Ces tensions permanentes ne facilitent pas la cohésion des militaires. Au printemps, il semble que certains officiers souhaitent revenir à une normalité constitutionnelle.

La Cour suprême de La Paz a rejeté, le 11 décembre 1974, la demande d'extradition (présentée par la France) de Klaus Barbie, le criminel de guerre nazi.

Brésil

Brasilia. 101 710 000. 12. 2,9 %.
Économie. PNB (72) 513. Production : G (70) 152 + A (72) 149 + I (70) 167. Énerg. (72) : 532. C.E. (72) : 8 %.
Transports. (*72) : 11 489 M pass./km, 18 080 M t/km. (71) : 2 786 700 + 687 200.  : 2 103 000 tjb. (72) : 2 724 M pass./km.
Information. (71) : 261 quotidiens ; tirage global : 3 498 000. (72) : *6 000 000. (72) : *6 600 000. (67) : 1 911 200 fauteuils ; fréquentation : 234,7 M. (72) : 2 190 000.
Santé. (70) : 46 051.
Éducation. (70). Prim. : 12 812 029. Sec. et techn. : 4 083 586. Sup. : 430 473.
Institutions. État fédéral. République présidentielle. Constitution du 30 octobre 1969. Président et chef de l'exécutif : général Ernesto Geisel, élu le 15 janvier 1974 ; succède au président Garrastazu Medici.

Le début du dialogue

On ne passe pas sans transition d'un régime autoritaire et exclusif à un régime démocratique de type occidental. Le Brésil en fait l'expérience cette année, sous la conduite du général Geisel. Le chef de l'État se montre à la fois soucieux de maintenir la légitimité militaire issue du coup d'État de 1964, et désireux de promouvoir une libéralisation réclamée par l'opposition et des couches de plus en plus larges de la population.

Élections

Le coup d'envoi de cette libéralisation progressive est donné par les élections législatives du 15 novembre 1974, les premières réellement libres depuis dix ans. Le Mouvement démocratique brésilien (MDB), le seul parti d'opposition toléré, fait une percée spectaculaire en obtenant au Sénat (qui devait renouveler le tiers de ses membres) 16 sièges sur les 22 à pourvoir, et, à la Chambre des députés (renouvelable dans sa totalité), 160 mandats contre 204 à l'Alliance pour la rénovation nationale (ARENA), le parti gouvernemental. Percée aussi dans les assemblées législatives des 22 États, où le MDB emporte 330 sièges sur 787.

L'ARENA conserve la majorité absolue dans les deux chambres, mais l'opposition, en disposant du tiers des mandats, peut désormais obtenir à la Chambre des députés des commissions d'enquête obligeant le gouvernement à s'expliquer dans tous les domaines.

Et, surtout, le succès qu'elle remporte constitue une sorte d'avertissement à l'équipe au pouvoir, à sa gestion (la hausse du coût de la vie a atteint 35 % en 1974 et touche désormais les classes moyennes jusqu'ici favorisées) et à la politique répressive des militaires.

Limites

Un dialogue s'instaure entre le gouvernement et l'opposition ; dès les premiers mois qui suivent les élections, un certain nombre de mesures témoignent de la volonté du chef de l'État de libéraliser le régime : la censure sur la presse est peu à peu supprimée, les relations avec l'Église se détendent, des personnalités exilées ou interdites peuvent de nouveau prendre la parole.

Les commissions d'enquête réclamées par le MDB sur les activités de la police ou encore sur les prisonniers politiques se heurtent à une obstruction systématique du parti gouvernemental.

En fait, l'opposition n'insiste pas trop, consciente qu'une offensive trop violente de sa part serait perçue comme une condamnation ou une attaque des forces armées qu'elles n'admettraient pas.

Le débat économique apparaît, en revanche, plus ouvert. Le capitalisme sauvage, qui du temps des militaires était la règle, et la dénationalisation de l'économie sont aujourd'hui contestés par le gouvernement lui-même. Il s'efforce de rationaliser le développement du pays (un nouveau plan de mise en valeur de l'Amazonie, assez différent de celui du gouvernement Medici, a été lancé) et semble partisan de ne pas laisser aux sociétés étrangères le bénéfice de ses richesses. La découverte de nouveaux gisements de pétrole, qui permettraient au pays de couvrir ses besoins en or noir dans un délai de trois ans, rend le problème d'autant plus urgent.

Chili

Santiago. 10 230 000. 13.
Économie. PNB (71) 574. Production : G (71) 143 + A (72) 107 + I (72) 111. Énerg. (*72) : 1 516. C.E. (71) : 17 %.
Transports. (71) : 2 481 M pass./km, 2 718 M t/km. (71) : 193 900 + 151 500.  : 384 000 tjb. (72) : 565 M pass./km.
Information. (71) : 122 quotidiens ; tirage global : 803 000. (72) : *1 500 000. (72) : *500 000. (71) : 245 700 fauteuils ; fréquentation : 44,6 M. (72) : 415 000.
Santé. (71) : 4 462. Mté inf. (70) : 78,8.
Éducation. (70). Prim. : 2 043 032. Sec. et techn. : 302 064. Sup. : 78 430.
Institutions. République présidentielle. Constitution de 1925. Coup d'État militaire du 11 septembre 1973, au cours duquel le président Salvador Allende trouve la mort. Une junte composée des représentants des trois armes et des carabiniers gouverne par décrets. Chef de la junte : Augusto Pinochet, qui prend le titre de président de la République et chef de l'exécutif le 17 décembre 1974. Constitution en préparation.

Pinochet règne sur une économie disloquée

Mettre fin à l'isolement du pays depuis le coup d'État militaire de septembre 1973 (Journal de l'année 1973-74) ; justifier la politique de répression pratiquée dans chaque secteur de l'activité nationale ; redonner des bases solides à une économie profondément déréglée : telles ont été les préoccupations constantes des dirigeants de Santiago au cours des douze mois écoulés. Si, à cet égard, les efforts des responsables de la junte n'ont pas été négligeables, les résultats n'ont guère été convaincants.

Répression

Le nouveau régime, qui entend se définir par ses options nationalistes et antimarxistes, poursuit sans relâche son objectif prioritaire : le retour à la paix civile, c'est-à-dire, à ses yeux, la mise hors de combat des militants de gauche passés à la clandestinité, qui ont soutenu autrefois l'Unité populaire du président Salvador Allende. La vigueur toute particulière avec laquelle est menée cette chasse aux communistes, aux socialistes et aux gauchistes, le caractère de croisade contre la subversion que revêt l'entreprise, donnent lieu à de multiples abus. Des cas de torture, d'exécutions sommaires ou d'internements arbitraires sont fréquemment dénoncés dans le monde entier par des associations telles que la Commission internationale des juristes, le Conseil œcuménique des Églises, l'Organisation des États américains, Amnesty International, l'UNESCO, l'Union interparlementaire ou le Parlement latino-américain.