Enfin, on ne peut pas oublier la pénible bavure, en mars 1975, lors de l'exécution de l'opération de police au Thélème, un café du Quartier latin à Paris. La brigade antigang décide d'interpeller deux bandes rivales. Après la fusillade (deux truands tués, un policier blessé), les policiers s'en prennent à deux consommateurs parfaitement étrangers à l'affaire : deux avocats algériens. L'un, Me Benachenhou est si sauvagement frappé qu'il se retrouve à l'hôpital avec la mâchoire fracturée et le crâne fendu. La méprise aurait-elle eu lieu si les deux hommes avaient été des Parisiens de Paris... ? Une autre affaire de méprise (on parlera de bavure à cette occasion) se produit un mois plus tard, toujours à Paris, rue du Château-des-Rentiers. La police a tendu un guet-apens, le 8 avril 1975, contre un gang de maîtres chanteurs. À un certain moment, une confusion se produit et les policiers en faction commencent à tirer. Ils atteignent de plein fouet le véhicule d'un jeune homme, entièrement étranger à cette affaire, Lucien Bouvier, 26 ans, représentant de commerce, qui est tué.

Autres violences : les hold-up et les pillages inspirés à leurs auteurs tout simplement par un solide appétit d'argent et peut-être aussi le désir de jouer les durs et de s'identifier aux héros d'aventures des feuilletons télévisés ou des films policiers.

Les faits les plus marquants sont sans doute le hold-up de l'avenue de la République, à Paris, le 27 février 1975 : trois femmes prises en otages sont libérées après une poursuite mouvementée ; le hold-up du boulevard Barbes, le 3 septembre 1974 : trois tués (un policier et deux bandits) et trois blessés (un policier et deux employés de la banque).

La police marque des points en arrêtant le gang des Lyonnais, à l'issue d'une enquête qui dure depuis plus de deux ans et mobilise plus de 1 000 policiers. On pense que c'est ce gang des Lyonnais qui a réalisé le plus beau hold-up français du siècle, celui de la poste de Strasbourg, le 30 juin 1971, qui a rapporté à ses auteurs, en deux minutes, onze millions de francs, et qui n'ont jamais été retrouvés.

La multiplication des actes de banditisme et, par voie de conséquence, des réactions policières (ces dernières souvent dangereuses pour le public, victime de méprises ou de balles perdues) amène une fraction de l'opinion à souhaiter un aménagement de l'organisation de la police.

Drame de la mine à Liévin : 42 morts

Au fond d'une mine, à Liévin (Pas-de-Calais), 42 hommes sont tués par un coup de grisou le 27 décembre 1974.

Il est 6 heures 15 ; une cinquantaine d'hommes travaillent dans la fosse 3 de Lens. Leur tâche consiste à aménager une taille pour permettre l'exploitation d'une veine de charbon. Comme chaque jour, avant leur arrivée, un porion a mesuré la teneur en grisou de l'air de la galerie : entre 0,1 % et 0,2 % – c'est-à-dire très loin de la concentration explosive, qui est de 7 %.

Et, pourtant, l'explosion se produit – d'une violence inouïe. Immédiatement les mineurs de la galerie supérieure se portent au secours de leurs camarades ; et bientôt les bennes vont remonter avec leur chargement de blessés.

À Liévin la nouvelle de la catastrophe s'est très vite répandue. La population accourt et se masse derrière les grilles de la mine. Elle restera là jusqu'au début de la nuit : le temps, pour plus de quarante familles, de perdre peu à peu l'espoir de voir remonter vivants ceux qu'elles attendent.

Les responsables des Houillères et les mineurs interrogés sur les causes possibles de l'accident hésitent. Selon les premiers, les services de sécurité ne peuvent être mis en cause : la ventilation était normale, les testeurs de grisou ne signalaient aucune concentration suspecte. Pour les seconds, la fatalité a bon dos ; le progrès technique et scientifique, qui devrait avant tout servir à renforcer la sécurité du travail, contribue plutôt à augmenter le rendement. Certes, depuis onze ans, le nombre des victimes de la mine ne cesse de décroître en France : 111 morts en 1960 ; 54 en 1971. Mais, dans le même temps, les effectifs ont considérablement diminué. Le rapport accidents/nombre de mineurs est resté le même : 2,1 pour un million de postes.