Un nouveau biréacteur à géométrie variable, le G-8, plus léger et moins coûteux que le G-4, est étudié à la demande des services officiels, afin d'améliorer les chances à l'exportation de ce type d'avions.

Chez les motoristes, la SNECMA, devant la baisse des commandes militaires et le retard apporté à lancer la fabrication en série des moteurs de Concorde, a dû réduire ses effectifs en 1969, mais les commandes de moteurs Atar destinés aux Mirage III exportés lui ont permis, au début de 1970, de retrouver un plan de charge correct. Un nouveau moteur, destiné aux avions volant à mach 2,5/mach 3 a commencé ses essais : le M-53, de 8,5 t de poussée. L'activité de Turbomeca a été satisfaisante, en particulier dans le domaine des exportations.

Les engins

Dans le domaine des engins, la mise au point des missiles sol-air de défense rapprochée Roland (Aérospatiale) et Crotale (Thomson/Matra) s'est poursuivie de façon satisfaisante. Les premières commandes (Grèce) de missiles mer-mer Exocet (Aérospatiale) ont été enregistrées.

Le montant des commandes à l'exportation a baissé : 1,99 milliard de francs en 1969, contre 2,82 milliards en 1968 (année exceptionnelle), tout en restant à un niveau très satisfaisant. La part des commandes civiles est passée, par contre, de 26 à 43 %, et les livraisons ont atteint le niveau record de 2,25 milliards de francs (2,07 milliards de francs en 1968).

Le Comité de l'industrie aéronautique spatiale du VIe plan a déposé son rapport fin 1969. Il prévoit une diminution des commandes militaires nationales, la nécessité de réaliser des matériels conçus pour l'exportation, et recommande une orientation vers le secteur civil, ce qui se traduirait par des investissements supplémentaires de 2 milliards de francs (HT) pour la durée du VIe plan, et la création d'un turboréacteur à usage civil de 10 t de poussée environ, pour lequel il existe actuellement sur le plan mondial un créneau intéressant.

Enfin, dans le domaine de la coopération franco-allemande, les études ont été poursuivies pour réaliser un appareil d'entraînement biréacteur, pour lequel deux projets étaient en concurrence : l'Alpha Jet, proposé par Dassault-Breguet et Dornier, l'Eurotrainer, proposé par l'Aérospatiale et le groupe allemand MBB. L'appareil choisi utilisera le nouveau moteur Larzac développé conjointement par la SNECMA et Turbomeca.

Construction navale

Les carnets de commandes sont pleins

Jamais les chantiers français de construction navale n'ont eu de carnets de commandes aussi bien remplis : 200 navires, totalisant 4,4 millions de tonneaux, au 1er janvier 1970, soit 7,3 % du tonnage mondial en commande.

Prix fermes ou révisables

Pourtant, les constructeurs sont loin d'être satisfaits de leur situation financière. Les contrats qu'ils passent sont à prix fermes, pour des livraisons lointaines, allant jusqu'à 1974 ; or les coûts des salaires et ceux des matières premières augmentent rapidement, tandis que le prix de l'argent atteint des sommets. Résultat : les marges bénéficiaires, déjà jugées trop faibles par la profession, ont tendance à s'amenuiser davantage.

Le fait n'est pas propre à la France. L'ensemble des constructeurs européens rencontre les mêmes difficultés et souhaite abandonner le système du contrat à prix ferme pour revenir aux formules de révisions de prix, qui se pratiquaient naguère. Mais souvent, en matière de construction navale, la décision appartient finalement aux Japonais ; s'ils le désirent aussi, les prix révisables se généraliseront rapidement. En attendant, la plupart des constructeurs relèvent leurs prix pour s'assurer contre les hausses possibles de coûts.

En dehors de ce problème financier, la conjoncture demeure excellente partout dans le monde. La demande est presque plus forte que l'offre, et les armateurs ne trouvent plus guère de possibilités de livraisons avant 1973. En France, le chiffre de 4,4 millions de tonneaux en commande au 1er janvier 1970 est à rapprocher des statistiques antérieures : 4,2 millions de tonneaux en janvier 1969, 2,3 millions en janvier 1968. Les lancements ont représenté 782 000 tonneaux en 1969, contre 503 000 en 1968 ; pour 1970, on attend une nouvelle augmentation. Les exportations demeurent aux alentours de 40 % du carnet de commandes.

Boom sur les méthaniers

Les constructeurs français ont également enregistré avec satisfaction une augmentation des commandes de navires spécialisés, de prix élevés et donc intéressants à construire ; il se produit notamment un boom sur les navires méthaniers, depuis 1969. La France s'est taillé dans ce domaine une certaine réputation ; on y construit actuellement 12 bâtiments de ce genre — c'est le plus beau carnet de méthaniers du monde — auxquels on peut ajouter 5 navires butaniers. Les commandes de gros pétroliers restent très importantes.