Ainsi est rétabli le circuit des perceptions auditives, grâce à l'existence du système interne implanté (électrodes + récepteur), couplé avec le système externe portatif (oreille artificielle proprement dite + fil de transmission + antenne d'émission portée sur les lunettes).

Éducation

En mars 1977, trois sujets ont été opérés et appareillés. Ils devaient suivre des cours d'éducation ou de rééducation du langage auprès d'un médecin phoniatre, à la cadence de 3 séances de 45 minutes par semaine. Pour les sourds-muets de naissance, les spécialistes estiment qu'il faudra trois ans d'éducation à la fois auditive et phonatoire pour que les porteurs d'oreille artificielle puissent entendre et parler à peu près normalement ; ils n'auront certes ni l'audition ni l'élocution d'une personne normale, mais ils disposeront de suffisamment de moyens pour entendre, comprendre, parler et se faire comprendre.

En 1977, le coût de l'appareil est élevé (45 000 F, auxquels s'ajoutent le prix de l'opération, celui de l'hospitalisation et, surtout, le paiement de 156 leçons d'éducation annuelles). Des pourparlers sont en cours pour que les instances sociales puissent rembourser aux utilisateurs les dépenses globales entraînées par cette technique nouvelle.

Le renouveau de l'électro-sommeil

L'électro-sommeil comme thérapeutique psychiatrique fait une rentrée remarquée aux Entretiens de Bichat (octobre 1976). Si le principe de la méthode, découvert par le Français Stéphane Leduc à Nancy en 1902, avait d'abord suscité de minutieux travaux, elle était tombée dans l'oubli avant d'être reprise, cinquante ans après, par des spécialistes soviétiques, qui l'utilisèrent pour traiter des malades mentaux, et enfin affinée et rendue opérationnelle par l'équipe de l'hôpital psychiatrique de Bonneval, avec le docteur Henri Faure, psychiatre.

Simplicité

En substance, le mode d'emploi est simple. Une double électrode négative est placée sur les paupières closes du patient, une autre électrode double, positive, en arrière de la tête. Le générateur émet un courant de l'ordre du milliampère, et le patient, peu à peu, s'endort. L'originalité de l'appareil, mis au point à Bonneval et au laboratoire de psychologie pathologique de la Sorbonne, consiste dans le fait qu'il est couplé à des systèmes d'enregistrement électroencéphalographique et électro-cardiologique, qui surveillent l'activité du cerveau et du cœur pendant les séances d'électro-sommeil. Le traitement complet dure plusieurs mois, à la cadence de 2 à 3 séances par semaine.

Indications

Quelles sont les indications de l'électro-sommeil ? Essentiellement diverses maladies neuropsychiatriques. Les succès les plus fréquents sont remportés dans les névroses (en particulier les compulsions obsessionnelles et phobiques), dans les psychoses (notamment dans les états aigus de type confusoonirique et aussi dans certaines formes de schizophrénie), dans les syndromes subjectifs des traumatisés crâniens, dans les désintoxications alcooliques et tabagiques.

Chez l'enfant et l'adolescent, la tolérance et la facilité d'emploi de l'électro-sommeil se sont avérées remarquables, surtout dans les états de déséquilibre émotionnel, dans les rééducations des troubles du langage et du bégaiement, du somnambulisme et de l'énurésie. Enfin, l'électro-sommeil constitue une technique de choix pour certaines affections à composantes psychogènes, l'hypertension artérielle, les ulcères gastro-intestinaux, les dermatoses, en particulier les pelades.

Le mécanisme de l'action thérapeutique de l'électro-sommeil n'est pas clairement établi. On peut supposer qu'il agit de deux façons :
– en tant que sommeil donné à la demande, il instaure un processus d'inhibition protectrice qui met l'ensemble de l'organisme au repos. Il s'agit là d'un exemple particulier d'une notion classique depuis les travaux de Pavlov, dans la ligne desquels s'inscrit l'électro-sommeil ;
– en tant que psychothérapie, l'électro-sommeil contribue à la mise en ordre ou à l'apaisement des pulsions inconscientes qui perturbent l'équilibre émotionnel.