Aux noms de Jörge Donn, qui incarne ce clown de Dieu, et à celui de Suzanne Farrell, la femme, il convient d'ajouter ceux d'Angèle Albrecht, de Catherine Verneuil, de Micha Van Hoecke, de Daniel Lommel, de P. Bortoluzzi, de Jörg Lanner et celui de Victor Ullate.

Une note de fraîcheur

Cette année, l'unique initiative prise par l'Opéra se limite à inviter la célèbre artiste cubaine Alicia Alonso pour régler à Paris sa propre version de Giselle.

La chorégraphie remaniée d'Alicia Alonso pour le ballet le plus populaire du répertoire classique français apporte une note de fraîcheur à l'action, sans toutefois nuire à son intensité dramatique.

Au cours d'une série de représentations, on assiste à une étonnante démonstration de style romantique des plus perfectionnés avec la participation d'artistes consacrés. On applaudit notamment Noella Pontois, Rudolf Noureev et Wilfride Piolet, impressionnante reine des Willis. Le corps de ballet de l'Opéra participe à ces soirées exceptionnellement brillantes, et Paris découvre aussi une émouvante interprète de Giselle : Josefina Mandez.

Les soirées les plus appréciées ont été offertes par le Ballet de l'Opéra royal de Stockholm, qui a la chance d'inscrire à son répertoire un remarquable ballet de Jérôme Robbins : Les noces, et une œuvre primordiale et caractéristique du style de José Limon : There is a time.

Un langage gestuel

Le Ballet de l'Opéra royal de Stockholm ouvre le 9e Festival international de danse avec, au programme, un ballet de Glen Tetley : Embrace tiger and return to mountain, quintette pour cordes, musique de Brahms, du chorégraphe Dennis Nahat, et l'exceptionnelle œuvre de Robbins Les noces, ballet redonné à l'Opéra de Paris six mois après par la même troupe. La chorégraphie de Jérôme Robbins respecte fidèlement chaque élément des rites nuptiaux des coutumes villageoises de l'ancienne Russie qui ont inspiré la partition de Stravinski. Comme toujours, Robbins trouve un langage gestuel spécifique, confondu avec une mise en scène appropriée au sujet traité.

Lorsque le Ballet de Stockholm revient à Paris en mars, il présente There is a time de José Limon ; créé en 1942, il faut attendre trente ans pour le voir affiché à Paris. Ce ballet est un chef-d'œuvre de la modern dance. Sur une partition de Norman dello Joio, José Limon invente des gestes d'une extrême beauté et d'une grande rigueur pour créer dans un style très personnel et adéquat un merveilleux ensemble de participants aux éternels jeux de l'existence. There is a time est une extraordinaire leçon de chorégraphie.

Des expériences

L'amateur de danse moderne peut apprécier les travaux de l'Américaine Viola Farber, une ancienne danseuse de la troupe de Cunningham qui participe au Festival international de danse au cours de soirées données au Théâtre de la cité universitaire. Il peut aussi assister aux expériences de Twyla Tharp, une autre Américaine, incapable de convaincre les plus avant-gardistes.

Pour la première fois en France, la Compagnie américaine de Murray Louis, l'ancien assistant et disciple d'Alwin Nikolais, se produit au Théâtre de l'Est parisien. Murray Louis présente trois de ses récents travaux : Calligraph for martyr, Continium et Hoopla. Passionnant chercheur, Murray Louis est essentiellement préoccupé par les images engendrées par les mouvements du corps humain.

Cette année encore le Théâtre de la Ville honore la danse en invitant différentes compagnies françaises et étrangères. Le Ballet du Théâtre de Genève présente un spectacle consacré aux œuvres de Balanchine, avec la participation de la célèbre ballerine française Violette Verdy, qui fait une prestigieuse carrière aux États-Unis.

Le Théâtre du Silence donne sa première saison parisienne ; on applaudit Michaël Denard et sa partenaire Ghislaine Thesmar pour leur interprétation du pas de deux Webern opus V, réglé par Béjart qui a généreusement accepté de parrainer cette jeune troupe d'où émerge un de ses animateurs, Jacques Garnier, avec son ballet Ils disent participer.