et à moins respecter les limitations de vitesse. D'où un renforcement des contrôles opérés sur les routes et les autoroutes par les brigades de gendarmerie.

Cependant, certaines corrections peuvent être apportées à ce bilan quelque peu négatif. Si l'on tient compte de l'augmentation de la circulation (+ 6,5 % par rapport à 1975), le nombre des tués est en diminution : aux 100 millions de véhicules-kilomètres, il s'établissait à 8 en 1972 et à 5,95 en 1975 ; il n'était plus que de 5,65 en 1976, soit une baisse de 4,7 % par rapport à 1975 et de 29,1 % par rapport à 1972 !

Alcoolémie

Cela dit, le fait le plus significatif a été mis en lumière par une étude effectuée par l'Institut de recherches orthopédiques (IRO), hôpital de Garches, sur le thème Alcoolémie et accident. Réalisée par le professeur Claude Gat et Christian Thomas, cette analyse concerne 328 accidents mortels de la circulation, ayant provoqué 378 décès entre 1970 et 1975 dans la région Île-de-France. Sur ce total, 108 accidents mortels ont eu lieu sur l'autoroute de Normandie, 123 dans des zones urbaines (Poissy, Saint-Cloud et Marly) et 97 dans des zones rurales. Le résultat de cette enquête est saisissant : l'alcool est responsable de 40 % des accidents mortels de la circulation !

En effet, l'enquête a permis de mettre en évidence un certain nombre de données majeures qui « du fait de leur netteté et de leur recoupement avec d'autres études ne souffrent ni mauvaise interprétation ni contestation ». Ainsi, une alcoolémie supérieure ou égale au taux légal (0,80 gramme/litre) est constatée en moyenne ;
– chez 38 % des responsables d'accidents mortels (étant à l'origine de 41 % des cas de morts étudiés) ;
– chez 52 % des responsables d'accidents mortels survenant entre 18 heures et 3 heures du matin. « Ce qui, commentent les auteurs, représente, par rapport au reste de la journée, une proportion double dans les zones rurales et sur l'autoroute, et une proportion triple en agglomération. Cette fréquence est, d'autre part, nettement plus forte en fin de semaine, atteignant 60 % le dimanche soir. »