Dès le lendemain, 20 décembre 1974, cinq corps de Tupamaros, criblés de balles, sont retrouvés au bord d'une route à 75 kilomètres de la capitale.

Émigration

La situation du pays ne cesse de se dégrader. Les parlementaires, les partis politiques et les syndicats restent dissous (depuis le 27 juin 1973). Le 4 septembre 1974, le président Bordaberry refuse les élections demandées par une centaine de notables sous forme de lettre ouverte. En octobre, des centaines de professeurs sont destitués et arrêtés. Le 12 novembre, l'ordonnance n° 14 contre la liberté d'enseignement est approuvée par le conseil d'État, qui fait office de parlement. Bien que de tendance conservatrice, l'Église, que la répression n'épargne plus, réagit vivement. Le 26 novembre, l'hebdomadaire Marcha, dernière voix de l'opposition, est définitivement supprimé. Le 30 avril, c'est le tour de la revue catholique Vispera. La plupart des délits sont considérés comme « attentats à la sécurité de l'État ». La justice devient le champ clos des tribunaux d'exception. Des luttes internes très vives opposent différentes factions de l'armée. Ce qui fait le jeu de Bordaberry. Le 22 mai, il repousse un mémorandum des militaires lui demandant de surseoir à la destitution du président de l'Institut national des viandes. Celui-ci est accusé d'« entraves à la liberté du commerce » pour avoir pris des mesures en faveur des petits et moyens producteurs de viande.

La Commission internationale des juristes (Genève) publie, en janvier 1975, un nouveau rapport alarmant sur la répression, dénonçant la pratique courante de la torture lors des interrogatoires.

Sur le plan économique, le pays retourne à un véritable sous-développement et à une dépendance de plus en plus forte à l'égard de ses deux grands voisins, l'Argentine et, surtout, le Brésil. On ne compte plus les dévaluations du peso. L'inflation atteint des taux sans doute inégalés. La banqueroute menace.

L'émigration prend des allures d'exode. En cinq ans, plus de 12 % de la population a pris le chemin de l'exil, par peur de l'emprisonnement, de la torture ou faute de travail.

Venezuela

Caracas. 11 290 000. 12. 3,4 %.
Économie. PNB (72) 1 291. Production (72) : G 156 + A 146 + I 124. Énerg. (*72) : 2 473. C.E. (72) : 27 %.
Transports. (70) : 36 M pass./km, 13 M t/km. (71) : 601 100 + 208 200.  : 479 000 tjb. (72) : 1 077 M pass./km.
Information. (71) : 42 quotidiens ; tirage global : 998 000. (72) : *2 000 000. (72) : *980 000. (71) : fréquentation : 37 M. (72) : 474 000.
Santé. (71) : 10 202. Mté inf. (71) : 49,7.
Éducation. (70). Prim. : 1 769 680. Sec. et techn. : 506 936. Sup. (69) : 74 666.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution de 1958. Président et chef de l'exécutif : Carlos Andrés Perez, élu le 9 décembre 1973 ; succède à Rafael Caldera.

Choix économiques

Comment gérer l'abondance ? une abondance subite et fragile. C'est le problème du Venezuela, causé par l'afflux torrentiel des dollars apporté par l'or noir et le quadruplement du prix du brut.

Faut-il bloquer les prix et relever massivement les salaires ? Mesure populaire à laquelle le nouveau gouvernement de Carlos Andrès Perez succombe, dans un premier temps, avant de se reprendre. Faut-il, par souci d'économiser le pétrole, exporter le moins possible de brut ou réduire la production ? Après quelques hésitations, le maintien de la production en 1975 à un niveau sensiblement égal à celui de 1974, c'est-à-dire environ 3 millions de barils par jour, rend également difficile la réduction des exportations.

Dans quelle proportion faut-il épargner ? Quels types d'investissements choisir ? Au cours de sa première année de gouvernement, Carlos Andrès Perez et son équipe se trouvent ainsi confrontés à une multitude de questions et réduits à procéder, dans une grande mesure, par tâtonnement. Aujourd'hui troisième exportateur mondial de pétrole, ils savent, malgré la découverte de nouveaux gisements importants (de 150 à 500 millions de barils) dans le nord-est du pays, que le sommet de la courbe des recettes fiscales sera atteint en 1976 et ne pourra ensuite que décroître concrètement. Les recettes fiscales ont triplé entre 1973 et 1974. Aux 15 à 16 milliards de francs attendus sont venus s'ajouter une trentaine de milliards supplémentaires.

Trois secteurs

La politique du gouvernement se déploie dans trois dimensions. À l'intérieur du pays lui-même, trois secteurs d'investissement sont considérés comme prioritaires : l'agriculture, la sidérurgie et l'éducation. L'agriculture, malgré ses déficiences, reste la clef du développement. Mais le gouvernement, qui donne sa préférence aux investissements lourds et créateurs d'emploi, est décidé à mettre sur pied une industrie sidérurgique nationale.