La vie religieuse

Catholique

Efforts du Vatican pour l'unité dans l'Église

Le pape Paul VI inaugure, le 10 décembre 1973, dans la basilique Saint-Jean de Latran, l'Année sainte du diocèse de Rome. De la même manière, l'Année sainte, proclamée pour 1975, est anticipée dès la fin de 1973 dans tous les diocèses du monde afin que tous les fidèles puissent participer à sa préparation et en recueillir les fruits.

Unité

Quels son les fruits que Paul VI en attend ? En dehors du domaine proprement spirituel, il souhaite surtout, semble-t-il, saisir cette occasion pour raffermir l'unité de l'Église. Il a placé cette Année sainte sous le signe de la réconciliation et il explique le 28 novembre 1973 : « Il est un point qui intéresse d'une façon particulière notre esprit pastoral et apostolique, c'est la réconciliation dans l'Église. »

Cette préoccupation, souvent exprimée dans les discours et les documents pontificaux, se traduit dans les faits par une reprise en mains.

D'une part, le Vatican rappelle à l'ordre ceux qui, à son avis, s'aventurent trop avant. D'autre part, il poursuit (malgré les critiques des traditionalistes) les réformes prévues par le Concile et réaffirme sa volonté d'aller à cet égard jusqu'au bout ; parmi les objectifs de l'Année sainte, Paul VI a précisé dès le 20 juin 1973 qu'il fallait notamment « empêcher que les salutaires enseignements du Concile passent aux archives ».

La préoccupation dominante provoque, en septembre 1973, une sévère mise en garde adressée aux jésuites, qui préparent pour décembre 1974 leur 32e congrégation générale : « Le Concile, écrit Paul VI au P. Arrupe, général des Jésuites, n'a pas voulu que le renouveau se réalise au prix de l'abandon des valeurs primordiales de la vie religieuse. »

La Congrégation pour la doctrine de la foi (ex-Saint-Office), visant particulièrement, semble-t-il, l'Allemand Hans Kung, qui s'interrogeait sur l'infaillibilité pontificale, met en garde les théologiens, le 24 juin 1973, contre « les erreurs d'aujourd'hui ». En novembre, ce sont les séminaires qui sont admonestés : « On devra à tout prix, dit le pape, dissiper le climat de conformité au monde, de relâchement. »

Cependant, la Congrégation de la foi annonce que, sous certaines conditions, les obsèques religieuses ne seront plus interdites aux divorcés remariés. Et, le 7 février, la Congrégation pour le culte divin, poursuivant l'application des réformes conciliaires, publie un nouveau rituel de la pénitence : le sacrement de la réconciliation (la confession) sera de plus en plus souvent pratiqué collectivement (c'est-à-dire que les fidèles feront pénitence ensemble, l'aveu des fautes restant individuel), et même, dans certains cas, l'absolution sera collective.

Mais à mesure que l'année avance, la Curie romaine se préoccupe surtout de la préparation du synode épiscopal convoqué pour le 27 septembre 1974 et consacré, sous le thème de l'Évangélisation du monde d'aujourd'hui, aux problèmes de l'athéisme.

Pologne

L'activité diplomatique du Vatican demeure dominée, elle, par les difficiles relations avec les pays de l'Est et par les problèmes du Proche-Orient.

En juillet, Mgr Agostino Casaroli, secrétaire du Conseil pour les affaires publiques de l'Église, parfois appelé le Kissinger de Paul VI, participe à la Conférence d'Helsinki sur la sécurité européenne, devant laquelle il exprime, le 6, les préoccupations du Saint-Siège : établissement entre les pays européens d'une procédure permettant de sauvegarder la paix sans recours à la menace ou à l'emploi de la force ; « reconnaissance de l'égalité de droits de tous les peuples, et de leur droit à disposer d'eux-mêmes ».

Il rencontre à cette occasion Stefan Olszowski, ministre des Affaires étrangères de Pologne, qui, à son tour, se rend au Vatican le 12 novembre, où il est reçu en audience privée par le pape. Les contacts se multiplient. Tout indique qu'une des clés des rapports entre l'Église et le monde communiste est détenue par la Pologne, pays où la très grande majorité de la population demeure catholique et dont les diocèses font preuve d'une grande vitalité (les séminaires, par exemple, y sont pleins à craquer : on y compte 4 174 élèves en 1973, chiffre sensiblement supérieur à celui des années précédentes).