Le grand public s'est senti frustré du spectacle escompté, mais les astronomes, par contre, ont pu déceler dans la comète la présence d'hydrogène, du radical oxhydrile OH et d'une des molécules carbonées complexes qui, dans l'Univers, ont pu être à l'origine de la vie. Ils s'apprêtent déjà à recevoir leurs prochaines visiteuses : une comète passera à portée d'observation au cours de la période 1976-77, une autre en 1979, et dans les années suivantes l'humanité reverra la comète de Halley.

Les mystères du Soleil

Tous les modèles théoriques élaborés pour expliquer l'origine de l'énergie rayonnée par le Soleil impliquent que les réactions thermonucléaires qui s'y déroulent doivent émettre dans l'espace un flux important de neutrinos. Pour détecter ces particules insaisissables – sur dix millions de neutrinos solaires traversant la Terre, deux neutrinos seulement seraient arrêtés –, le physicien américain R. Davis a placé au fond d'une mine d'or du Dakota du Sud (afin d'éliminer le brouillage par d'autres particules) un détecteur de neutrinos.

Or, le résultat annoncé est pratiquement négatif. Le nombre d'impacts de neutrinos est tellement faible qu'on n'est même pas sûr qu'il se soit trouvé parmi eux un seul neutrino solaire !

Les astrophysiciens se trouvent donc dans l'obligation de reconsidérer leurs modèles du Soleil. D'après certains, les réactions thermonucléaires à l'intérieur de notre étoile ne seraient pas ce qu'on pensait. D'après d'autres, au-dessous de la surface solaire qui tourne lentement, la masse de l'astre serait animée d'une rotation beaucoup plus rapide ; la force gravitationnelle serait équilibrée par la force centrifuge, et il n'y aurait plus besoin d'imaginer une température aussi élevée à l'intérieur du Soleil pour maintenir sa masse en équilibre.

Selon l'hypothèse la plus dramatique, la chaudière thermonucléaire du Soleil serait éteinte. Comme l'énergie engendrée dans les parties centrales met un million d'années à atteindre la surface solaire, nous continuons encore à en recevoir, mais les neutrinos (dont l'émission est instantanée) sont épuisés. L'avenir du système solaire serait alors un refroidissement progressif...

Controverses à propos du « redshift »

Un recensement des objets astronomiques à décalage vers le rouge (redshift) anormal a été présenté en août 1973 par l'astronome américain Halton Arp, au symposium de Canberra, sur La formation et la dynamique des galaxies. De nouvelles observations sont venues s'ajouter à cette masse impressionnante de faits. On ne peut plus les considérer comme exceptionnels, de sorte que de nombreux astrophysiciens entrent à leur tour dans un débat dont l'intérêt est considérable tant pour la cosmologie que pour la physique.

Anomalies

On qualifie d'anormaux les décalages de raies spectrales qui ne peuvent être expliqués ni par la loi de Hubble (fuite des galaxies avec une vitesse proportionnelle à leur éloignement, d'où décalage croissant vers le rouge par effet Doppler) ni par aucun effet physique connu (comme l'effet Einstein de décalage spectral dans un champ gravitationnel).

Particulièrement spectaculaires sont les différences de redshifts observées entre des objets qui nous apparaissent situés à la même distance : galaxies reliés par des ponts de matière, quasars associés à des galaxies (Journal de l'année 1972-73).

Les plus récentes observations concernent un quasar dont le redshift, mesuré par Burbidge, devrait correspondre (si on l'interprète par l'effet Doppler) à une vitesse de dilatation proche de la vitesse de la lumière ; et, dans notre propre Galaxie, des systèmes d'étoiles doubles dont les composantes n'ont pas le même redshift (communication de Kuhi, Pecker et Vigier).

Enfin, l'analyse, récemment effectuée, des variations dans la fréquence des émissions radio reçues de l'engin spatial Pionnier 6, lors de son passage derrière le Soleil en décembre 1968, a montré que les ondes hertziennes, en passant à proximité du Soleil, ont subi un décalage spectral supérieur à celui qui résulterait du seul effet Einstein.

Paradoxes

L'existence des redshifts anormaux n'est plus contestée, et cette appellation ne leur est conservée que pour marquer l'absence d'une explication théorique. Tandis qu'en France Pecker et Vigier soutiennent avec force leur explication du redshift par une interaction photon-photon (qui pourrait s'étendre aux redshifts normaux et remettre en cause l'expansion de l'Univers), la plupart des astrophysiciens se refusent à une révision aussi déchirante, qui conduirait à attribuer au photon une masse au repos. Certains supposent que les redshifts anormaux n'ont pas tous la même cause. Parmi les hypothèses avancées, on peut citer :
– une extrapolation de la relativité généralisée, faisant intervenir des décalages temporels pour de longues distances-lumière, d'où des différences dans la fréquence du rayonnement ;
– une variation de la masse de l'électron au cours du temps ; les galaxies les plus éloignées, que nous voyons donc telles qu'elles étaient dans leur jeunesse, auraient des électrons un peu plus lourds, d'où un abaissement de la fréquence des photons.