Sur le plan français, on doit au moins citer un certain nombre de ces réalisations pratiques : non seulement la TOB (Traduction œcuménique de la Bible) progresse, mais des périodiques-encyclopédies tels que Aujourd'hui, la Bible sont le fruit d'un travail intégralement fait en commun. La Bibliothèque œcuménique et scientifique d'étude biblique (BOSEB) inaugurée en janvier, le Centre d'information et de diffusion sur le développement (CIDD) inauguré en octobre, le journal pour enfants Fripounet lancé en octobre, le Cahier comparatif sur le développement diffusé en novembre, et surtout le couplage, avec cahier commun, des Services de presse et d'information catholique et protestant (ASIC) lancé en février 1971 sont des actes qui se passent de commentaires, tant il est clair que sur les plans nationaux et mondiaux, l'oikouméné est en train de dépasser la théorie pour affronter enfin le courage d'être.

Le groupe mixte Église catholique-Conseil œcuménique des Églises (ER-COE)

Créé sur proposition du Comité central du COE tenu en 1965 à Enugu (Nigeria) et accepté par le Vatican peu après, il fonctionne depuis lors sur toutes les questions en litige entre Rome et les Églises non romaines.

La Commission Foi et Constitution

Un des trois organismes constitutifs de l'actuel COE. Fondée vers 1923, c'est, depuis 1968, une commission théologique totalement interconfessionnelle. Forte de plus de 100 membres, l'Église catholique romaine y est largement représentée. Elle tient une conférence mondiale tous les quatre ans ; la prochaine : Louvain, août 1971.

Orthodoxes

La lente et difficile préparation du concile

Au cours de l'année 1970-71 les sièges patriarcaux de Moscou — deuxième en dignité, après Constantinople —, d'Antioche (grecs-orthodoxes), d'Éthiopie, de Bulgarie et d'Alexandrie (coptes) se sont trouvés vacants. Les trois premiers ont été pourvus de nouveaux titulaires. Les deux autres vont l'être. Dans l'orthodoxie, chaque Église nationale ou rituelle est autonome, ou plutôt, selon la terminologie orthodoxe, autocéphale. Son chef, qui porte généralement le titre de patriarche, peut y jouer un grand rôle, surtout lorsqu'il a une forte personnalité. C'est dire l'importance de ces renouvellements.

Les diverses Églises poursuivent la préparation du futur concile panorthodoxe que veut convoquer le patriarche œcuménique de Constantinople, Athenagoras Ier. Cette préparation est animée par le secrétariat mis en place à Chambésy, en Suisse. Elle n'a pas donné lieu cette année à des actes ou à des déclarations spectaculaires. Mais les graves dissensions apparues en 1970 entre certaines Églises orthodoxes ne peuvent que retarder ces efforts visant à une meilleure coordination œcuménique.

La décision prise le 18 mai 1970 par le patriarcat de Moscou d'accorder l'autonomie à la métropolie orthodoxe russe aux États-Unis a suscité, en effet, une vive tension entre l'Église russe, d'une part, le patriarcat œcuménique de Constantinople et plusieurs autres Églises, d'autre part.

Ces dernières soutiennent que, selon la tradition orthodoxe, une Église ne peut être déclarée autocéphale qu'avec l'accord de toutes les autres Églises appartenant à l'orthodoxie. Or, en dépit des pourparlers qui ont eu lieu à partir de 1963, cet accord n'a pu se réaliser. En outre, en prenant le titre d'Église orthodoxe en Amérique, l'Église d'origine russe reconnue autonome par Moscou semble s'identifier à toute l'orthodoxie aux États-Unis, alors qu'il y a dans ce pays des minorités orthodoxes dépendant de Constantinople, des Églises de Grèce, de Roumanie, etc.

En janvier 1971, l'Église orthodoxe en Amérique demande au comité central du Conseil œcuménique des Églises réuni à Addis-Abeba de l'enregistrer sous le nouveau nom qu'elle s'est donné. Les délégués des Églises de Constantinople, d'Alexandrie, de Chypre et de Grèce, collectivement, et ceux des Églises d'Antioche et de Roumanie, séparément, réclament que l'on s'abstienne d'accepter jusqu'à ce que cette question ait été examinée dans son ensemble par la famille orthodoxe elle-même. Le secrétaire général du COE — pour qui le changement de nom d'une Église est « une simple formalité administrative » — ayant semblé ne pas avoir pris cette requête en considération, les Églises qui l'avaient formulée boycottent les dernières séances de la session du comité central. Cet incident provoque une vive consternation parmi les délégués non orthodoxes, qui saisissent mal l'enjeu de ces polémiques. On n'a pas enregistré de progrès dans le règlement de ce différend depuis lors.

Russie

L'ancien métropolite Pimen de Kroutitsy et Kolomna a été élu patriarche de Moscou par le concile local de l'Église orthodoxe russe réuni du 30 mai au 2 juin 1971 à l'abbaye de la Trinité-Saint-Serge, à 80 km de Moscou. Né en 1910, le nouveau patriarche est devenu moine en 1927. C'est donc un homme qui, contrairement à son prédécesseur, a vécu toute sa vie religieuse sous le régime communiste. Après avoir été prieur du monastère de la Trinité-Saint-Serge à Zagorsk, il devint évêque d'Odessa en 1955, métropolite de Leningrad en 1961, puis métropolite de Kroutitsy et Kolomna en 1963. À ce poste, il était déjà le deuxième personnage de son Église et fut de ce fait chargé d'assurer l'intérim après la mort du patriarche Alexis, le 17 avril 1970 (Journal de l'année 1969-70).