Tandis que les Sud-Africains qui ambitionnent de créer une vaste zone de solidarité économique étendue à l'ensemble de l'Afrique australe s'efforcent de mettre au point une stratégie de la coopération qui engloberait le tiers méridional du continent, la majorité des pays membres de l'OUA estime que la politique de détente est un bluff, destiné à permettre à B. J. Vorster de gagner du temps. Ils combattent donc ouvertement le dialogue sous toutes ses formes. Parmi les États les plus agressifs à l'encontre des dirigeants de Pretoria figure notamment l'Algérie, d'autant plus combative que ses dirigeants aspirent à une sorte de leadership du tiers monde.

Dans l'ensemble, l'Afrique du Sud reste relativement isolée diplomatiquement. C'est ainsi qu'en septembre 1974 elle est exclue de la Conférence hydrologique internationale, tandis que, quelques jours plus tard, le mandat de la délégation sud-africaine à l'ONU est rejeté par la commission de vérification des pouvoirs, lors de la 29e session de l'Assemblée générale. Cependant, en novembre, contre l'opinion de la majorité des membres du Conseil de sécurité, la France, la Grande-Bretagne et les États-Unis imposent le maintien de la république d'Afrique du Sud au sein de l'Organisation des Nations unies, en exerçant en sa faveur leur droit de veto. Ce geste suscite évidemment l'hostilité à peu près générale des Africains, mais également celle d'une partie de l'opinion publique française, britannique ou américaine, qui identifie automatiquement Afrique du Sud et apartheid. Il semble pourtant que le vote des trois puissances amies n'ait pas été inconditionnel ; elles auraient exigé de leur partenaire sud-africain la promesse de réformes en Afrique du Sud et en Namibie, ainsi que la renonciation de tout soutien en faveur de la Rhodésie.

Bantoustans

Noirs, qu'il s'agisse de ceux des Bantoustans ou de ceux des communautés urbaines situées en zone blanche, métis et Indiens mettent à profit le climat général pour obtenir des responsabilités plus étendues.

Le 22 janvier 1975 s'achève à Pretoria une conférence qui a réuni autour de B. J. Vorster les Premiers ministres des huit Bantoustans : Transkei, Ciskei, Kwazulu, Bophutatswana, Gazankulu, Swazi, Qwa-Qwa et Lebowa. Il se confirme que le Transkei exige son indépendance pour 1976, et, dès le mois d'avril, le Premier, Kaizer Matanzima, obtient la constitution d'une force armée autonome. En accord avec les autorités sud-africaines, qui souhaitent d'ailleurs faire connaître l'expérience des Bantoustans, plusieurs Premiers ministres se rendent en visite officielle à l'étranger, notamment Gatshe Buthelezi (Kwazulu) et Sebe (Ciskei), qui sont reçus à Paris.

Dès novembre 1975, B. J. Vorster, ouvrant au Cap la session du Conseil représentatif des métis, offre à cette communauté de 2 300 000 personnes d'accéder à une plus étroite gestion de ses affaires. Sannie Leon, pourtant réputé pour son opposition au gouvernement, devient président du Conseil, élevé en 1975 au rang de cabinet. Cet organisme pourra soumettre des lois au Parlement, même si celles-ci n'ont pas reçu l'approbation du ministre des Affaires métisses. Simultanément, B. J. Vorster annonce que des mesures sont progressivement mises en œuvre pour éliminer les dispositions législatives « irritantes et inutiles » prises à l'encontre des métis. De même, le principe d'égalité des salaires entre Blancs et métis est admis, et ses modalités pratiques d'application mises à l'étude.

Contrairement au Conseil représentatif des métis, celui des Indiens compte encore une large majorité de membres nommés. Les autorités de Pretoria ont commencé à admettre qu'il pourrait rapidement être composé d'une majorité d'élus et être érigé en véritable cabinet. La minorité indienne semble moins revendicatrice que la minorité métisse.

Namibie

Pour le Sud-Ouest africain, que les Sud-Africains administrent comme une cinquième province de la République et que les nationalistes noirs continuent d'appeler la Namibie, l'heure de la décolonisation semble sonner.