Le général Andriamahazo, président sortant du directoire, devient président d'un Conseil militaire pour le développement. Un Conseil supérieur des institutions et un Conseil national populaire de développement sont également créés.

Le lendemain, l'homme fort de Tanarive forme un gouvernement de quatorze membres, dont douze civils, appelés à diriger le pays sous la responsabilité du Conseil suprême de la révolution, entièrement composé de militaires. Annonçant, en même temps qu'il rend publique la composition du gouvernement : « La seule voie de développement rapide pour l'Afrique est la voie du socialisme », Ratsiraka nationalise banques et assurances. L'armée et la nation se sont dotées d'un véritable chef et, après quatre mois d'incertitudes, le pays se stabilise. Les rebondissements n'avaient pas pourtant manqué depuis un an.

Le général Ramanantsoa avait annoncé la dissolution de son gouvernement le 25 juin 1974. Le parti socialiste (il regroupe l'ancien président Philibert Tsiranana, devenu chef de file de l'opposition, et André Resampa, ancien vice-président du gouvernement, ancien ministre de l'Intérieur, ancien adversaire de P. Tsiranana, avec lequel il s'est solennellement réconcilié) exige que le chef de l'État remette le pouvoir au Conseil des Sages.

Crise

Le général Ramanantsoa refuse. Il s'efforce vainement de constituer un nouveau cabinet. Mais l'année 1974 s'achève sur une mutinerie, ce qui constitue un paradoxe pour un régime militaire. Le colonel Brechard Rajaonarison, proche collaborateur du chef de l'État, le général Ramanantsoa, entre en rébellion ouverte contre ce dernier le 31 décembre 1974 et se retranche à l'intérieur du camp d'Antanimora. Il faudra un mois et demi avant qu'il consente à déposer les armes. Entre-temps, les événements vont se succéder à une cadence accélérée, sans que l'on parvienne toujours très bien à en percevoir le sens. Le 5 février 1975, le général Ramanantsoa renonce à toute action politique après avoir remis tous ses pouvoirs au colonel Richard Ratsimandrava.

R. Ratsimandrava, réputé plus ferme que son prédécesseur, a joué un rôle de premier plan lors de la répression de la rébellion du Sud. C'est un homme intègre auquel on prête des opinions radicales, analogues à celles du capitaine de frégate Didier Ratsiraka, ministre des Affaires étrangères considéré comme un rival éventuel dans la course à la magistrature suprême. En réalité, nul ne connaît les sentiments profonds de cet homme qui n'aura pas le temps de faire ses preuves : il meurt assassiné le 11 février, moins d'une semaine après avoir recueilli la succession du général Ramanantsoa.

Loi martiale

Aussitôt après le meurtre, dont les circonstances et surtout les mobiles restent mal connus, la loi martiale est proclamée. Le général Gilles Andriamahazo, connu pour son action modératrice lors du mai malgache de 1972 (Journal de l'année 1971-72), ministre d'État, coordinateur du gouvernement Ratsimandrava, annonce la création d'un Comité national de direction militaire de 19 officiers, placé sous sa présidence. Des membres des anciennes Forces républicaines de sécurité (FRS) étant impliqués dans l'assassinat du successeur du général Ramanantsoa, le général Andriamahazo contraint à la reddition les mutins du camp d'Antanimora où sont installées les FRS. Le siège du parti socialiste malgache, situé en plein coeur de la haute ville de Tananarive, est assiégé et investi. André Resampa est arrêté.

D'un général à l'autre, la république malgache ne retrouve ni la paix civile ni la stabilité économique. Les nouveaux dirigeants sont contestés, tandis qu'au sein même de la junte rivalités de personnes, antagonismes ethniques et luttes de classes se donnent libre cours.

L'hypothèse Rajaonarison a été levée par l'arrestation de celui-ci, qui réclamait énergiquement la création d'un Comité national de salut public. En revanche, le fait d'appréhender les principaux chefs du parti socialiste malgache n'a pas mis fin aux contestations des militaires qui, au nom de la légalité, s'opposent à l'évolution inconstitutionnelle de la deuxième république malgache et exigent, avec obstination, de nouvelles élections.

Procès

L'ouverture, le 21 mars 1975, à Tananarive, du procès du siècle ajoute à la confusion. Débats, auditions de témoins à charge et à décharge, plaidoiries se prolongent interminablement sans apporter d'éléments nouveaux sur les circonstances de la mort du colonel Richard Ratsimandrava. En mai, alors que les magistrats n'ont pas encore rendu leur verdict, le gouvernement amnistie 300 des accusés, et le général Philibert Ramarolahy, chef d'état-major de l'armée, démissionne de son poste de juge du tribunal chargé de décider du sort des accusés (au cours de l'instruction, ils n'ont fourni aucun élément susceptible de faire avancer l'enquête).