La difficile situation des communautés juives dans les points chauds classiques (URSS, Moyen-Orient) ne s'est guère améliorée. La guerre du Kippour a rendu plus complexe encore la question des Juifs soviétiques. Elle a éclaté au demeurant quelques jours à peine après que l'Autriche eut décidé la fermeture du camp de Schoenau, plaque tournante de l'émigration des Juifs russes vers Israël. Cette émigration se poursuit cependant à un rythme régulier. En URSS, les arrestations de personnalités juives et les grèves de la faim se poursuivent également.

Antisémitisme

La puissance d'une certaine forme d'antisémitisme en URSS se manifeste spectaculairement, en France, lors d'un procès intenté à Paris par la Lica (Ligue internationale contre l'antisémitisme) contre un bulletin France-URSS. Le bulletin avait reproduit dans ses colonnes un document antisémite fabriqué par la police tsariste, repris et diffusé par les services de documentation de l'ambassade soviétique.

Le directeur de la publication a été condamné, par la 17e chambre correctionnelle de Paris, à 1 500 F d'amende pour « provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciales ».

L'assassinat de Juifs d'Irak et celui de Juives de Syrie ont suscité dans les communautés juives de nombreuses manifestations de protestation. Protestation également lors de la venue à Paris du colonel Kadhafi, qui avait exigé la démission du journaliste juif italien Arrigo Levi.

Les implications antijuives de l'hostilité à Israël de certains régimes sont apparues aussi lors de la visite en Arabie Saoudite du ministre des Affaires étrangères de l'époque Michel Jobert.

Les autorités saoudiennes ont exigé la présentation d'un certificat de baptême pour accorder des visas aux journalistes, suscitant les protestations d'un certain nombre de journaux et une interpellation au Parlement.

L'évolution de la situation politique dans plusieurs pays de l'Amérique du Sud affecte également la sécurité des communautés juives. En Argentine, des mouvements antisémites s'affirmèrent très ouvertement avec vigueur. Au Chili, de nombreux Juifs s'exilent bien que la junte militaire se soit efforcée de les rassurer, notamment en envoyant une délégation pour la représenter aux offices du Yom Kippour.

Enfin, en Afrique, où la situation d'Israël se détériore à la suite de la guerre du Kippour, on enregistre avec quelque surprise les déclarations fracassantes du chef de l'État ougandais, le général Amin, déplorant que Hitler n'ait pas exterminé davantage de Juifs.

La plus importante communauté juive du continent africain, celle de l'Afrique du Sud, est secouée par le problème de l'apartheid ; la jeunesse conteste violemment la neutralité des organismes représentatifs de la communauté et exige des prises de position très fermes contre l'apartheid. La polémique se poursuit.

Critères

En Israël, les problèmes des rapports de la religion et de l'État prennent une tournure dramatique après la guerre du Kippour. À plusieurs reprises, ils menacent la stabilité gouvernementale et bloquent même quelque temps la constitution du nouveau gouvernement de Golda Meir. Le Parti national religieux (dont les suffrages sont indispensables au Parti travailliste pour garder la majorité à la Knesseth) reste attaché à la définition classique de l'identité juive selon les critères de la loi religieuse, alors qu'un certain courant se dessine en Israël pour la remettre en question. Devant la gravité de la situation politique, le grand rabbin de France intervient auprès des dirigeants du Parti national religieux pour leur demander de ne pas faire de la question religieuse une pierre d'achoppement pour sa participation au nouveau gouvernement. Cet avis fut suivi, après un débat houleux au sein du comité directeur du parti.

Nul doute, cependant, que la question se repose bientôt, et avec des conséquences incalculables.

En France, les événements les plus marquants auront été la création d'une nouvelle synagogue, un centre communautaire à Fontenay-aux-Roses, la mise en service d'un monumental centre communautaire pour étudiants au Quartier latin, et quelques changements dans la direction des grandes organisations juives ; Jean Rosenthal succède au professeur Addy Steg à la tête du Conseil représentatif des institutions juives de France, et le professeur Amar préside dorénavant aux destinées de l'Appel unifié juif de France.

Culture

Enfin, une nouvelle section française de l'Union séfardite juive a été constituée, qui entend promouvoir la culture et les traditions des Juifs du Bassin méditerranéen, dont le rôle est croissant tant en France qu'en Israël, où ils constituent déjà la majorité de la population juive.