Des fenêtres, dont certaines transparentes à l'infrarouge, avaient été ménagées dans le toit de Concorde pour permettre aux télescopes de viser le Soleil ; ont été étudiées tout d'abord la température et les conditions physiques qui règnent dans la chromosphère.

La zone frontière entre la chromosphère et la couronne a été l'objet d'observations spectrométriques, ainsi que la couronne elle-même, où le département de recherches spatiales de l'Université de Paris s'est efforcé particulièrement de déceler la présence de silicates.

L'analyse du rayonnement thermique de la couronne devait servir à déterminer la distribution spatiale des poussières enveloppant le Soleil ; celle de la lumière blanche (qui est diffusée par les électrons libres), de mieux connaître les mouvements de la matière dans ce milieu et la durée de vie de certaines structures liées à l'évolution du champ magnétique.

Enfin, une expérience portait sur l'émission infrarouge de l'oxygène moléculaire de la stratosphère terrestre lorsqu'il cesse brusquement d'être irradié par le Soleil. Tous les équipements ont parfaitement fonctionné.

Obstacles

La plupart des expériences au sol visaient les mêmes objectifs. La comparaison de plusieurs photographies d'une même phase de l'éclipse, prises en des lieux et donc à des instants différents, apporte des informations sur l'évolution d'une structure coronale.

L'équipe française installée à Atar, en Mauritanie, a été gênée par l'apparition inattendue de nuages dans le ciel, en même temps que par un vent de sable. Cependant elle a pu effectuer une bonne partie des opérations prévues. Les conditions ont été meilleures pour les diverses équipes établies au Tchad et au Kenya. Dans le même temps, plusieurs observatoires terrestres permanents de la zone tropicale étudiaient les perturbations provoquées dans l'ionosphère par l'occultation brusque du rayonnement solaire.

Malheureusement, l'exploitation des données recueillies a été rendue difficile par la survenue, trois jours avant l'éclipse, d'un orage magnétique, pourtant improbable en cette période de Soleil calme.

Énigmes

Beaucoup de problèmes restent à résoudre pour connaître les effets des variations du champ magnétique et du rayonnement solaire sur la haute atmosphère terrestre, où ils conditionnent en grande partie les fluctuations climatiques.

La zone la plus diffuse de la couronne s'étend jusqu'à la Terre ; les mouvements des particules matérielles et les échanges d'énergie dont elle est le siège ont un rôle certain, mais mal défini, dans l'évolution météorologique.

Sur le Soleil lui-même, la structure fine de la surface n'est pas bien connue. Comme le dit l'astrophysicien américain Pasachoff, certaines recherches sur le Soleil « sont intimement liées aux questions les plus fondamentales de l'astronomie, de la cosmologie et de la relativité ». Les données recueillies lors de l'éclipse du 30 juin 1973 s'ajoutent à celles des observatoires de montagne et des satellites astronomiques pour aider à percer les énigmes que nous pose encore notre étoile.

Kohoutek, ou un spectacle manqué

Découverte le 7 mars 1973 à l'observatoire de Hambourg par l'astronome dont, selon l'usage, elle reçut le nom, la comète de Kohoutek est restée jusqu'en janvier 1974 une des vedettes de l'actualité scientifique.

Une vedette qui, à l'instar de beaucoup d'autres, a déçu ceux qui brûlaient de devenir ses admirateurs. Annoncée comme devant être cinquante fois plus brillante que la fameuse comète de Halley à son dernier passage près de la Terre en 1910, la comète de Kohoutek ne s'est jamais montrée, lors de ses maxima de visibilité, en décembre et janvier, qu'avec l'éclat d'une étoile assez modeste et une queue dont la longueur n'a pas dépassé le cinquième du diamètre apparent de la Lune. Peu de gens, en France, ont eu la chance de la distinguer à l'œil nu à travers les brumes de l'horizon.

Les astronomes, qui avaient incité les journalistes à célébrer par avance la « comète du siècle », ne sont pas sans excuse. Une comète ne représente qu'une masse de matière assez négligeable. Sa brillance dépend des changements physiques qui s'y produisent quand elle se rapproche du Soleil. Ils sont difficiles à prévoir, car on connaît mal la composition du noyau des comètes, comme celle des gaz et des poussières qui l'accompagnent ; et ces éléments varient d'une comète à l'autre.

Projets

Pour l'astrophysique, les comètes sont des objets de haut intérêt, tant par les processus moléculaires qui s'y déroulent dans les conditions physiques de l'espace, et en l'absence de champ gravitationnel important, que par le problème non résolu de leur origine, lié à celui de l'origine et de l'évolution de tout le système solaire. L'idéal serait d'envoyer une sonde à la rencontre d'une comète, pour y puiser sur place des informations, voire rapporter des échantillons. Projet réalisable mais coûteux : en attendant, la NASA s'est contentée d'expédier dans la haute atmosphère une fusée d'observation et de consacrer à Kohoutek quelques heures du programme de travail du Skylab.