La grande saison de printemps est marquée par la venue du Ballet Cullberg, qui présente plusieurs chorégraphies de son animatrice Birgit Cullberg, notamment : Roméo et Juliette, Adam et Ève et Mademoiselle Julie, et la reprise du célèbre ballet de Kurt Jooss La table verte. On retrouve avec plaisir la présence d'un danseur de très grande classe, Niklas Ek.

Le Théâtre de la Ville invite aussi la Batscheva Dance Company, qui s'est déjà produite à Paris au début de la saison dans le cadre du Festival international et s'est vue décerner trois grands prix sur les cinq attribués.

Une science du mouvement

La troupe israélienne, soucieuse de rendre hommage à son ancienne directrice artistique Martha Graham, présente trois ballets de l'illustre chorégraphe : Errand into the maze, Cave of the heart et Diversion of angels. C'est un réel plaisir de voir ce groupe de danseurs remplir l'espace scénique avec autant de conviction et de présence, et de découvrir leur science du mouvement.

La saison s'achève avec la participation du Ballet-Théâtre contemporain, qui présente un spectacle d'opéras-ballets en hommage à Diaghilev-Stravinski.

L'année chorégraphique est particulièrement riche en spectacles. Sans interruption, tout au long de l'année, de nombreuses compagnies étrangères participent au rayonnement de la danse. Des ballets inédits sont présentés en France. À la scène on découvre enfin l'œuvre de Martha Graham et de José Limon, et, à la télévision, une remarquable émission consacrée à Balanchine et aux artistes du New York City Ballet. Cette émission montre que le petit écran peut et doit être aussi mis utilement au service de la danse.

Le jeune danseur français Michaël Denard s'affirme comme l'une des personnalités les plus en vue de sa génération. En 1965, il entre à l'Opéra de Paris. Prix Nijinsky en 1971, il est nommé la même année danseur étoile. Dès l'automne 1970, Michaël Denard triomphe à Paris sur la scène du Palais des Sports, où il est le brillant interprète de L'oiseau de feu réglé par Béjart. Il est engagé par l'American Ballet Theatre et participe à la grande saison de ballet au State Theatre Lincoln Center de New York en juillet 1971.

Début 1972, la version reconstituée de La sylphide permet à des milliers de téléspectateurs de découvrir en Michaël Denard un merveilleux danseur romantique.

Plus que des débuts prometteurs, c'est une prestigieuse carrière internationale qui semble réservée à ce danseur déjà consacré.

Chansons

Le répertoire retrouve la politique

L'événement qui aura marqué le domaine de la chanson durant cette année a été très certainement la mort de Maurice Chevalier. Avec lui disparaît le dernier témoin de la glorieuse époque où le caf'conc' se transforme en music-hall.

Contesté par beaucoup dans son pays, Maurice Chevalier avait acquis la gloire internationale, devenant dans de nombreux pays le symbole de la chanson française.

Après la vague du yé-yé, qui avait bien failli engloutir la chanson, un phénomène important s'est produit : l'extraordinaire réussite du tour de chant de Charles Trenet à l'Olympia en juin 1971.

Vedette incontestée

Si les contemporains de Trenet sont venus, guidés par leurs souvenirs, une grande majorité de jeunes a fait un triomphe au fou chantant des années 30, démontrant par là la pérennité de la bonne chanson.

À 59 ans, Charles Trenet redevient la vedette incontestée de la chanson. La mer, traduite dans toutes les langues, tient toujours le numéro un du Hit-Parade international.

Les chansons, lancées au récital de juin 1971, sont devenues populaires au cours de cette saison : Fidèle, Implorante Laplante, dans lesquelles il égrène ses souvenirs, L'abbé à l'harmonium (tout d'abord intitulé : L'abbé pédale). Mais Trenet est un auteur fécond, et sont encore venus s'ajouter de nouveaux succès : une tendre et poétique Michèle, joue moi de l'électrophone, qui transporte l'auditoire dans une joyeuse atmosphère de kermesse, et surtout Prenez le temps de chanter, où il invite les Français (que l'on dit atteints de morosité) à mettre en pratique le carpe diem.