Certaines séries étrangères sont toujours appréciées (Daktari, Chapeau melon et bottes de cuir) ; Vidocq et Arsène Lupin perdent de leur charme au fil des épisodes ; La duchesse d'Avila est enfin diffusée et déçoit ; Molière pour rire et pour pleurer révèle un aspect méconnu du talent de Jean-Pierre Darras ; La légende des Strauss déchaîne les foudres de la critique, tandis que La légende des Flamands est un bel exemple de création nouvelle et que La demoiselle d'Avignon connaît les honneurs d'une rediffusion tapageuse.

La qualité des films présentés se maintient tant bien que mal ; leur nombre grandit chaque année. Avec eux la télévision devient un simple appareil de diffusion, abandonnant sa fonction de création. Le public, apparemment, ne s'en plaint pas, et ce sont souvent les films qui enregistrent les plus fortes audiences. Des émissions à succès comme Les dossiers de l'écran – le film est quelquefois d'un niveau très inférieur au débat –, Grand Écran, Au cinéma ce soir voient d'ailleurs leur audience varier selon la nature du film autour duquel elles sont construites.

Les amateurs de sports, sevrés de football pendant des mois, peuvent suivre 24 rencontres en trois semaines, lors de la Coupe du monde.

Les jeunes de quinze à vingt ans semblent se détourner de plus en plus de la télévision au profit des programmes radiophoniques et, notamment, de ceux des stations périphériques.

Les journaux télévisés, dont l'audience était de 46 % pour la chaîne 1 et de 8 à 9 % pour la chaîne 2 et qui avaient connu une chute notable après la réforme avortée d'avril 1973, retrouvent sensiblement leur public habituel. En novembre 1973, la chaîne 1 est suivie par environ 32 % des téléspectateurs et la chaîne 2 par 20 %.

Cohérence

La troisième chaîne, elle, présente un ensemble de programmes cohérent, malgré la double servitude de la décentralisation technique et de la durée standardisée à vingt-six et cinquante-deux minutes (pour les reventes à l'étranger). Les régions arrosées étant de plus en plus nombreuses (60 % du territoire le 1er juillet 1974), l'audience augmente lentement mais sûrement. TV 3 a diffusé en 1973 mille quatre cents heures de programmes, produits en majeure partie par les stations régionales. Un an après son inauguration (31 décembre 1972), elle a réussi à se créer une image de marque et une bonne réputation. Elle a su, en quelques mois, conquérir un public (qui apprécie sa personnalité, son ton neuf) et accueillir des talents nouveaux. Sans vulgarité, sans didactisme, ses programmes ont donné un sens à une formule vide jusque-là : la régionalisation. Seule à présenter une émission quotidienne pour les tout-petits (Roulotte, Clignotant, La courte échelle), la troisième chaîne a aussi diffusé des feuilletons de qualité (L'hiver du gentilhomme, avec Henri Virlojeux, La ligne de démarcation, d'après le colonel Rémy), deux honorables productions britanniques (À la recherche du Nil et La grande aventure de James Onedin) et une très bonne réalisation polonaise, Copernic. Des séries historiques de qualité, certaines sont classiques par le montage de documents d'époque (C'était hier), d autres originales (Destins du siècle, Dossiers noirs). Une mention est à décerner aux Grandes batailles du passé, d'Henri de Turenne et Daniel Costelle, dont le numéro consacré à Poitiers est très remarqué. On voit aussi, sur la « 3 », des documentaires originaux (Du côté de chez les Maeght, Toutes les villes sont mortelles, La France vue du ciel) et des variétés différentes (Libre parcours, Libre échange). Côté dramatiques, la critique note souvent des recherches intéressantes d'une approche nouvelle. Les films, peu nombreux, sont bien sélectionnés parmi les créations récentes. La troisième chaîne voit sans doute ses qualités mises en relief par les défauts de ses aînées, mais elle fait indiscutablement preuve d'un esprit nouveau.

Finalement, durant l'année, l'horizon est demeuré bouché dans toutes les directions. Il faudra de profonds changements pour que l'audience des chaînes nationales retrouve et conserve sa place quand viendront les temps de la télévision par câble, les émissions en vidéocassettes et les programmes étrangers retransmis par satellites. Des temps qui ne sont pas si lointains, affirment certains.

Ciné-Club

Le Ciné-Club fête, après deux ans d'existence, sa 100e émission en septembre 1973. L'audience moyenne varie de 6 à 12 % (1 800 000 à 3 600 000 téléspectateurs).

La Bretagne privée de télévision

L'émetteur de Roc-Trédudon (au sud de Morlaix) est détruit par un attentat, commis le 14 février 1974 par le Front de libération de la Bretagne. La mise en place d'un réémetteur provisoire permet un rétablissement rapide et progressif des émissions. La remise en état définitive du pylône de Roc-Trédudon, qui coûtera de 8 à 10 millions de francs, devrait être terminée au cours du premier trimestre 1975.

Radio

Un public de plus en plus vaste

La radio continue à se bien porter. Périphériques ou chaînes d'État, les stations ont leurs supporters et leurs fidèles ; leur nombre semble croître régulièrement.